Pour qui AIME .... Barbara

Publié par jl06 le 22.03.2020
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Barbara, sans fard ni artifice, sur Arte

Le documentaire de Cyril Leuthy, uniquement composé d’images d’archives et d’animations, éclaire la personnalité de la mystérieuse artiste.

Par  Publié aujourd’hui à 12h00

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Image d’archives de Barbara.

 

Image d’archives de Barbara. ARTE

ARTE - DIMANCHE 22 MARS À 18 H 40 - DOCUMENTAIRE

Il n’est rien qui n’éveille le moindre sentiment de nostalgie à voir et écouter Barbara. Ses chansons, ses mots, sa gestuelle de danseuse apprêtée, son visage de tragédien­ne, ses mimiques de petite fille n’ont pas d’âge. Parce qu’ils ont ­façonné une esthétique et une émotion, au même titre qu’un tableau ou une photographie. C’est ce qui frappe dans le documentaire de Cyril Leuthy, qui dessine un portrait de l’artiste à la manière d’une esquisse, en associant des extraits d’interviews, de reportages d’époque, de chansons entre lesquels s’intercalent les animations de ­Sébastien Laudenbach.

 

Sans ajouter d’autres commentaires que ceux délivrés par les ­archives, le réalisateur trace ses propres traits jusqu’à ce que se précise le modèle qu’il s’est choisi. Ce modèle échappe aux sens qu’on pense pouvoir lui donner. « Elle est insolite, inquiétante, vénéneuse », affirme une disquaire interrogée dans les années 1960. Mais aussi espiègle et malicieuse dans les coulisses. Séductrice et enfantine. Longue dame au corps, aux jambes, aux bras fins et interminables, à la Toulouse-Lautrec. Et gamine dégingandée, sur la scène du cabaret parisien L’Ecluse, où, en 1959, a été réalisé son premier enregistrement public.

« Ma vie, je la radote à mon piano »

Barbara n’a rien à raconter. C’est elle qui l’avoue : « Je n’ai absolument rien à dire que le peu de ­choses que je dis en scène. » GöttingenGare de LyonParce que je t’aimeLe Mal de vivreIl pleut sur NantesL’Aigle noir… sont ses voyages, ses amours fous, le désespoir, le père qui meurt, l’enfance meurtrie. « Ma vie, finalement, je crois que je la radote à mon piano », ajoute-t-elle. Une phrase que ne peut contredire le film de Cyril Leuthy, où Barbara, dans les rares interviews qu’elle a accordées, se montre plus timide que sur scène.

Lire la critique : Barbara interprétée par Raphaële Lannadère, à distance de l’adulation.

Dans les images d’archives tirées d’un temps où les réalisateurs s’autorisaient des cadrages capables de donner du sens à l’image, c’est aussi le visage de Barbara qui exprime ce sur quoi bute sa pudeur. Quand elle serre les dents au moment de pro­noncer : « Vous n’étiez pas au rendez-vous » (Ma plus belle histoire d’amour). Quand le regard se perd dans Au cœur de la nuit et quand la bouche se soulève, en coin, pour donner un peu d’ironie à la tristesse. « Je ne me trouve pas mystérieuse mais très souvent étrangère », dit-elle. Après ce documentaire, elle l’est un peu moins.

Barbara. Chansons pour une absente, documentaire réalisé par Cyril Leuthy (Fr., 2016, 61 min). Disponible sur Arte.tv jusqu’au 28 mars.

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