Pourquoi j'ai décidé (suite)

Publié par Baboon le 01.05.2009
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Enfance, adolescence et prise de liberté
Vos commentaires semblent vouloir que je remonte à la source. Je vais quand même tenter de faire court sur les dix-huit premières années de mon existence. Elle n'a rien d'extraordinaire. Mais elle peut donner certaines clés sur mon attitude actuelle.
Je suis né, cinquième et dernier d'une fratrie composé de deux aînés,une fille au milieu, et deux garçon à suivre. Une famille de type traditionnelle de bourgeoisie moyenne : mère au foyer, père cadre commercial qui s'est fait lui-même. C'était encore l'époque où il était possible de progresser dans sa carrière au mérite, c'est ce qu'il a fait et essayer de nous transmettre.
Issu lui-même d'un milieu très modeste, élevé chez les enfants de troupe – seule solution pour suivre des études peu onéreuses – il a voulu nous éduquer à la « militaire » comme lui l'avait vécu. Inutile de vous dire qu'il s'est planté dans les grandes largeurs, notamment avec les trois aînés, et s'est un peu adoucit avec les deux derniers.
Macho, sévère -voire violent- et étroit d'esprit pendant une bonne partie de mon enfance, il s'est considérablement amélioré notamment à travers les épreuves qu'ils (mes parents) ont subi avec l'accumulation de conneries des aînés, en réaction notamment à cette éducation inadaptée.
C'était de bonne foi, je n'en doute pas, persuadé qu'il était que comme ça avait marché pour lui, ça devait marcher avec nous.
Je vous passe les détails des corrections au manche de martinet, au ceinturon ou les repas avec les fourchettes coincées sous les aisselles pour nous apprendre à se tenir à table : si l'une tombait, le repas se terminait enfermé à la salle de bains, au pain sec et à l'eau et on retrouvait notre assiette non terminée au repas suivant, jusqu'à ce qu'elle soit entièrement avalée.
Bref, une tentative d'éducation « à la dure » qui comme je vous le disais à lamentablement foiré.
Pour ça et pour le fait qu'il ignorait complètement la façon dont nous grandissions, je l'ai détesté profondément après avoir fini d'en avoir peur. Je vous passe les coups et les brimades subis par un de mes frères, la violence envers ma mère (rare mais c'est arrivé) pour en arriver aux points positifs qui continuent à me poursuivre actuellement.
Je vous rassure, je me suis réconcilié avec lui depuis et nous sommes même devenus très proches et je l'ai accompagné jusqu'au seuil de sa vie. Un père ne se remplace jamais et le cliché qui veut qu'on recherche l'image du père dans le fait d'être gay est une foutaise sans nom. Je n'ai aucune envie de rencontrer quelqu'un qui s'approche de près ou de loin à celui qui a marqué les phases les plus importantes de ma croissance.
Mais les valeurs qu'il m'a transmises sont des guides qui je pense m'ont permis d'être là encore aujourd'hui. En tout cas, je suis intimement persuadé qu'elles y ont contribuées.
Par exemple, la valeur de l'exemple, le fait de ne compter que sur soi pour atteindre les objectifs que l'on s'est fixé, l'apprentissage de ses erreurs pour les transformer en force, accorder sa confiance avec parcimonie et de ne pas supporter la trahison de cette même confiance.
Quand je suis tombé malade, bien longtemps après, j'avais ancré en moi le fait que mon rétablissement ne dépendait que de moi et la force intrinsèque qui m'habitait m'a sûrement permis de dépasser ce que les médecins attendaient de ma faculté de récupération.
J'ai eu la chance de décrocher mon bac à 16 ans et donc de partir vers mes études supérieures dès la rentrée suivante.
Je ne vous dis pas le sentiment de liberté qui m'a envahi à ce moment là. Par contre, je n'étais pas du tout en phase avec ma sexualité.
J'ai éprouvé ma première attirance pour quelqu'un de mon sexe à l'âge de sept ans et j'ai passé toute mon enfance et mon adolescence à lutter contre cette attirance, persuadé que je n'étais pas « normal » puisque personne dans mon entourage ne semblait partager mes goûts.
Jeux de dupes au lycée, où j'avais un succès certain auprès de la gent féminine, qui ignoraient d'ailleurs à cette époque pourquoi elles se sentaient en confiance avec moi pour me parler de tout leurs problèmes intimes. Tentative de flirt bien évidemment mais sans attirance ni tentative sexuelle.
Les choses ont changé quand je suis devenu étudiant. Livré à moi-même, j'ai passé les deux premières années en résidence universitaire où je suis resté « dans le placard », ne sachant toujours géré mes pulsions. Je consacrais tout mon temps à mes études, que je réussissais plutôt brillamment.
La 3° année fut l'année de la révélation. J'avais pris une chambre en ville qui s'est avérée être dans la rue juste à côté d'une des deux boîtes gay de Reims. Je suis passé et repassé devant la porte pendant plusieurs mois avant d'oser pousser la porte.
Je suis rapidement devenu la « mascotte » du club et m'enhardissant, j'ai commencé à fréquenter le lieu de drague extérieur de Reims. C'est là que jai rencontré mon premier amant. Le fantasme du jeune gay : un militaire jeune, mignon et sexuellement performant.
Parallèlement, les questions sur mon identité sexuelle continuait à me tarauder. Comme je venais de goûter au plaisir avec un homme, il fallait que je sache si l'autre sexe pouvait m'apporter la même satisfaction. Ca aurait été tellement plus simple si ça avait pu se passer comme ça : je rentrais dans le rang et aucune bataille ne se profilait plus à l'horizon.
Alors, comme une amie étudiante, particulièrement mignonne, semblait vouloir succomber à mon charme, je me suis laissé faire et vint le moment où nous nous sommes retrouvés en tête à tête pour une séance érotique.
Je n'ai pas besoin de m'étendre sur le fiasco que ça a généré, et la confirmation à compter de ce moment là que ma sexualité était définitivement tourné vers les hommes.
Vivant loin de mon cocon familial étriqué, je me suis lâché. Et j'ai vécu ma dernière année d'étude de façon plutôt agréable (mais les résultas universitaires ont brutalement chuté). Je n'en étais pas encore au coming out familial, quoique... j'y viendrais plus tard.
Ensuite je suis parti travailler dans le Sud, à Narbonne mais c'est une autre histoire. Asuivre ...