Pas de vacances pour la précarité

Publié par micheltlse le 17.08.2008
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Pourquoi donc ai-je inauguré mon blog en plein mois d’août en vous bassinant avec la précarité ?  Le thème ferait un score moins bon que le bareback, me fait-on remarquer sans aucune méchanceté et comme par solidarité. Pas d’inquiétude : je vous bassinerai encore avec çà, même si je changerai quand même parfois le disque… Hugo qui vient d’ouvrir le sien (de blog !) tout juste après moi nous envoie de magnifiques photos de Thaïlande : c’est vrai que çà fait plus vacance ce qui, par ailleurs, n’est pas une mauvaise idée pour savoir ce qui se passe derrière les décors de Phuket : merci donc à Hugo et bienvenu à lui ! Quant à mes billets sans aucune valeur fiduciaire, ils ont quand même suscité quelques réactions en assez peu de jours et puis la qualité, c’est quand mieux que la quantité, pour la baise itou… (avis perso, évidemment, car pour ceux qui préférent l'abattage et les gang bang, il n'y a pas d'incompatibilté majeure entre combien et comment... )

D’autre part, nous sommes en plein mois d’août et je suppose que plusieurs fidèles de Seronet sont sur les plages, en montagne, à la campagne ou en cure thermale, voire en retraite spirituelle ou soignent encore leurs coups de soleil mexicains...  A ce sujet, j’ai été heureux d’apercevoir quelques photos très couleur locale de la conférence de Mexico mais bien peu de commentaires à ce sujet. Allez, qui a dit que les congrès internationaux, c’était des vacances et des baisodromes subventionnés ? On en reparle donc à la rentrée car, évidemment, pour les plus démunis, il n’y a jamais de vacances. Peut-être les Universités de Aides …  dont le budget, je l’espère, est au moins égal à celui de la participation de Aides à la conférence de Mexico. Je divague...

Je reviens donc en arrière avec mes "fameux" Etats Généraux des Gays Séropos 2007. En leur genre, leur compte-rendu estival distribué sur les plages n'était pas mal non plus ! Synthèse des ateliers avec encart pour les Séropotes (rien contre nos juniors, bien sûr) mais pratiquement rien sur la question de la précarité pourtant omniprésente pendant les débats (ce qui ne manqua d’ailleurs pas d’irriter Xavier Bertrand alors ministre de la santé dont on connaît le parcours depuis, mais dont le compte-rendu du dialogue musclé avec la salle paru dans les Actes des EGGS est un condensé édulcoré qui devrait faire honte à ceux qui l’ont écrit et publié).

J’en reviens à la synthèse diffusée alors sur les plages. Forcément, ceux qui se dorent les fesses à l’Espiguette et ailleurs sont plutôt jeunes et en bonne santé, tandis que les plus pauvres et les plus maigres restent le plus souvent chez eux et ne fréquentent évidemment que les piscines des cabinets de kinésy. Pourquoi donc emmerder les pédés sur les plages avec l’AAH, feue la COTOREP et autres emmerdements du genre. « Faudrait pas leur gâcher leur vacances » : c’est en résumé ce que les concepteurs de cette brochure forcément ludique m’ont répondu.  

Un après, une nouvelle présidence bénéfique à Aides, me dit Maya ? Je veux bien la croire, ce qui me permettra par la même occasion de me calmer sur les critiques...

Allez, je laisse mon chéri réviser tout seul son exam pour passer quelques jours à Nîmes chez une amie dans la merde. Bisous à tout le monde et promis, j'essaierai de lacher un peu les baskets à votr...

Commentaires

Portrait de micheltlse

à "votre" vieille tante Aides...
Portrait de Zauberberg

Cher Michel,

Tu m'interrogeais ailleurs sur mes "arrière-plans" qui ne sont pas "associatifs" ainsi que je l'ai affirmé.

En effet, ils sont éthiques au sens de Spinoza et non de Aides et donc politiques, non pas au sens d'une appartenance à un parti politique mais à celui d'une gestion équilibrée de la cité.

Je te saurais d'ailleurs gré de ne plus parler de précarité mais de pauvreté. En effet, la précarité est une notion subjective et aléatoire. La pauvreté rend compte de l'incapacité d'un individu à vivre et de sa seule possibilité de survivre. Marthe Robert s'est longuement attaché à étudier cet art de l'euphémisation qui avait cours chez les nazis et qui s'est emparé de nos sociétés politiquement correctes. Un sourd est devenu un malentendant. Une femme de ménage, une technicienne de surface. Une caissière, une hôtesse de caisse.

Un malade du sida ou un handicapé sont aujourd'hui souvent des pauvres.  En France, en 2005, pour une personne seule, le seuil de pauvreté relatif est de 681 euros. Et quand on est pauvre, on doit choisir : ou se loger, ou se nourrir, ou se vêtir, ou manger, ou se soigner. C'est cela même la pauvreté : quand on est obligé de choisir entre la satisfaction d'un besoin essentiel ou celle d'un autre.

Portrait de micheltlse

Bonjour et merci beaucoup pour tes précisions, mon cher philosophe !

Je partage entièrement ton analyse sur le sens à donner au mot politique (polis, cité) et ce n’est certes pas aux partis politiques que je pensais pour porter la parole que j’espère. Faut-il pour autant s’en remette aux philosophes et disqualifier les associations ? Aides joue sur les mots en parlant de militance et non de militantisme.

Est-ce suffisant ou trop édulcoré ?

Transition « habile » pour rebondir sur ta seconde analyse autour des notions de précarité et de pauvreté. Analyse que je comprends et que je partage aussi. Comme le mot arabe et celui de coiffeuses (!) le mot pauvre a donc pris une connotation péjorative, politiquement incorrecte. Lors d’un diner entre gays, n’ai-je pas entendu que les « pauvres » ne faisaient jamais rien pour les pauvres et que seuls les riches pouvaient aider les aider (authentique : c’est le seuil diner où à ce jour, j’ai claqué la porte ). Pour autant, je ne suis pas encore convaincu qu’il faille éliminer complètement la notion de précarité. Précarité, me semble-t-il, inclut une notion (effectivement subjective) d’incertitude : la peur du lendemain et donc cette impossibilité de se projeter dans l’avenir que connaissent si bien beaucoup d’entre nous pour l’avoir vécu au moins une fois. Pauvreté induit cette peur mais l’exprime-t-elle aussi ?

J’espère surtout que d’autres bloggeurs nous rejoindront sur cet échange car c’est bien du contenu et de la formulation de la parole « politique » dont il s’agit ici.

Je pars quelques jours : à bientôt donc, cher philosophe…

Portrait de bear

Et que dire de la notion de salarié pauvre... puisque pour de nombreux salariés le fait de travailler ne leur permettent pas de réaliser leur projet de vie (se loger, fonder une famille, consommé, acceder a la propriété)... c'est pour cela que ce qui nous parle du modele britanique et de son merveilleu taux de chomage ça me fait doucement rigoler...

Portrait de micheltlse

Tu as raison de relativiser les autres modèles en matière d'aides sociales. Tu évoques ici la Grande-Bretagne mais ailleurs le niveau de l'équivalent de l'AAH au Canada et en Australie, si je me souviens bien. A ta connaissance, cette allocation supérieure à ce qui existe en France y est-elle payée par le public ou le privé ?

Et le chomage ainsi que le % des personnes en situation de pauvreté y sont-ils inférieurs ou supérieurs par arpport à la France ?

Portrait de maya

Je ressens moi un distingo entre les 2 mots que je vais avoir du mal à expliquer

je ne me considere pas comme pauvre (meme si avec le smic ca se discute) mais il ne faudrait surtout pas qu'arrive une 'couille dans le potage', à la moindre galere ce sera la cata assurée.

Une situation precaire m'evoque plus la 'possibilité' de relelle pauvreté qui me pend au nez, etre à la merci de ma santé.

LA pauvreté c'est plus relatif ;

QUAND à parler vacances meme pas la peine d'y penser et ce depuis 10 ans.

et les mots ont parfois un sens bien precis pour l'exemple de zauberberg

je suis justement malentendante

j'entends mal, je suis appareillée MAIS j'entends !

 je ne suis pas sourde, ce qui supposerait qu'aucun son n'arrive à mes oreilles...

ces deux mots ont donc une bonne raison d'exister...

VOICI LA DEF que j'ai trouvé et qui precise que l'n conduit à l'autre :

« La précarité est l'absence d'une ou plusieurs des sécurités permettant aux personnes et aux familles d'assumer leurs responsabilités élémentaires et de jouir de leurs droits fondamentaux. L'insécurité qui en résulte peut être plus ou moins étendue et avoir des conséquences plus ou moins graves et définitives.

Elle conduit le plus souvent à la grande pauvreté quand elle affecte plusieurs domaines de l'existence qu'elle tend à se prolonger dans le temps et devient persistante, qu'elle compromet gravement les chances de reconquérir ses droits et de ré-assumer ses responsabilités par soi-même dans un avenir prévisible. »[1]


 

Portrait de micheltlse

Mayounette, je reviens de quelques jours de Nimes. Pas encore de demande et donc d'accueil prévu pour les plus "démunis", pauvres ou précaires... mais un accueil tout sourire de Florian que je salue ici qui m'a expliqué qu'un accès Internet avec possibilité d'initiation technique était possible sur rdv (çà dout exister presque partout) et la proposition d'utiliser un poste pour me brancher sur Séronet. Je l'ai pas fait mais remercie encore Florian. Pour le reste, il y a entendre et entendre... Et tu entends bien plus que ce que tu entends (!) En revanche, zaubeeberg n'a pas tort non plus : on utilise trop souvent le mot malentendant pour les sourds qui ont perdu toute possibilité d'entendre, sinon découte (!) car de nombreux bien-entendants n'écoutent absolument ren ! En revanche, je partage la définition que tu as trouvée du mot précarité et j'admets ausi que parmi les vih, ily a des situations de pauvreté qu'il ne sert plus à trien de qualifie de précaire.

J'écris cela au moment où la CRAM vient de se contredire à mon égard : je touche en effet une pension d'invalidité avec des ressources plafonnées. Il m'arrive malgré mon handicap d'écrire un peu. J'ai donc déclaré des droits d'auteur à la CRAM qui me les a déduit de ma pension. Avec mon PACS, on m'a d'abord dit que le plafond serait augmenté. Aujourd'hui, j'ai appris le contraire : tous les droits d'auteur que je pourrais gagner seront donc bien reversés à la CRAM. On plafonne mais en revanche, pas de plancher ! Raison de plus pour se battre tous contre les franchises et récupérer au moins 100 euros par an : des députés de droite envisagerait de remettre en question une de deux franchises pour les ALD. A suivre

Portrait de PAMELOS

moi je suis' pauvre du pouvoir d'hachat ,

de santé précaire

,anesthesier socialement

,orpheline familiallement

mais avec une richesse de coeur

millionnaire dans l'ame

oui entre pauvreté et précarité il a tout un monde

730e pour deux par exemple!

Portrait de micheltlse

Je suis entièrement d'accord avec ce que tu ressens, sauf qu'à te lire, ton anesthésie n'est que très locale : continue donc à te battre riche de tout ce qu'ont pas ceux qui "possèdent" tant! mais il me semble que pour zauberberg, pauvreté et précarité sont deux mots différents qui en fait veulent dire la même chose, d'où notre débat...
Portrait de jako44

jako44

Pas très rassurant....mais tellement vrai, le lien entre précarité et insécurité....