qui c,est le plus fort ....

Publié par jl06 le 01.12.2017
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Le médecin spécialiste du sida, Alain Lafeuillade lance un cri d'alerte: "le plus fort c’est le virus, c’est lui qui vous tuera!"

 PAR VÉRONIQUE GEORGES Mis à jour le 01/12/2017 à 13:18 Publié le 01/12/2017 à 13:50

Le docteur Alain Lafeuillade

Le docteur Alain Lafeuillade Dominique Leriche

Le Toulonnais, spécialiste du sida, publie un livre témoignage dans lequel il alerte sur la situation de l’hôpital public et des patients, et met tout le monde face à ses responsabilités

Le manque de moyens de l’hôpital public, les malades qui prennent leur traitement à la légère, l’abandon de la prévention… Un médecin ne devrait jamais dire ça. Pourtant le docteur Alain Lafeuillade l’écrit dans un livre (1), retraçant 25 ans de lutte contre le virus de l’immunodéficience humaine (VIH).

Ce 1er décembre, journée mondiale du sida, est toujours douloureux pour le chef du service des maladies infectieuses du centre hospitalier Sainte-Musse à Toulon.

Aujourd’hui, 35 millions de personnes infectées par le VIH dans le monde, 140 000 diagnostiquées en France alors que 30 000 autres ignorent leur séropositivité et risquent de contaminer leur partenaire sexuel.

Le nombre de nouvelles contaminations est stabilisé autour de 6000 cas par an. "Mais la situation s’est complexifiée avec l’arrivée de la prophylaxie pré-exposition autorisée en France en 2016 parce que les gens ne veulent pas mettre de capote! Le verdict viendra dans deux ans",redoute-t-il, voyant dans la flambée des infections sexuellement transmissibles et une épidémie d’hépatite A cet été dans le milieu gay, des signes inquiétants. "Les jeunes n’ont pas l’image d’une maladie mortelle, beaucoup ne se protègent pas. C’est désespérant".

"JE N’AI JAMAIS ÉTÉ POLITIQUEMENT CORRECT"

Le médecin est agacé par les patients n’observant plus leur traitement - la fameuse trithérapie qui a révolutionné la vie des malades - parce qu’ils se sentent mieux. "Parfois je leur dis: le plus fort c’est le virus, c’est lui qui vous tuera!"

Il est ainsi Alain Lafeuillade, franc, direct et rebelle comme ses idoles Brel et Che Guevara. "Je n’ai jamais été politiquement correct, c’est mon caractère de dire ce que je pense".

Cela lui a valu pas mal d’ennuis avec "la caste des directeurs d’hôpitaux" comme il les désigne, et même une garde à vue. Dans son bureau décoré d’objets rapportés de ses voyages et d’un tableau offert par un patient, le chef d’un service qui a perdu cinq lits et une partie de son équipe, s’en explique: "Ils sont les petits soldats des agences régionales de santé, elles-mêmes à la botte des conseillers du ministère. Nos objectifs ne sont pas les mêmes. Les leurs sont clairement financiers, et nous, on est en charge de malades qui ne rapportent pas. La gestion l’emporte sur le soin, on tue la notion de service public".

Les exemples abondent au fil des pages "et les changements de gouvernants n’y changent rien", regrette-t-il.

Alors, pourquoi ce livre? "C’est le témoignage de quelqu’un qui s’est investi pendant tant d’années contre le VIH". Et qui a voulu être médecin à 11 ans.

La gorge serrée, il reprend: "la deuxième raison c’est la disparition de mon père, en janvier 2016, de la maladie d’Alzheimer. Je n’ai toujours pas fait le deuil. Lui, l’ancien instituteur si vif intellectuellement, qui a été mon maître aussi, et que j’ai vu décliner… J’ai un petit peu fait le parallèle. Il y a des maladies comme Alzheimer, où on en est comme nous dans les années quatre-vingt-dix. On voit partir les malades et on n’a aucune arme…"

"ON M’APPELLE LE MARGINAL "

Son combat contre le sida passe également par la recherche. Outre ses études cliniques, il se tient informé depuis toujours des avancées scientifiques présentées lors de congrès. Il décide d’en organiser un à Toulon en 1995, faisant venir les meilleurs spécialistes comme le professeur Gallo co-découvreur du VIH qui l’invitera en 2010 à enseigner à l’institut de virologie de Baltimore.

Ce congrès a migré à Marseille et réunit tous les deux ans des participants du monde entier. Alain Lafeuillade apprend un jour que des confrères parisiens l’appellent le marginal, jaloux du culot de ce provincial, praticien dans un hôpital non universitaire.

Il s’en moque et tacle: "Les plus grands scientifiques, les plus performants sont les plus accessibles."

La guerre contre le sida n’est pas finie et il continue à la mener, avec humanisme, aux côtés des patients et des soignants. "On vieillit ensemble", s’amuse-t-il.

Pour l’instant, le virus, que l’on sait seulement contenir, a le dessus. Le Dr Lafeuillade rêve qu’avant son départ à la retraite "on trouve des traitements permettant de guérir un nombre significatif de malades infectés par le VIH."

Ils sont des millions à partager le même espoir.

EN DATES

12 mai 1961: Naissance à Toulon
Juillet 1981: Réussit le concours d’entrée à médecine
Janvier 1992: Crée le service des maladies infectieuses à Toulon 
2012: Organise le congrès international sur le sida à Marseille où témoigne le patient de Berlin, cas unique de guérison de l’infection à VIH

1. Un Médecin ne devrait pas dire ça, édition Bookelis, 206 pages, 10 euros.

Commentaires

Portrait de lusitanien

il à etait mon medecin pendant tres longtemps(avant que je me réveille )

on ne peux pas lui jeter que des fleurs...Sealed