Quelques mots sur Hans Castorp.

Les chemins que nous empruntons nous mènent vers des lieux souvent imprévus. Ainsi en est-il des chemins de la vie. Ce qui en fait le charme et l'intérêt, même si parfois l'on trébuche sur des ornières et que l'on s'y fait vraiment mal. Mais bon, on y croit, j'avance toujours, la route continue. Et au lieu de toujours regarder le sol afin d'éviter les obstacles, on se prend à lever les yeux, à regarder autour de soi et trouver que la vie est plutôt belle. Même si on ne fait pas toujours ce que l'on attend de nous, au risque de surprendre et parfois décevoir. Mais on essaie de s'enrichir de ce que l'on voit, de ce que l'on ressent. L'école buissonière a aussi du bon.

J'ai mis longtemps à ne plus me dire que la fin serait prochaine. Les traitements, le temps qui passe, m'ont permis d'oublier un "no future" assez inhibant.  Et le "carpe diem" a aussi ses limites, même si savoir que le temps nous est à tous compté (eh, oui !) génère une vraie force. Se donner le temps, du temps, voilà le luxe. Je n'oublie pas ceux qui n'ont pas eu cette chance, celle d'être là maintenant, et c'est aussi pour leur mémoire qu'il faut vivre et témoigner.

Et puis on change, on s'adapte, nos comportements d'hier ne sont plus forcément ceux d'aujourd'hui, ce que je m'interdisais je me le permets et inversement. J'essaie de ne pas me cloisonner dans des pratiques sexuelles qui ne me correspondent pas (même si elles peuvent paraître à priori source de libération et d'appartenance à une communauté, ce qui peut être tentant face à la solitude), de prendre des risques inutiles qui alièneraient ma relative liberté d'agir, d'être, d'aimer, mais je demeure avant tout un homme avec ses forces et ses faiblesses. Je m'efforce d'être indulgent avec les autres, je m'autorise à l'être aussi un peu avec moi-même.

Je peux sembler vague, allusif, mais bon, je ne veux pas limiter mon vécu à mes pratiques sexuelles, bien que cela compte et reflète mon approche de la vie et de ce que j'en attends.

Même si le présent ne nous paraît pas toujours satisfaisant, parfois loin s'en faut, même s'il faut encore faire face aux peurs et aux préjugés, il faut tout faire pour se donner la possibilité de vivre des jours meilleurs. Pour soi. Pour les autres.