Quinze ans que tu es parti.

Quinze ans déjà que tu es parti, un 29 novembre, dans l'après midi, un jour gris comme aujourd'hui.

On s'était trouvé un soir quelques années avant, et tout de suite on avait su que c'était pas comme d'habitude et qu'il se passait quelque chose de bien. Alors on a pas voulu gâcher ça, et on a joué la politique de l'autruche pour vivre notre amour librement.  C'était en 88, de toutes façons ça n'aurait servi à rien de savoir, il n'y avait ni traitement ni espoir.

Queqlues années et puis il faut bien se rendre à l'évidence, et on fait le test au même moment, chacun de notre coté. Positifs bien sur. De toutes façons on le savait tous les deux, sans en parler. Quelques mois encore à faire comme si... A se dire que ça n'allait pas évoluer. Et puis cette année 93, où je vois bien que tu ne peux plus, que ça se déglingue, que cette fois il faut faire face. Ensemble.

Il a suffit quelques mois. Quelquefois cette saloperie de SIDA met le turbo. je ne pouvais plus qu'être là, accompagner, aider, entourer,t' aimer autant que je le pouvais quand il en était encore temps.

Et puis un jour, ce dernier regard lorsque je sors de la chambre d'hôpital. On me rappelle quelques heures après, au milieu de la nuit mais c'est trop tard : tu ne sortira plus du coma et il faudra que je me batte encore pour convaincre ta famille et les médecins pour qu'on ne fasse pas durer le suplice éternellement. Cette dernière promesse que je t'avais faite, pas d'acharnement. Trois semaines, quand même, à te voir inerte avec toutes ces machines autur de toi...

Une dernière visite, ce 29 novembre, avec mes parents qui avaient voulu m'accompagner. Comme si tu avais attendu celà pour dire au revoir.

Et un dernier coup de fil de l'hôpital, à peine rentré, pour me dire que c'est fini.

Quinze ans. Quinze ans et moi qui n'en parlais plus, aujourd'hui j'ai eu envie de t'écrire, ici, parmi ceux qui peuvent lire et comprendre.

Juste pour te dire que tu es toujours là, en moi, comme une force.

Je pensais te rejoindre vite. Mais voilà, ça ne s'est pas passé comme ça.

Attends moi encore un peu, j'ai encore plein de choses à vivre !

Je t'embrasse tendrement.