A peine voit-on le jour

Publié par Nadicar le 19.02.2012
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A peine voit-on le jour

Qu'à le quitter il faut se résigner.

La vie s'en vient, la vie s'en va,

Etonnant court-métrage

Au regard de l'éternité.

A peine un titre est-il posé,

Un plan ou deux impressionnés,

Qu'apparaît le mot FIN surdimensionné.

 

L'un, éploré de joie, bénit

L'enfantement qui le fait père.

Etreint par le chagrin, l'autre

S'épanche au cimetière,

Tout près du cercueil

Qu'on scelle et qui le scelle

En son statut d'orphelin tardif.

Le mort était vieux,

Son fils avait des petits-fils.

 

C'était hier qu'il a grandi-

Il s'en souvient-

En bras trop longs,

En pantalons trop courts,

En craintes démesurées,

En espoirs d'espérance,

En promesses souvent déçues,

Et déjà en corrosives illusions perdues.

Le mort était fringant ;

Il avait alors fière allure.

C'était hier...

 

Et juste avant,

C'était avant-hier

Qu'il a crié, 

Qu'il a hurlé sa détresse

D'asphyxié grelottant

A l'expulsion primitive.

Mise sur orbite

Qui les rendit fous de joie,

Le mort tout jeune homme alors

Et son amante belle comme sa joie.

 

C'était tout juste après

L'étreinte flamboyante

Du mort vivant et de son amante

Qui, le projetant,

Microscopique, incertain,

L'accrocha au ventre de sa mère

Pour ses débuts dans le cycle de la vie

Amère, douce, encore amère.

 

Et puis c'est tout à l'heure

Que je t'ai rencontrée.

On s'est aimé.

Mais est-ce qu'on s'est aimé?

A-t-on su, n'a-t-on pas su?

Peut-être s'est-on trompé...

Ou alors chacun

Oubliant l'autre en ses besoins

S'est-il aimé de son côté

Er pour lui seul.

Dis, crois-tu que je t'aimais?

C'est tout à l'heure...

La page est déjà tournée.

Qu'étais-je en sa littérature?

Quel passage inutile?

Quel mot? Quelle rature?

C'est tout à l'heure...

 

Demain est forcément ailleurs,

Sous d'autres cieux,

En un temps différent,

Aux caresses de nouvelles mains,

En l'amour d'un coeur à venir.

 

Mais après-demain

Est certain.

Dernier flash-back.

Clair de Lune.

Musique de circonstance.

Violons alanguis.

Panoramique arrière.

Chemin champêtre.

Fondu au noir.

FIN.

 

A peine voit-on le jour qu'il faut déjà se résigner.

 

 

Commentaires

Portrait de into the wild

un tres beau texte pour finir une belle soirée

j'etais en ce meme moment nostalgique de 1988 

bizbye

Clin d'oeil 

Portrait de coffeetea

C'est très bien écrit, bravo Nadicar.
Portrait de Nadicar

je suis touché par votre passage et vos remarques Coffeetea et Into The Wild.

J'ai écouté M 3D Into The Wild...

Nostalgie, quand tu nous tiens!

Amicalement à vous deux.