A Rome, des caméras renifleuses

Publié par Ferdy le 06.08.2012
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Les plus jeunes d'entre nous n'auront sans doute jamais entendu parler de la plus amusante arnaque qui aura marqué le septennat de Valéry Giscard d'Estaing.

C'était un peu après 1974, lors du premier choc pétrolier. Si l'affaire des diamants de Bokassa, révélée par le Canard, a sans doute contribué à son échec de 1981, l'histoire des avions renifleurs se hissait au moins à la hauteur des inventions des Pieds Nicklés.

Sa Suffisance s'était si bien fait berner par une officine véreuse, introduite auprès des Services secrets de l'époque, que l'Etat avait consenti à d'importants investissements dans une technologie qui prétendait être en mesure de découvrir des ressources pétrolifères grâce à des avions doués du sens de l'odorat.

Si un enfant de huit ans aurait été en mesure de rire à cette supercherie franco-française, au sommet de l'Etat on y a cru dur comme fer. Le Canard, encore lui, en a fait ses choux gras durant la campagne présidentielle, sans qu'aucun démenti officiel ne vienne jamais dissiper ses allégations.  

Evidemment, inutile de préciser que cette trouvaille n'a jamais été en mesure de renifler quoi que ce soit d'autre que le bon air frais qui circule en altitude. Et notre académicien qui en pinçait pour Lady Di et les romans à l'eau de rose n'a jamais cru utile de s'expliquer publiquement sur ce sujet nauséabond.

En 2012, à Rome, c'est la traque aux fumeurs de tarpés et à l'état d'ébriété sur la voie publique qui a permis de mettre au point des caméras de vidéosurveillance surdouées.

Non contentes de capter les images, elles sont capables de détecter une concentration de fumée de cannabis ou d'effluves éthyliques dans la rue. Au nombre de six pour le moment, placées dans le centre historique à proximité des terrasses des cafés, elles signaleront instantanément l'objet du délit aux services de police. 

On ignore encore le coût et l'efficacité de cette innovation technologique audacieuse, pour ce pays au bord de la faillite, qui investit dans une expérimentation pour le moins aléatoire, et ridicule à n'en pas douter,

la municipalité qui ne s'est jamais trop préoccupée de la très perceptible pollution de l'air engendrée par son trafic automobile sursaturé devrait nommer Giscard d'Estaing citoyen d'honneur de la ville éternelle, docteur honoris causa es sciences olfactives. 

 (source : M le magazine, Franck Berteau, 04/08/12)

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