Quand la gauche caviar se serre les coude .....

Publié par jl06 le 07.01.2021
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Ils n,en sortiront pas grandi .....

Le directeur de Sciences Po reconnaît avoir été alerté depuis 2019 des accusations d’inceste visant Olivier Duhamel

Frédéric Mion avait publié, mardi, un communiqué faisant part de sa « stupeur » face aux accusations d’inceste contre Olivier Duhamel, alors qu’il avait été prévenu il y a deux ans par l’ex-ministre Aurélie Filippetti.

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Publié hier à 21h58, mis à jour à 08h30 

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Le directeur de Sciences Po Paris, Frédéric Mion, le 11 janvier 2018. PATRICK KOVARIK / AFP

Lundi 4 janvier, quelques minutes après la publication de l’enquête du Monde consacrée aux faits d’inceste reprochés au politologue Olivier Duhamel, la panique s’empare de l’état-major de Sciences Po. Partout le même message : personne ne savait. Le lendemain, dans un communiqué adressé aux enseignants et aux étudiants de Sciences Po, le directeur, Frédéric Mion, dit sa « stupeur » d’apprendre, après la lecture d’« articles de presse », les « faits très graves » reprochés au président de la Fondation nationale des sciences politiques, instance chargée des finances et des orientations stratégiques de l’institut d’études politiques parisien.

« Je suis sous le choc », ajoute le directeur de Sciences Po à l’Agence France-Presse, qui a été prévenu de la parution du livre de Camille Kouchner, La Familia grande (Seuil, 206 pages, 19 euros) par Olivier Duhamel lui-même dimanche soir. Mercredi 6 janvier dans l’après-midi, lors d’un conseil d’administration de la Fondation nationale des sciences politiques (FNSP) organisé en visioconférence, M. Mion répète qu’il découvre les actes commis par le politiste et se fend même d’un avertissement. « Il nous a confirmé qu’il n’était pas au courant et qu’il trouvait infamant qu’un membre du conseil puisse dire le contraire », raconte Thomas Le Corre, président de l’UNEF Sciences Po et l’un des deux représentants des étudiants dans cette instance de direction.

D’après les informations du Monde, M. Mion avait pourtant été alerté sur les accusations d’inceste depuis deux ans déjà. La mort d’Evelyne Pisier, l’épouse du politologue, en 2017, a libéré la parole du cercle des universitaires proches du couple. En 2019, l’ancienne ministre socialiste de la culture, Aurélie Filippetti, enseignante à Sciences Po Paris, apprend par deux proches d’Olivier Duhamel les abus dont le professeur honoraire de Sciences Po s’est rendu coupable sur son beau-fils, à la fin des années 1980.

« Je n’ai pas percuté »Présidente de la commission sur l'inceste, Élisabeth Guigou critiquée pour sa proximité avec Olivier DuhamelPorte-à-fauxPar 

Publié le 06/01/2021 à 17:28

L'ancienne garde des Sceaux Elisabeth Guigou préside la commission sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants, mais est également citée comme l'une des proches d'Olivier Duhamel, accusé par sa belle-fille, Camille Kouchner, d'avoir agressé sexuellement son jumeau adolescent à la fin des années 1980.

Sous le feu des critiques. L'ancienne garde des Sceaux Elisabeth Guigou préside la commission sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants. Mais elle figure également parmi les personnalités citées comme proches de la famille d'Olivier Duhamel, par Camille Kouchner, belle-fille du politologue qui accuse celui-ci d'avoir agressé sexuellement son jumeau adolescent à la fin des années 1980.

Ce lundi 4 janvier, la publication d'un article du Monde précédant la parution de La Familia grande, le livre de Camille Kouchner, a conduit le parquet de Paris à ouvrir une enquête pour "viols et agressions sexuelles", le délai de prescription des viols sur mineur ayant été allongé en 2018 de 20 à 30 ans après la majorité de la victime. Sur Twitter, Olivier Duhamel a indiqué ce lundi avoir démissionné de ses fonctions de président de la Fondation nationale des sciences politiques (FNSP) et de président club Le Siècle. "Étant l’objet d’attaques personnelles, et désireux de préserver les institutions dans lesquelles je travaille, j’y mets fin à mes fonctions." a-t-il indiqué.

"VOUS ÊTES COMPROMISE AVEC TROP"

Le Monde cite l'actuelle présidente de la commission sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants parmi les personnalités invitées dans la propriété familiale de Sanary-sur-Mer, dans le Var : "Dans ce phalanstère foutraque défile la gauche culturelle : le philosophe Luc Ferry (les premières années), la productrice Fabienne Servan-Schreiber, le documentariste et historien Patrick Rotman et son frère Michel, le professeur Mario Bettati, théoricien du droit d’ingérence humanitaire, Janine Mossuz-Lavau, pilier de Sciences Po, mais aussi l’avocat pénaliste Jean Veil (dont Olivier Duhamel est désormais l’associé, au sein de son cabinet) et l’ex-ministre socialiste de la justice Elisabeth Guigou", écrit la journaliste Ariane Chemin. "Je ne révèle rien dans ce livre, tout le monde sait", lâche quant à elle Camille Kouchner.

La proximité d'Elisabeth Guigou avec cette famille lui vaut ainsi de nombreux reproches sur les réseaux sociaux, notamment venus de victimes alléguées de violences sexuelles, comme l'ancienne élue d'Europe écologie Les Verts Sandrine Rousseau et Tristane Banon, parmi les accusatrices de Dominique Strauss-Kahn, (lequel est également ami de l’ancienne ministre socialiste). "Il serait important, juste et noble de démissionner de cette commission sur les violences sexuelles sur enfants. Bien sûr vous n'êtes coupable de rien mais vous êtes compromise avec trop. Vous en sortiriez grandie", a tweeté la première. La seconde interpelle Elisabeth Guigou sur un mode ironique : "Vous avez bizarrement choisi vos fréquentations avant de prendre la présidence de la Comission sur les violences sexuelles commises contre les enfants en décembre dernier. De DSK à Olivier Duhamel, vous faites un sans faute !"

L'intervention de l'ancienne ministre dans le documentaire actuellement visible sur Netfix, "Chambre 2806 : l'affaire DSK", lui avait déjà valu quelques remarques acerbes. Avec beaucoup de...pudeur, elle y décrivait l'ancien patron du FMI comme "attentif aux jolies femmes". Elle s'interrogeait également : "Pourquoi DSK aurait-il besoin de violer ? C'est un homme charmant, brillant, intelligent, il peut être drôle par moments."

 

 

 

 

"NOUS CÔTOYONS TOUS DES VICTIMES ET DES AGRESSEURS SANS LE SAVOIR"

Interrogée par Loopsider ce mercredi, Elisabeth Guigou s'est défendue d'avoir eu connaissance des accusations à l'encontre d'Olivier Duhamel : "Je connais cette famille depuis la fin des années 90. Ce qui est tragique là-dedans c'est le poids de ce silence. C'est un crime. Ça dévaste. Ça a dévasté une famille. J'ai découvert ça en lisant les extraits du livre de Camille Kouchner dans la presse. Je lui ai envoyé un message pour lui dire : 'J'imagine votre souffrance, celle de votre famille. Si vous souhaitez vous exprimer devant la commission, dites-le-moi'", affirme-t-elle. Dans L'Obs, elle déclarait déjà lundi : "Le silence pendant des années de cette famille, que je connais, nous montre combien il faut être courageux pour que ce tabou puisse être levé. Nous côtoyons tous des victimes et des agresseurs sans le savoir, je ne fais pas exception à la règle."

 

 

Interrogée par nos confrères à propos d'Elisabeth Guigou, Camille  Kouchner déclare quant à elle : "J’espère qu’elle lira mon livre. Je lui souhaite d’être efficace car il y a beaucoup à faire." "Je pense que ceux qui, depuis 2008, savent ce qu’a fait mon beau-père ont été terrassés en l’apprenant. Avoir vécu à trois mètres d’une chose pareille et ne pas s’en être aperçu… Certains sont venus me soutenir, d’autres non", relate encore la fille du médecin humanitaire.

Officiellement présentée le 10 décembre dernier, la commission sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants est dotée d'un budget de 4 millions d'euros, abondé par le ministère de la Santé. "La société tout entière s’empare du sujet des violences sexuelles contre les enfants et de l’inceste, qui sont parmi les derniers tabous", expliquait alors au Monde le secrétaire d’État à l’enfance, Adrien Taquet.

 

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L’inceste, la domination et les militants politiques

"Répondre à ce défi immense qu’est la protection des enfants passe par une action politique, à travers des structures adaptées et une mobilisation de tous les acteurs."
© Hannah Assouline

L’inceste, la domination et les militants politiques - Par 

Publié le 07/01/2021 à 14:00

"Au cœur de la démarche de Camille Kouchner, il y a cette question du silence. Silence imposé à la victime, son frère, et à elle-même. Silence choisi des autres, à partir du moment où les faits sont révélés", analyse Natacha Polony à propos des accusations de viol incestueux contre Olivier Duhamel.

Il se dégage de cette histoire une odeur insoutenable. Celle de la lente décomposition savamment recouverte pour en cacher la laideur. Les révélations de Camille Kouchner sur Olivier Duhamel feront sans doute se délecter ceux qui y verront l’occasion d’une revanche contre un milieu pétri de certitudes et de bonne conscience, dans l’entre-soi de ces réseaux de pouvoir où l’on perpétue le système à coups d’ostracisme idéologique. Mais dans un pays où 10 % des adultes disent avoir été victimes d’inceste, réduire cette affaire au procès d’un clan, d’un milieu social ou d’une époque est non seulement réducteur mais aussi profondément irrespectueux pour les victimes de ces actes. Plus essentiel serait de comprendre les mécanismes qui aboutissent à des chiffres aussi effarants.

Au cœur de la démarche de Camille Kouchner, il y a cette question du silence. Silence imposé à la victime, son frère, et à elle-même. Silence choisi des autres, à partir du moment où les faits sont révélés. Et sans doute ce livre est-il essentiel pour les innombrables victimes d’inceste, emmurées dans le silence parce qu’il n’est rien de pire que de briser la famille, d’être celui par qui le scandale arrive. Le mouvement qui, depuis quelques années, « libère la parole » a ceci d’indispensable qu’il permet de renverser cette mécanique mortifère de la honte et de la culpabilité.

RAPPORT DE DOMINATION

Encore faut-il comprendre comment se joue l’articulation entre l’abus lui-même, la mécanique de honte qui se met en place et, enfin, la structure d’une société longtemps patriarcale et dont certains estiment qu’il faudrait y voir le nœud du problème. Le récit de Camille Kouchner, comme en son temps le livre de Vanessa Springora, le Consentement, met en lumière le rapport de domination qui s’instaure entre un enfant – ou un adolescent – et un adulte charismatique – ou narcissique. Une domination qui permet l’abus et le silence.

Mais, dans une époque où la notion de domination est devenue l’unique prisme à travers lequel se lisent les rapports humains, il est nécessaire de comprendre ce qu’implique cette domination-là, celle qu’exerce un adulte sur un enfant, ou un frère sur un autre frère, et qui va jusqu’à l’inceste. Dans Libération l’anthropologue Dorothée Dussy explique que « le cœur de l’ordre social est le fonctionnement incestueux de la famille » pour finalement conclure que « la banalisation des violeurs dans la société » serait un tabou. « Continuer de penser que c’est une pathologie, ou que les incesteurs [sic] sont fous, empêche de comprendre les mécanismes et dépolitise la question. »

Le débat est essentiel. Parce qu’on ne fera pas diminuer le nombre d’incestes si l’on échoue à décrypter les mécanismes qui les rendent possibles. La tendance actuelle dans les sciences sociales est de favoriser une interprétation systémique des violences et des dominations, quelles qu’elles soient. C’est ce que nous montre le discours de cette anthropologue. Pour le dire plus simplement : le patriarcat donnerait aux hommes toute licence pour exercer leur domination sur les femmes et les enfants et en faire leurs jouets, de sorte que l’ensemble de la société participerait à cette « culture du viol » qui banaliserait ces abus.

La domination entre êtres humains ne se réduit pas à une mécanique sur laquelle on pourrait plaquer des concepts simples.

C’est oublier la dimension complexe de l’être humain qui en fait le jeu, non seulement de structures politiques, mais aussi de pulsions individuelles liées à un vécu. L’effacement total de la psychanalyse dans la psychologie actuelle et la prééminence des sciences sociales sous influence des courants de pensée anglo-saxons tendent à nier les aspects multiples de la domination. Or quiconque s’intéresse aux rapports humains comprend qu’il est par exemple des mères abusives et dominatrices qui, certes, ne commettront pas d’inceste, mais à propos desquelles la psychanalyste Caroline Eliacheff et la sociologue Nathalie Heinich ont pu parler d’« inceste platonique » (dans leur essai Mères-filles : une relation à trois, Albin Michel). Il existe aussi des femmes charismatiques, ou narcissiques, ou perverses. Pourquoi évoquer ces réflexions ? Parce que la domination entre êtres humains ne se réduit pas à une mécanique sur laquelle on pourrait plaquer des concepts simples. Et parce qu’il n’y a pas une sorte unique de dominants, les mâles, mais une multitude de sortes, qui détruisent autrui par une multitude de moyens.

COMBAT CONTRE LE SILENCE

Répondre à ce défi immense qu’est la protection des enfants passe par une action politique, à travers des structures adaptées et une mobilisation de tous les acteurs, par un combat contre le silence, grâce au récit et grâce à l’action indispensable de la justice, seule capable de permettre des discours nuancés et contradictoires dont peut sortir une éventuelle vérité. Enfin, par un travail d’approfondissement de la complexité humaine. Le danger des discours militants qui fleurissent aujourd’hui, c’est de passer à côté de cette complexité, et de croire qu’il suffirait de mettre à bas un « système » pour en finir avec la perversité, le narcissisme et l’écrasement des faibles, quels qu’ils soient, par les puissants, quels qu’ils soient. La littérature, voyage vertigineux dans la noirceur humaine, nous apprend (comme parfois la psychanalyse) ce que les slogans politiques et les outrances militantes ne nous offrent pas : la possibilité, peut-être, de penser l’être humain dans toutes ses dimensions, pour espérer en tirer, qui sait, un progrès.