Séronautes : consommateurs, usagers, adhérents ou participants ? (Episode 2)

Publié par Jhparis le 13.10.2008
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Hasard du calendrier il s’est fallu que ce week-end j’entame le dernier opus de Boris Cyrulnik, un neuropsychiatre qui me passionne et qui travaille sur le concept de résilience soit la faculté pour un individu et un groupe à surmonter un malheur, à dépasser un traumatisme. En résumé, la pensée de Cyrulnik est que «Face à la perte, à l’adversité, à la souffrance que nous rencontrons tous un jour ou l’autre au cours de notre vie, plusieurs stratégies sont possibles : soit s’abandonner à la souffrance et faire une carrière de victime, soit faire quelque chose de sa souffrance pour la transcender». A dessein, il préconise non de nier les difficultés et l’état de la personne souffrante, ou à l’inverse de s’y ou l’y complaire, mais une double action : celle pour la personne en souffrance de vouloir transcender son état en donnant un sens à ce qui lui est arrivé, celle conjointe du groupe humain de l’entourer de paroles pour l’aider dans cette quête à devenir résilient. A mon sens, Séronet est un projet éminemment résilient, il vise pour chacun d’entre nous de dépasser notre éventuelle souffrance psychique et/ou physique liée au VIH, sans la nier, et à la fois de manière collective, en constituant un groupe humain uni dans un même but, à fournir collectivement à chacun d’entre nous les « paroles » et outils propres à transcender notre statut sérologique.

 

Et sur ce je dois dire que le spectacle que l’on a donné collectivement ce week-end est tout sauf propre à atteindre cet objectif ! Pour autant il était porteur des mêmes antagonismes et écueils que Cyrulnik dépeint dans ses livres et qui sont autant de freins à la résilience. J’ai employé le terme « daube », maladroitement certainement, mais dans le même sens : je déplore, alors qu’il y a une volonté collective positive dans l’existence même de Séronet, que l’on puisse « dauber » dessus, que l’on fasse une « carrière de victime » qui vous pouvez en être assuré se transforme aussi surement en celle d’accusateur public aux sentences expéditives, détenteur autoproclamé d’une parole universelle alors qu’il ne représente que lui-même. A lire les débats, on pouvait presque s’interroger sur le fait qu’il y aurait de bons séropos et de mauvais séropos, de défenseur de la cause (laquelle ?) contre de fielleux traitres.

 

Alors quel est notre statut sur le site ? Quels sont nos rapports à l’autre et notre rapport au site lui-même ? Balayons le qualificatif subjectif : je ne me considère pas comme victime et ne considère personne ici comme tel. Somme-nous alors sur ce réseau social des consommateurs, usagers, adhérents ou participants ?

L’intégralité de « Séronautes : consommateurs, usagers, adhérents ou participants ?» (4 épisodes) sur mon blog : http://www.seronet.info/blogs/jhparis

Commentaires

Portrait de Zauberberg

Lourde et pesante... De la vraie celle-là !
Portrait de grincheux

J'ai rarement lu une analyse aussi fine, aussi perspicace, aussi solidement argumentée que la tienne JHPARIS. Je me réjouis toujours de lire tes écrits au style léger mais ô combien sérieux qui témoignent toujours d'un grand sens de la créativité et d'une indéniable inventivité. Tout y est : la vie, l'art, l'intelligence, la culture...

Je t'encourage vivement à persévérer car cela me semble certain, un éditeur accueillera un jour avec un immense plaisir ces fragments qui annoncent une oeuvre plus significative qui révèlera, j'ose le mot, un des grands génies de la littérature française.

Portrait de Jhparis

Enfin une déclaration d'amour en bonne et due forme, je me doutais qu'une fixette sur moi ne découlait que d'une folle passion à mon égard ;o))))

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