Parler-moi de moi et vous : parlez-vous de vous !

Publié par micheltlse le 22.08.2008
1 975 lectures

Parler de moi ? Je me lance donc, avec ce premier essai et  la chanson de Barbara dans la tête, évidemment, sans oublier tout ce que je n'écris pas encore ! 

J'ai donc 51ans, gay 100% (pardon maya), séropoconscient depuis 1986 (test forcé que je ne regrette vraiment plus), sauvé in extremis par les antiprotéases, sous multithérapie plus baraclude pour une hépatite B chronique traitée comme une cirrhose.

J'ai refusé psychologiquement le Fuzéon et suis suivi au SMIT à Toulouse avec une qualité de soins incomparable par raport à la Salpé (une de ces pistes que ma mémoire balisera un jour).

Toulousain, j'ai passé 2 ans au Mexique où Javier m'a initié à la sexualité comme je l'attendais sans doute depuis déjà 25 ans, puis j'ai passé plus de 15 ans à Paris avant de revenir au Pays. Ma charge est indétectable depuis très peu de temps seulement, mais je souffre surtout d'effets secondaires aux gencives sans doute à cause du Kaletra, plus condylomes. A part la fatigue chronique très invalidante, l'hépatite B pour l'instant me laisse tranquille.

Je vis avec une pension d'invalidité et le soutien d'amis et de mes parents que j'aime et que j'admire. Depuis un peu plus de 2 ans, j'ai trouvé l'amour de ma vie au moment oùje n'attendais plus vraiment rien, mon si joli sud-américain (retour aux sources...) qui se bat juqu'en octobre pour exercer comme docteur en France. En cas d'échec à son prochain concours, je ne sais ce que deviendra son statut d'étudiant, et notre avenir. Nous nous sommes pacsés l'an dernier et, à vrai dire, je n'ai jamais été autant heureux dans ma vie qu'aujourd'hui, ce qui doit sans doute beaucoup m'aider dans l'observance.

J'essaie de faire avancer certaines choses comme je peux, notamment en matière de précarité et donc, comme on me l'a fait très justement remarqué, de pauvreté. Mais le tissu associatif avec son culte de l'autocélébration et de l'autosatisfaction ne m'a pour l'instant guère convaincu. Difficile aussi, parfois, de concilier le devoir de mémoire et mon histoire perso avec la nouvelle page qui s'ouvre en ce moment dans les stratégies de lutte contre le VIH. C'est sans doute pour cela que je n'ai jamais réussi à faire la démarche du volontariat chez Aides. En revanche en tant qu'usager, je souhaiterai qu'une réflexion s'engage pour un statut de bénévole qui offirait une autre possibilité de travailler ensemble. J'y reviendrai aussi, très certainement !

Seronet n'est sans doute pas essentiel à mon bonheur, mais cela répond en partie à cette attente avec, de plus, la liberté de parole qui est indispensable à la liberté de mon esprit, certes non infaillible, mais réfractaire à la docilité et au positivisme aveugle que j'ai obsevé lors de mon engagement dans un collectif à Toulouse.

Je verrai si je peux être ici utile et si les réglements de compte trop nombreux que j'y observe ne finissent pas par me gaver, aussi. J'attends bien sûr de la sincérité, de l'échange, de la contradiction, des témoignages, de l'information mais ni de billets fabriqués par des animateurs, ni de pugilat, parfois compréhensible à l'oral mais certainement pas à l'écrit...

Et vous ?

Commentaires

Portrait de BESA

Même si j'aime les deux, Barbara n'est pas Juliette Gréco.

Faisais- tu allusion à "Déshabillez-Moi" de Nyel et Verlor, chanté par la muse de St. Germain de Prés? 

Portrait de micheltlse

Merci besa : bien sûr que c'est Juliette (Gréco...) : yeux noirs et aigle noir, ma confusion est impardonnable !

Portrait de maya

Tres difficile de s'engager dans le militantisme  quand on est entier...et tout aussi difficile de ne rien faire. J'ai ce souci. Merci d'aborder Michel ce sujets difficiles mais que nous sommes sans doute pas mal à vivre. Comme toi je suis de la vieille charrette

85 .

comme toi aussi :

‘Difficile aussi, parfois, de concilier le devoir de mémoire et mon histoire perso avec la nouvelle page qui s'ouvre en ce moment dans les stratégies de lutte contre le VIH.’

 Ce qu’on me dit en matière médicale je l’ai depuis longtemps mis entre parenthèses et sous réserve, a confirmer.

85 : on me donne 2 ans à vivre

86 : ne remarchera pas

88 : no bb

2008 : toujours en vie et sans traitements nécessaires

je marche

bref j’ai maintenant des résistances installées à ‘croire’.

Je trouve que bcp de choses sont prématurées en termes de diagnostic  et de déclarations définitives (valables pour les effets secondaires sur le long long terme, sur ces études suisses ou la population gay n’a pas fait partie du panel etudié, bien sur j’ai envie de croire , mais voila  quelqu’ un disait avoir l’esprit ouvert ce n’est pas l’avoir béant à tout….

Je préfère le sage recul aux engouements et choses peu avérées.

Les assoces dans lesquelles je me suis rendue ont été des expériences que pour certaines je qualifierais de décevantes.

Je ne crois pas être qqun qui a besoin d’écoute, si je vais vers les assoces c pour militer, agir pas dans un souci d’écoute. J’ai tenu un forum pour séropos pdt 5 ans, j ai du mal à écouter avec neutralité, je réponds avec mes tripes  et ce n’est pas souhaitable quand les personnes ont juste besoin d’être entendues. Or chez aides c’est ce que j’ai ressenti, une approche de contact, dialogue mais c’est tout. Mais je suis peu venue donc c’est un avis tout à fait’ non fini’. J’aime bien Act up ou le cote militant est primordial, et je ne partage pas l’avis des gens qui disent qu’ils préconisent le tout capote , c’est faux ils ont juste émis des réserves sur le fait que ces déclarations suisses portaient sur des études 100% Hétéro et que c’était pas insuffisant pour dire ça à la communauté gay avant études ciblées effectives. Je n’ai pas lu autre chose dans leurs communiques.

D’ailleurs je ne vois pas mention dans les études de la sodomie, car les hétéros pratiquent aussi..

Une autre assoce m’a profondément déçu par son sectarisme.

Car vois tu Michel j’aime bien les gays lol enfin je veux dire je m’en fous de ce critère la, c pas important à mes yeux comment tu baises, ce qui compte c’est la vie et la richesse qui t’animent, tes valeurs, ce que tu défends.

J’ai longtemps zappé mes virus, pendant plus de 10 ans je ne m’intéressais à rien du sida, ni autour de.black out.

Etre survivant de tout un cercle confère un sentiment de culpabilité pesant que j’ai mis du temps à évacuer mais cette pensée systematique est présente pour toujours je crois.

Aussi je suis par exemple vite en colère quand je lis que des gens refusent de se traiter ou ne sont pas observants, parce que l’homme que j’aimais, tous mes potes voulaient vivre et qu’ils auraient pris ces putains de cachets…

Je ne sais pas réagir sans tenir compte de ca, c’est un pb. ..

Je partage ta liste d’attentes seronetiennes, ce site a tout pour être une riche mine d’échanges, il serait génial d’avoir des suisses (on a déjà Michèle remarque ;-), des belges , des québécois pour avoir leurs visions et élargir les nôtres.

Et que les femmes s’expriment plus sur leurs problématiques (parce que bon les proctologues euh … ;-)),bref plus de diversité, mais ca viendra ? y compris diversités sociales mais c’est difficile sachant que comme tu le soulignes l’accès à internet c du fric et que certains ne sont pas équipés. Cette possibilité d’offrir des points de connexion dans les Aides serait une super initiative, c’est en projet ou non ?

Bcp DE possibilités et de perspectives donc…

bizous

Portrait de micheltlse

Chère mayounette. Les connexions à Seronet sont effectivement à l'étude dans plusieurs délégations. A Paris, cela serait déjà décidé. Quand je parlais des stratégies nouvelles dans la lutte contre le VIH, je faisais référence à la RDC. J'espère que cela marchera, mais j'avoue que m^me si je la pratique, en ce moment en donnant le dernier mot à mon ami seroneg, je suis bien plus consterné par le prosélytisme que par les décisions personnelles. L'information sur les risques est en effet très rare. Le mythe du séroneg actif qui pratique la sodo et qui ne prendrait que des risques minimes est un mythe. Une étude montre en effet qu'il y a plus de virus dans les matières fécales que dans le sperme (source un membre du TRT et rapport sur la représentation des pratiques à risques faite à Toulouse à partir de flyers difusés pr Aides il y a quelques années).

J'aime bien être à l'écoute, mais c'est effectivement parce que l'action n'a pas été réussie ou confisquée que mon expérience passée à Aides m'a pas mal déçue. Act Up : jene suis pas d'accord avec tout ce qu'ils disent. Je garde en travers de la gorge leur campagne anti Jospin au 1er tour des Présidentielles : 6 mois après, ils défilaient dans la rue avec des pancartes Sarkozy-Kaposi ! Non, çà je n'oublie pas. Mais pour le reste, oui pour çà, m^me à 3, ils savent agir : reste à savoir si c'est eficace... Leur position face à la capote semble un peu évoluer, sauf erreur. C'est bien le tout kapote qui leur a inspirer leur discours anti- RDC. L'atitude hautaine de Aides avec leur satifaction de piquer les subventions publique à toutes les autres assoces n'arange rien. Apparemment, ces genslà commenceraient à se parler : tant mieux ! Le consensus n'est pas un but en soi mais lesinjiores interasociatives sur loa place publique non plus. C'est pain béni pour l'homophobie. J'ai connu çà à Toulouse. L'ancienne municipalité n'a pu que sauter sur un 1er refus d'Act Up du site d'une maison des l'homosexualités que le projet a été enterré ! Quant à savoir comment être utile ? Que faire dans une association (et laquelle choisir ?) gérer l'effet-miroir et la vulnérabilité que tant d'années ont construit en soi-même, malgré l'assurance des mots et des vraies fausses ou fausses vraies certitudes ? Les posibilités sont multiples, Séronet ouvre une voix nouvelle : je chemine, j'observe, je t'écoute (et réciproquement), l'avenir est toujours dans le dos de ceux qui se retournent... mais le passé est partout, faut faire avec, avec ou sans canapé !

Portrait de micheltlse

RDR et non RDC... mdr, mdc...

Parlez-NOUS de vous , et non parlez-vous de vous.

Mon ailleurs bourgeonnerait-il ?