Soliloques

Publié par Ferdy le 06.09.2009
383 lectures

"Afin de poursuivre mon entreprise de radotage polymorphe et inconstant, j'opterai dorénavant pour un blog éclectique, total foutrak, qui donnera raison à ma mère, laquelle m'a toujours reproché mon instabilité." (06/09/09)

Premier blog ! ça fout les jetons. 

Commentaires

Portrait de Ferdy

N°0 

Je ne peux pas m'engager sur une heure précise, en admettant que rien ni personne ne vienne troublier ce doux état de torpeur, toujours propice au balbutiement matinal, mon premier billet devrait tomber ce lundi (07 septembre 2009), en même temps que la dépêche AFP annonçant une quatrième victime de la grippe en métropole, suivie par l'échec des négociations commerciales avec le Brésil et un rebondissement spectaculaire dans l'affaire Cleerstream...

 Du coup, je ne sais pas s'il faut que je me préoccupe, pour la réception, de café, de thé et de viennoiseries, ou s'il est plus prudent de se diriger vers un cocktail debout en fin de journée, quitte à ce que ça déborde un peu sur le début de soirée.

Lancement d'un blog austère, troisième étage, à droite en sortant de l'ascenseur.

Odeur de peinture fraîche, Iggy Pop (Argentina Girl) passe en boucle, il y a un livre dans la cuisine : Torgny Lindgren, Miel de Bourdon (Actes Sud), le reste ne mérite pas d'être signalé.

Le comité de rédaction carbure au café, car si on peut écrire dans l'ivresse, il faut toujours se relire à jeun. Evidemment, avant de pouvoir fidéliser un lectorat, il conviendrait déjà de veiller à la stricte application de la ligne éditoriale. Nous avons vu combien le lecteur pouvait être déconcerté par les mutations successives d'un même sujet. Le problème relationnel avec ma mère, comme produit d'appel, n'a pas tenu la route. C'était prévisible. Aussi quelle idée d'être passé, sans transition, de ma mère à l'état désastreux de ma dentition. On me laissait quelques jours de plus sur le forum et j'abordais l'épineux problème des chaussettes sales d'un amant qui vous trompe avec le mec de votre meilleure amie. Et puis, il y a eu la lumineuse idée de la pétition pour la sauvegarde du point virugle dans les manuels de pilotage des Airbus. D'aucuns ont estimé que ce détail de ponctuation ne faciliterait en rien la localisation de deux boîtes noires égarées quelque part dans l'océan à plus de 3 km de profondeur. Evidemment, vu sous cet angle et si personne n'y met du sien, le point virgule a toutes les chances de disparaître graduellement du paysage éditorial dans l'indifférence générale.

Le blog de Ferdy - ça fait un peu guinguette, moules frites à toute heure... ou bien le sigle BdF (trop Banque de France, pas le moment de s'illustrer quand une liste de trois mille exilés fiscaux risque de vous rattraper avant le 31 décembre), low profile, s'en tenir à une certaine rigueur de l'info et à des brèves pratiques.

Et hop là.

Portrait de Ferdy

Le comité de rédaction, réuni au grand complet sur l'unique siège dactylo disponible, se lamente de l'absence de photos en une (et suivantes). Il y en a toujours un dans le groupe pour couiner. J'avais pourtant bien spécifié : austère, éclectique, polymorphe et inconstant. A aucun moment, je n'ai promis de quadri ni de bandeaux publicitaires aguichants.

Ce matin, je suis allé dans une hyper grande surface de banlieue acheter un grille-pain. J'avais aussi envie de fruits de mer. Inutile de préciser à quel point ces produits sont antinomiques et que pour accéder du rayon petit électro-ménager à la poissonnerie, il vous faut traverser toutes les strates de la production industrielle contemporaine. En gros, vous avez visité toute l'étendue de la grande surface, dans sa longueur, distance que vous défalquez mentalement du nombre idéal de kilomètres à parcourir chaque jour, afin - vous dit-on - de maintenir votre métabolisme sédentarisé dans un état satisfaisant.

Je suis agréablement étonné par le fait que nous sommes si peu nombreux. La lumière artificielle éclaire a giorno, en plus incisif que le soleil. On comprend qu'elle a été agencée de telle sorte qu'elle magnifie le produit, sans trop se préoccuper de savoir à quoi ressemblera la clientèle. Nos silhouettes, me semble-t-il, ne sont accompagnées d'aucune ombre, tant les jeux de lumière semblent irradier de nulle part. Les offres promotionnelles sont nombreuses. Je me laisse tenter par un bloc de 12 dossiers cartonnés, trois volets, fermeture élastique dont j'ignore le prix. Il ne peut s'agir que d'une occasion exceptionnelle. Parvenu près de l'océan, j'abandonne l'idée des moules, j'hésite un instant devant les tourteaux vivants, mais je ne me sens pas l'âme assassine ce matin. Les bulots sont cuits, et il n'est pas nécessaire d'attendre qu'un vendeur se libère. Bashung (Fantaisie militaire) dans les écouteurs pour l'atterrissage sur le tarmac, caisse 46. Mon grille-pain et moi patientons. Je sors des billets ; la caissière n'en veut pas, je me suis engagé dans une voie réservée au paiement par carte bancaire, je ralentis la cadence le temps de retrouver la carte.

Portrait de Ferdy

Joie et bonheur.

Cela relève davantage du post-it que du blog. Hier soir, j'avais opté pour un film à la télé. Deux tranches de publicité l'agrémentaient. Deux annonceurs s'y distinguaient : le constructeur BMW et l'enseigne Carrefour. Le premier, par un spot du genre dynamique et léché que tu peux voir réapparaître tous les jours en te posant la même question : qu'essaie-t-on de me vendre ? Le second, fer de lance de la grande distribution dont l'image s'est quelque peu altérée depuis la crise, qui par un recours au morphing assez subtil, fait progressivement revenir à l'état d'être vivant, limite béat, un visage initialement ordinaire (soit morose). Que nous racontent ces deux spots ? BMW, qui est un peu à l'automobile ce que Rolex est à l'horlogerie, une combinaison astucieuse de technologies visibles et de ferraille cachée, vante les charmes d'une existence comblée par un sentiment de joie. Ainsi, BMW n'est-il pas seulement un habile constructeur d'engins polluants, il participe à cette forme d'épanouissement intérieur, au même titre que Spinoza. Carrefour retourne quant à lui à un slogan qu'il avait dû laisser tomber à la fin des années 80, quand l'évocation de la positivité était bien trop entachée par l'hécatombe du sida (minusc.). Désormais, les annonceurs considèrent que le plus gros de la crise étant derrière nous, il conviendrait maintenant de remplir les caddies et rouler en berline, tout simplement parce que c'est l'expression de la joie et du bonheur.

Je reprendrai ce sujet ultérieurement.