selon l'ONU

Publié par seanaque le 02.10.2009
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l'épidémie reste « une menace majeure pour la santé mondiale »
 




ES PROGRÈS accomplis dans la prise en charge des malades du sida ont été spectaculaires, mais les efforts pour prévenir les nouvelles infections par le virus de l'immunodéficience humaine (VIH) restent en deçà des besoins, indique un rapport de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et de l'Onusida rendu public mercredi 30 septembre. Deux chiffres illustrent ce paradoxe : « En moins de cinq ans, le nombre de personnes sous traitement contre le VIH a été multiplié par dix. Jamais, nous n'avons connu un tel changement d'échelle dans le secteur de la santé et cela montre que ceux qui pensaient impossible de traiter les malades des pays du Sud avaient tort. Mais, pour une personne mise sous traitement, il y en a pratiquement trois qui sont nouvellement infectées. Il faut briser ce cercle vicieux », s'inquiète Michel Sidibé, directeur exécutif de l'Onusida.

De ce fait, indique le rapport, « avec près de 33 millions de personnes qui vivent avec le VIH et 2,7 millions de nouvelles infections en 2007, l'épidémie de VIH continue de représenter une menace majeure pour la santé mondiale ».

D'un tiers en décembre 2007, le nombre d'adultes et d'enfants ayant accès au traitement antirétroviral est passé à 42 % en décembre 2008, ce qui représente un peu plus de 4 millions d'individus. Dans soixante-six pays à faibles revenus ou intermédiaires, le nombre d'établissements de santé assurant les services de conseil et de dépistage du VIH « a enregistré une croissance de 35 % », précise le rapport.

Cependant, malgré les progrès, les insuffisances apparaissent à la lumière d'une statistique : si 35 % des femmes enceintes séropositives recevaient un traitement anti-VIH en décembre 2007, la proportion s'élevait à 45 % en décembre 2008. Or, contrairement à la mise sous traitement d'une personne vivant avec le VIH, qui doit se poursuivre à vie, la prévention de la transmission du virus du sida de la mère à l'enfant est une intervention ponctuelle et peu onéreuse. En 2008, dans ces pays, 21 % des femmes enceintes ont bénéficié d'un test de dépistage du VIH, contre 15 % en 2007.

« Sur les 2 millions d'enfants infectés par le VIH, 90 % l'ont été dans le cadre d'une transmission de la mère à l'enfant, constate Michel Sidibé. En Afrique subsaharienne, 400 000 mères transmettent le virus à leur enfant alors qu'une simple prise d'antirétroviraux a permis de réduire pratiquement à zéro le nombre de telles transmissions en Europe. » Toutes les expériences montrent que cette action de prévention marche bien et peut être mise en place dans les pays à faibles revenus.

Cela étant, les auteurs du rapport font remarquer que « les femmes adultes jouissent d'un léger avantage par rapport aux hommes adultes dans l'accès au traitement antirétroviral dans les pays à revenus faibles ou intermédiaires ». Elles représentent 55 % des personnes qui auraient besoin d'un traitement, mais 60 % des personnes traitées.

Appel à l'assurance-maladie

Le rapport souligne les progrès à accomplir pour d'autres populations exposées. « Sur les 92 pays à revenus faibles ou intermédiaires qui ont transmis des informations sur les politiques et les programmes destinés aux consommateurs de drogues injectables, 30 pays assuraient des programmes d'échange d'aiguilles et de seringues en 2008 et 26 ont indiqué qu'ils proposaient des programmes de traitement de substitution aux opiacés », indique le document. Le nombre de seringues distribuées par consommateur reste cependant très inférieur à celui recommandé par la communauté internationale. De même, si les enquêtes menées dans 56 pays montrent qu'un pourcentage médian de 86 % des professionnels du sexe déclarent avoir utilisé un préservatif avec leurs clients les plus récents, les variations sont larges entre les pays.

Le rapport des agences des Nations unies insiste sur la nécessité de rendre plus solides les systèmes de santé et de poursuivre « les synergies avec les investissements en faveur des programmes de lutte contre le VIH ».

Pour Michel Sidibé, l'aide bilatérale ou multilatérale classique ne permettra pas de faire face aux besoins croissants pour poursuivre les traitements en cours et élargir le nombre de personnes traitées. « C'est le moment d'intégrer davantage les programmes contre le VIH dans un système d'assurance-maladie. Cela commence en Afrique au Burkina Faso, au Rwanda ou en Ethiopie », explique le directeur exécutif de l'Onusida.

Paul Benkimoun