Serment d’Hippocrate vous avez dit ....

Publié par jl06 le 23.08.2020
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Ces médecins et hôpitaux aux petits soins pour les grandes fortunes

Les grandes fortunes n’ont pas le même parcours santé que le simple particulier. Le réseau et l’influence leur permettent d’accéder rapidement aux meilleurs médecins, dans les établissements les plus confortables.

 

Hôpital américain de Neuilly

 

L'Hôpital américain de Neuilly cultive la discrétion pour rassurer ses patients les plus fortunés. 

Le rendez-vous avait été obtenu en quelques jours grâce à une solide recommandation. Par souci de discrétion, le chauffeur du PDG l'avait déposé devant une porte dérobée de l'hôpital Georges-Pompidou, en début de soirée, alors que l'établissement s'était vidé de la foule ordinaire. En surpoids depuis des années, gros fumeur, ce dirigeant d'un grand groupe du CAC 40 avait fini par se laisser convaincre de consulter le docteur Frédéric Saldmann, cardiologue, nutritionniste, fondu de médecine chinoise et de méditation et auteur de best-sellers qui remplissent son carnet de consultations avec deux ans d'avance. "Après une longue consultation exploratoire, je lui ai fait un bilan de santé et donné un mode de vie à suivre scrupuleusement", se souvient le médecin, qui ne lâchera jamais l'identité de ce patient. Trois mois plus tard, le dirigeant revient pour une visite d'étape. "Il n'avait pas perdu un gramme et n'avait suivi aucun de mes conseils, s'offusque le médecin. Je lui ai alors demandé de sortir de mon cabinet, lui expliquant que je ne voulais pas assister à un suicide en direct, et lui ai donné l'adresse d'un bon psychiatre." Trois mois plus tard, le dirigeant poussait une nouvelle fois la porte du docteur Saldmann, fier d'avoir perdu 9 kilos et normalisé ses taux de glycémie et de cholestérol. Jacques-Antoine Granjon, le milliardaire propriétaire de Veepee (ex-Vente privée), Bernard Tapie, le couturier Alber Elbaz, le député Olivier Dassault ou encore Christian Courtin, l'actionnaire du groupe Clarins… Nombreux sont les grands patrons ou hommes d'affaires à apprécier le côté "cash" du docteur Saldmann. Ils aiment sa façon d'asséner ses vérités en rafale : "Il faut 45 minutes de jogging pour perdre un croissant" ou "30 % de calories en plus, c'est 20 % de vie en moins". Pour les mettre en confiance, il leur montre une photo de lui il y a trente ans avec 30 kilos de plus. 

662 haine des riches qui se soignentFrench doctor and writer Frederic Saldmann poses during a photo session, on February 5, 2020, in Paris. (Photo by JOEL SAGET / AFP) - FRANCE-CULTURE-PORTRAIT

Le docteur Frédéric Saldmann, cardiologue, nutritionniste

Comment se soignent les riches ? "Très mal, répond sèchement le docteur Saldmann, regard bleu malicieux. Ils pensent le plus sérieusement du monde que l'argent les rend immortels et multiplient les médecins, qui finissent par se contredire." Christian Streiff, ancien président de PSA, miraculé après un AVC, confirme : "Bon élève je faisais mes check-up chaque année. L'examen approfondi durait bien une demi-journée, je me sentais très protégé, totalement invulnérable jusqu'à ce que mes certitudes s'écroulent, rattrapées par mon accident en 2008."

Culte de la discrétion

Si Saldmann peut se permettre d'être si direct avec "sa patientèle" c'est qu'il n'a pas besoin, contrairement à d'autres mandarins, de la ménager. L'argent n'est pas ici le nerf de la guerre : il reçoit à Georges-Pompidou à 23 euros la consultation ! "L'argent, je le gagne avec mes livres." Des essais vendus dans le monde entier à des millions d'exemplaires à coups de promotion sur les plateaux de télévision.

Un côté paillettes et lumière qui peut aussi effrayer certains dirigeants, qui préfèrent traverser la Seine pour se faire soigner. C'est grâce à son culte de la discrétion savamment entretenu que l'Hôpital américain de Neuilly-sur-Seine s'est attaché la confiance presque inconditionnelle des hommes d'affaires et familles fortunées. Des patients selects qui s'offrent sans hésiter des consultations, séjours ou check-up annuels à l'"Américain", où la chambre individuelle coûte 300 euros la nuit et la suite, à partir de 1.000 euros, plus encore pour celles du cinquième étage "VIP", avec terrasse et vue sur la tour Eiffel. Le prix à payer pour avoir la paix ! "La confidentialité est dans l'ADN de l'Hôpital américain, martèle le professeur Robert Sigal, son directeur général. Nous sommes très stricts sur ce point et tous nos patients le savent."

Entrées dérobées, admissions et rendez-vous à des horaires décalés, procédure "Alias" d'anonymisation du patient, noms d'emprunt, tournages télévisés interdits… L'établissement ne lésine pas sur les précautions pour protéger ses patients les plus influents. Surtout pour la brochette de grands patrons que l'on peut croiser dans le lobby de l'hôpital ou dans les couloirs du fameux "check-up centre". De Jean-Dominique Senard à Arnaud Lagardère, en passant par Carlos Ghosn, Bernard Arnault, le clan Dassault ou Vincent Bolloré, être vu entrant ou sortant de l'Hôpital américain peut avoir des conséquences désastreuses sur le cours de Bourse de leurs groupes. "La confiance, encore plus que la recommandation ou le bouche-à-oreille, est très importante dans ma relation avec le secteur médical", confirme Olivier Dassault, député de l'Oise, dont la famille est l'un des mécènes historiques de l'établissement.

"Nous avons énormément investi dans la sécurisation de notre système informatique", souligne Robert Sigal. Théoriquement imprenable, la forteresse logicielle de l'Hôpital américain se transforme aussi en mouchard interne, grâce aux log-in personnalisés des employés qui permettent de déceler d'éventuelles allées et venues anormales dans des dossiers de patients sensibles pouvant susciter des curiosités mal placées. "La moindre brèche dans ce protocole peut être un motif de sanction, et même de licenciement."

Services VIP

La discrétion n'est pas le seul service qu'apprécient les personnalités soignées à Neuilly. Livraisons de fleurs, voituriers, bagagistes, prestations de coiffure, manucures et autres soins de beauté,  "l'Américain" met les petits plats dans les grands pour chouchouter ses habitués "VIP" : les plateaux-repas servis sous cloche sont concoctés par le chef étoilé Yannick Alléno. Après le séjour, pas question de négliger le service après-vente. On prend régulièrement des nouvelles, on entretient le réseau, sans négliger le bon accueil réservé aux chauffeurs ou gardes du corps, acteurs clés du bouche-à-oreille dans ce monde-là. Les bébés nés à la maternité repartent avec leur timbale en argent en souvenir. Histoire, aussi, de fidéliser la lignée.

Car si l'Hôpital américain est depuis plus de cinquante ans la référence des célébrités, celles-ci peuvent être tentées d'aller voir ailleurs. La concurrence est rude dans le privé, ce qui n'empêche pas de voir les tarifs flamber. D'après Le Monde, le cancérologue David Khayat pratiquerait les tarifs les plus élevés de la place, avec un rendez-vous autour de 700 euros. Il pourrait même monter jusqu'à 1.000 euros pour une consultation, sans garantie de disposer forcément d'un délai rapproché. Il y a quelques années, en amont d'une intervention chirurgicale, Olivier Dassault n'a pas hésité à mettre ce petit monde en compétition. Après avoir consulté à l'Hôpital américain, Georges-Pompidou et la clinique Turin, son choix s'est porté sur "le médecin avec qui j'ai eu le contact le plus sympathique et rassurant, car les compétences des trois étaient réputées excellentes. Il habitait en outre à cinq minutes de la clinique, ce qui était important pour moi en cas de complication."

662 haine des riches qui se soignentNicolas Marques / IP3 . Paris, France le 17 juillet 2019 - Le professeur David Khayat, cancerologue - Le cancerologue David Khayat

Le cancérologue David Khayat

A Suresnes, non loin de Neuilly, l'hôpital Foch a de quoi séduire ces malades d'exception, même avec son entrée vissée face à une gare de banlieue. Niché dans les hauteurs du Mont Valérien, l'établissement mise sur ses chambres rénovées avec vue imprenable sur Paris, et les noms de grands pontes brocardés le long des couloirs, parmi lesquels le gynécologue obstétricien de renom René Frydman. Et comme son rival de Neuilly, l'établissement va bientôt lancer son offre de check-up, délocalisée dans un centre flambant neuf à la Défense. Au pied des tours de Total, Engie, Bolloré et autres géants du CAC 40. "Pour accueillir des ministres ou des patrons, il faut offrir une prise en charge différente", résume Michel Marinkovic, coordinateur de l'accueil de ces personnalités à l'hôpital Foch, ancien monsieur VIP de l'Hôpital américain.

Facilité qui "va de soi"

De là à dire que l'argent et la notoriété permettent d'être mieux soigné ? "Si Bill Gates a besoin de passer un scanner, il est évident qu'il ne va pas attendre quinze jours ou trois semaines", observe le docteur Philippe Siou, qui reçoit des célébrités, businessmen et chefs d'Etat dans son cabinet à l'Hôpital américain. Sans jouer sur son nom ou sa fonction, Olivier Dassault le reconnaît : "Lorsque je contacte un spécialiste que l'on m'a recommandé, il peut me proposer un rendez-vous à la fin de sa journée de consultations pour que je n'attende pas trop longtemps." Une facilité qui "va de soi, selon Philippe Siou. Cela n'a rien à voir avec l'argent, c'est une question de pouvoir et d'influence". En clair, la réputation d'un établissement ou d'un médecin se joue aussi sur la façon dont ils auront satisfait ces personnalités. Selon Philippe Siou, "l'image des VIP qui font des caprices est un mythe. Ils sont simplement exigeants sur la qualité". Un avis que partage le coordinateur de Foch : "Ces patients savent que nous ne sommes pas le Royal Monceau ou le Meurice, mais un hôpital, et que nous n'allons pas leur apporter des fraises à 3 heures du matin !"

Parmi les exigences de ces personnalités complexes, certaines sont néanmoins plus difficiles à gérer que d'autres. "Nous subissons toutes sortes de pressions de l'extérieur, lâche le professeur Bernard Debré. J'ai dû faire sortir un certain nombre de fois de la salle d'opération le garde du corps, mais j'ai accepté à la demande expresse de François Mitterrand que son médecin personnel, le docteur Gubler, assiste à l'opération." Certains malades demandent du sur-mesure et exigent que le professeur se déplace à domicile pour les soins postopératoires. "Je refusais quasi systématiquement", se souvient le professeur Debré. Quand tout se passe bien, "nous sommes vite couverts de cadeaux : caisse de champagne, chocolat ou fleurs", note le professeur Fabiani, ex-chirurgien cardiaque de Georges-Pompidou. Et quand ils veulent marquer davantage le coup, "on les oriente vers la fondation de l'hôpital", précise le médecin star.

Généreux donateurs

Bernard Arnault, Vincent Bolloré, les familles Bettencourt et Dassault figurent parmi les plus grands donateurs de l'Hôpital américain : IRM dernier cri, PET scan pour le diagnostic du cancer ou robots chirurgicaux sont financés par ces familles. C'est plus compliqué quand les remerciements se transforment en invitation à Saint-Tropez, dans la villa de luxe du malade ravi d'être guéri. "Je déclinais les séjours dans les maisons de mes patients, aussi agréables soient-ils, regrette presque Bernard Debré. Ou même l'invitation à résider chez un chef d'Etat que je devais opérer le lendemain." Plus modeste mais pas moins efficace, le témoignage d'une célébrité peut aider à sensibiliser le public. En plus du livre et du film qu'il a consacré à son accident, Christian Streiff, à la demande du professeur Yves Sanson, a participé bénévolement à de nombreux colloques de prévention. Histoire de rappeler que, même chez les riches, la bonne fortune n'est pas seulement affaire de chance.

 

Commentaires

Portrait de Lowie

2013 live en Suisse. Nouveau look . Nouveau style  mais du super Prince . Je t'explique plus tard trés cher .

Bises . Lohic