Pas que les cow-boys qui s'embrasse ....dans nos montagnes aussi !

Publié par jl06 le 21.10.2020
718 lectures

Ce livre dément nous immerge dans l’univers du rodéo queer  Originaire du Colorado, le photographe américain Luke Gilford s'impose un retour aux sources et ouvre les portes d'un monde dont on n'aurait jamais soupçonné l'existence. Bienvenue dans le rodéo queer, où les cow-boys peuvent être des drag-queens.

Des cow-boys qui s'embrassent tendrement devant un coucher de soleil ? Oui, ça existe – et Luke Gilford le prouve avec sa dernière série photographique en date. Intitulée National Anthem, elle expose la culture méconnue du rodéo queer, aux antipodes de la perception hétéronormée de ce milieu-là. "Le monde du rodéo mainstream est évidemment très homophobe et conservateur, assure l'artiste dans les lignes du Guardian. Il y a tellement de machisme et de racisme". Autrement dit, le rodéo dans son habit le plus classique n'est pas très friendly envers la communauté LGBTQ+. Mais une alternative existe donc.

Un road trip bienfaiteur

Pour ce projet photo inédit, Luke Gilford est inspiré d'une rencontre en 2016. En se rendant à une Marche des Fiertés en Californie, il tombe sur un stand qu'il ne s'attendait pas à voir un jour : celui de la Gay Rodeo Association. "Je n'avais aucune idée que ça existait, soutient-il. Je ne pensais vraiment pas que c'était réel". Puis, intrigué, le photographe se renseigne. Natif de Denver dans l'État du Colorado, où le rodéo fait partie intégrante de la culture locale, il compare cette découverte à un retour à ses racines : "C'était un moyen très personnel de renouer avec un côté de moi-même que j'avais réprimé".

Après cette rencontre inattendue, l'artiste puise dans ses économies pour voyager jusqu'au sud-ouest des États-Unis, louant une camionnette pour passer de ville en ville. Dans ses clichés intimistes, il parvient à encapsuler la dimension lumineuse et inclusive du rodéo queer. Devant l'objectif, ses sujets peuvent être blancs ou noirs, seuls ou accompagnés. "D'habitude, quand on entend parler de la queerness en milieu rural, c'est sous un jour négatif, explique-t-il. […] On pense à l'histoire de Matthew Shepard. Dans la pop culture, on n'a pas vraiment d'exemples de gens queers qui mènent des vies authentiques".

Renouveler l'image le cow-boy

Au total, il existe 15 branches de la IGRA (International Gay Rodeo Association) aux États-Unis. Luke Gilford s'est alors immiscé dans leur quotidien pendant quelque temps, à coups de portraits léchés et autres photos prises sur le vif. Au bout du compte, ses tirages dépoussièrent la figure du cow-boy, trop souvent sexualisée. "Les cow-boys gays ont longtemps été fétichisés dans la pornographie comme dans l'art mais ça, c'était complètement authentique, précise-t-il. C'est une vraie communauté. Ce sont de vrais amoureux".

Et si Luke Gilford a appelé sa série National Anthem ("hymne national" en français), ce n'est pas anodin. "On nous apprend à l'école à réciter l'hymne national chaque matin, détaille le photographe. Il y a cette aura de promesse. Mais quand on vieillit, on réalise que cette promesse est presque un mythe. Ce que je trouve vraiment beau et si inspirant avec la communauté du rodéo queer, c'est qu'elle ravive cette aura de promesse. Elle réunit deux extrémités du spectre culturel américain : les gens qui vivent dans les terres, mais qui s'avèrent aussi être queers". On est à deux doigts d'investir dans un chapeau de cow-boy.

  Crédits photos : Luke Gilford