TÉMOIGNAGE PERSONNEL

Publié par franckc le 07.06.2016
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Nous sommes en terrasse quand je confesse à Karim que je suis vraiment désorienté et que cela va être difficile de concilier vie de famille et VIH. Reprendre la vie ici avec les mensonges que je porte sur le dos ne vas pas être chose aisée. Tout comme à moi, le VIH représente un danger de mort aux yeux de ma famille. Je décide donc de n'affoler personne et garder ce lourd fardeau pour moi pendant près de deux ans. J'ai peur, comme vous certainement, récentes personnes diagnostiquées. Peur de leurs réactions, de leurs éventuelles colères et je tente tout de même de les protéger. Mon corps souffre, gravement, et je m'inquiète d'une réaction colérique. Certaines personnes demeurent après des années victimes de cette anomalie et passent sous silence leur séropositivité, vivant dans le mensonge et la honte. Le monde tourne à l'envers, la famille et les proches sont supposés être désemparés, prêts à vous réconforter dans ces cas là, pas l'inverse. Et pourtant, la nature humaine étant ce qu'elle est, on se tait. On baisse les yeux.

J’avais à cette époque, la chance d’avoir un petit ami. Sans lui, l’issu de ce récit n’eut été la même. Malheureusement, très vite, il ne suffira plus à atténuer mes inquiétudes. Je décide donc d'en parler à mon entourage. Ce qui m'intéresse en premier lieu, est leurs regards à l'écoute de la nouvelle. Comme pour me rassurer je jauge leurs degrés d'inquiétude afin de réévaluer le mien. Une fois le test des connaissances accompli avec brio, je décide d'en toucher un mot à mes amis les plus fidèles. Ce qui s’avérera être d'une efficacité que je n'espérais plus. Tous, se montreront très compréhensifs et aidant. Bien sur, ils avaient ce même regard que le personnel hospitalier, mais je n'ai jamais eu à faire face à quelque forme de jugement de la part de mes amis. En tout cas, jamais en ma présence.

Le jugement, voilà ce qui hante l'esprit d'un séropo. Ce que les gens vont bien pouvoir penser du fait que, malgré toutes ces campagnes préventives, il soit parvenu à être contaminé. A cela s'ajoute le dégoût dans le regard de certains qui pensent que c'est la fréquence importante des rapports que l'on a eu qui amène à cet effroi. Pour ma part, j'ai pleinement conscience que ce sont ces rasions qui ont conduit à ma contamination,mais pour les autres, une seule fois, un seul rapport suffit à contaminer. Çà, les gens s'en moquent, ils ont ce besoin intransigeant de se faire leurs propres opinions. Je dois vivre au milieu d'une bande de vautours qui glousse en se délectant de leurs messes basses à peine dissimulées. 
Nul ne peut nier qu'il existe aujourd'hui une prévention concernant le VIH que des bénévoles assurent louablement. Que vous soyez dans un bar, une discothèque ou même un sauna, ces gentils lutins vous proposent gratuitement, contre une petite goutte de sang, un résultat viable et rapide. Dans chaque établissement, une pléthore de documentation est à notre disposition gratuitement afin de prévenir les risques d'une contamination. Les informations à profusion que l'on trouve dans ce genre de brochure vous expliquent même quelles actions urgentes sont à entreprendre en cas de rapport à risque. Les séronégatifs sont indéniablement informés. Il faut vraiment vivre dans un sous marins pour ne pas savoir que le danger persiste et comprendre les ficelles pour l'éviter.Toutes ces campagnes de préventions nous informent utilement c'est indéniable, mais on déplore encore un trop grand nombre de personnes séropositives qui s’ignorent, Environs 35 000 en France. Dans les brochures dédiées à la prévention, on ne trouve qu’une explication trop simpliste de ce qu'est vraiment le virus qu'ils tentent d'éradiquer à coup de matraquage et discours moralisateur.

Petite piqûre de rappel : Il nous est possible aujourd’hui de combattre ce virus mais il reste le champion toute catégorie des infections chroniques. Nous pouvons contrôler son action dans notre système sanguin mais il existe des zones sanctuaires dans lesquelles le virus aime se pavaner, évitant ainsi une mort certaine. Causer votre mort, c’est l’objectif que cherche à atteindre tout belligérant qui se respecte. En utilisant vos propres cellules il est capable de se multiplier jusqu’à parvenir à une totale destruction de votre système immunitaire. Une fois ce palier atteint, la personne séropositive entre alors dans la phase du SIDA, son système immunitaire est déficient, il est donc vulnérable à toutes infections d’ordinaire bénignes. Une simple grippe suffit à provoquer la mort chez une personne dont les défenses immunitaire sont réduites à néant. C’est en tout cas ce que subiront des milliers de personnes avant que le progrès et la science n’aboutissent au miracle.
Les séropositifs peuvent aujourd’hui vivre normalement avec le VIH. C’est certainement ce phénomène qui engendre celui de ne plus se protéger pour les autres. Car malgré la prévention accrue et acharnée, l'inéluctable se produit toujours. Et quand cela arrive, plus rien ! Silence radio ! Plus de communication, plus de brochure. Fini les petites illustrations ! Les petits dessins que l'on aimait apprécier dans des lieux de fêtes ne se consultent qu'en présence d'une blouse blanche dans la salle, Ambiance!

Dans mon cas personnel, la solitude reste certainement la sensation la plus profonde ressentie intérieurement les jours qui ont suivis l'officialisation de ma séropositivité. Celle-ci s’émousse avec le temps mais perdure tout de même. Personne, absolument personne ne peut, à ce moment là, vous sortir de la tombe dans laquelle vous avez délibérément posé un pied. Voilà la première et unique raison qui m'a motivé à prendre la plume. Dans l'espoir que quelque part, si une personne apprend sa séropositivité et se retrouve acculée d'angoisse, elle se rassure et ne se sente pas coupable. Qu'une personne lise ces lignes et ne fasse pas l'erreur de se suicider. J'ai également eu ces idées sombres que je ne souhaite à personne, plein de gens mettent fin à leur jours comme s’ils voulaient contrôler la maladie avant même qu'elle n'ait le temps de se présenter.

La culpabilité prend un malin plaisir à élire domicile dans notre cerveau. Celle ci est d'une âpre difficulté à s'en débarrasser quand il s’agit du VIH. Beaucoup de cancer sont provoqués par l’Homme, mais pour ce qui est du VIH, pas de coupable. Si ce virus décide d'anéantir la population terrestre, ce n'est pas de notre faute. De quel droit peut-on reprocher à un être humain d'être contaminé par un processus naturel. C'est la vie, la science dans toute sa splendeur, ce qu'il y a de plus élémentaire. Les grands, qui mangent les petits, le VIH qui s'attaque à mes cellules en paniques. Alors préservatif ou non, la nature a fait son office. Comme si j'avais eu des pulsions suicidaires, je ne m’étais pas protégé, je m'en veux, c'est irréparable, je m'en voudrai à vie. Mais personne n'est à blâmer et encore moins celui qui reçoit une bombe expédiée par dame nature. Il faut impérativement comprendre cela si l'on veut divorcer rapidement d'un mariage forcé avec la culpabilité galvanisée secrètement par les regards et le jugement des autres. Le préservatif n'est pas un réflexe chez bon nombre de personne, toutes préférences sexuelles confondues, Il faut être honnête ! Même les amis les plus proches, sachant pour mon infection, prennent toujours des risques. Le plaisir sexuel est fortement réduit avec une capote, je me tue à le dire et seul le lobby papal me soutient. Le cérémonial lugubre que représente pour moi le moment où l'on s'arrête pour glisser un bout de plastique me coupe tout effet. J’estime être victime de la science, contaminé par ce virus en ayant fait l’amour naturellement. 
Pourtant les gens persistent à stigmatiser les séropositifs qui sont encore frappés d’ostracisme. Acculés, isolés, désorientés et fortement désappointés, certains sont persécutés moralement, même physiquement. Il est effroyable de délibérément railler des gens qui vont se donner la mort à cause de vous, accusateurs. Vous êtes coupables d'homicide volontaire, cette maladie n'en était pas une, il n'allait pas mourir. J'ai heureusement échappés à l'escalade incontrôlable de la dépression liée à la culpabilité et je suis heureux de pouvoir en témoigner.

Se convaincre, être persuadé que l'on va mourir. J’ai laissé cette pensée envahir journées et nuits pendant trois mois. Des mois interminables aux sueurs nocturnes et cauchemars diurne. Je tape inlassablement les mots « espérance de vie VIH » sur internet, ce qu’il ne faut pas faire ! Ce traumatisme laissera chez moi des séquelles psychologiques, que j'estime encore jusqu'à cette minute précise, irréversibles.
Cette angoisse perpétuelle de la mort de disparaitra que le jour tant attendu de mon premier rendez-vous avec le médecin qui suivra avec moi l'évolution de l'infection. Toute personne assermentée vous réservera toujours ce même regard plein de compassion, de peine mais aussi d'interrogation. Car devant le million de question que je pose à mon soit disant sauveur, son attitude incertaine laisse présager une suite des événements hasardeuse.
Il ne faudra pas très longtemps pour que cette impression se confirme. Il va enchainer sans discontinuer sur les méandres de la génétique. Il me donne des explications pointues sur le comportement du virus, en quels points le traitement agit et quels sont les modalités de prise des différentes pilules miraculeuses. Ce miracle dont nous avons la chance de pouvoir jouir de nos jours s’appelle la trithérapie. Je me souviendrai toujours du discours réconfortant du docteur quand il me disait : 
" Il existe un traitement révolutionnaire !" 
Il me parle de mon traitement comme si nous partions en révolution, et quelque part, il n’avait pas tort.
Selon le discours de cet illuminé, une simple petite pilule, pas plus grande qu'un doliprane est suffisante pour me maintenir en vie. Cet homme n'a pour moi pas plus de crédit qu'un maire sans écharpe, je prends ses commentaires comme des folies de scientifique. Je sors de ce rendez-vous avec pour seule ambition de prendre ce traitement comme s'il soignait une grippe et m'en remet à mon petit google pour me réconforter. Ne jamais utiliser google quand vous êtes hypocondriaque et atteint d’une infection grave ! Je vais me faire ma propre culture sur cette infection car je n’avais pas de personnes contaminées pour m’instruire. Je le remarque aujourd’hui, personne ne sait vraiment comment fonctionne le VIH et comment on vit avec tant qu’ils ne sont pas concernés. Je vais apprendre beaucoup de choses qui me permettent aujourd’hui de vivre sereinement.
La lutte contre le VIH est une guerre dont le vainqueur ne sort vraiment pas glorieux. Mais je pars tout de même vaillant, la fleur au fusil, tenter de décimer ce redoutable ennemi. J'ai pour allier mon docteur, mon chéri et des armes chimiques de destruction massive en guise d'artillerie. Je me persuade que la trithérapie fonctionnera parfaitement et que je ne sentirai aucun effet secondaire indésirable, une fois de plus, grossière erreur !

13 Octobre 2011, j'ingurgite ma première pilule. Si je peux retranscrire la date exacte sans fouiller dans mon journal intime, je comprends que le traumatisme n'est pas soigné. Même si mon sentiment premier est de vouloir rassurer toute personne séropositive quand à leur vie avec le VIH, je me dois néanmoins de m’attarder sur ces traitements qui nous sauvent la vie mais nous la transforment littéralement. Que l'on ait assimilé ce fait ou non, il est indéniable.
Ce que j'ai connu avec les pilules d'ecstasy est fortement similaire à l'effet chimique de la trithérapie. Je n'ignorais pas que ce petit cachet se devait d'être virulant pour assurer le rôle d'arbitre du match qui se joue entre le virus et mon propre corps, mais je restais surpris par la puissance de mon sauveur. Je suis complètement shooté, incapable de réfléchir, je suis tremblant et la mâchoire serrée. Cette drogue est décidément très forte, je suis un peu hilare et angoissé à la fois. Je prends cette montée chimique comme un jeu qui s’avérera beaucoup moins amusant le lendemain. Quand le réveil sonne ce jour là, je joui encore du plaisir d'avoir passé une bonne et reposante nuit, ce sera la dernière. Après celle-ci, je n'ai plus jamais apprécié une seule d'entre elles jusqu'à encore hier et ce depuis quatre ans maintenant. Ceci n'est pas une fatalité, chaque personne réagit différemment selon l'organisme. Même si le mien supporte bien le coup, le psychique lui est anéanti. La trithérapie provoque chez moi des troubles du sommeil et une abondance de cauchemars et autres suées nocturnes. Je prends depuis ce jour des somnifères de toutes sortes sans lesquels je ne dors jamais avant que le soleil ne se lève. J'ai souvent parlé de ce problème à mon médecin qui ne peut malheureusement que m’en confirmer l'origine, la trithérapie.
Après cette dernière et merveilleuse nuit, je me réveille les jambes lourdes avec une sensation coutumière des soirées arrosées, quand la cuvette des toilettes devient mon ami pour finir la nuit. Une envie incommensurable de vomir m'envahit, je suis pire qu'une femme enceinte. Non seulement je suis à la bourre pour le travail mais je me retrouve à soubresauter dans la salle de bain avec des gouttes aussi grosses qu'en pleine tempête tropicale qui coulent sur mon visage, je suis brûlant. Bizarrement, après avoir vomi tout redevient normal, La vie reprend son court et je pars travailler. Petit plaisir qui ne durera que jusqu'à ce que je ne sois contraint et forcé de demander au chauffeur d'arrêter le bus afin que je puisse subir la deuxième vague de vomissement. Humiliation de mon côté, incompréhension chez les passagers.Le retard que j'aurais au travail aura une justification étrange et très gênée de ma part. Les vomissements vont très vite s'estomper et je pourrai assurer ce jour là mon travail convenablement. Le même scénario va se reproduire pendant plusieurs semaines ou la vie avec le traitement est très dérangeante pour m'endormir et me réveiller mais reste discret le reste du temps. Avec le temps les nausées matinales se sont atténuées et ne sont pas systématiques, mais le dérangement psychologique va aller en s’accentuant, jusqu’à me transformer moralement, socialement et sentimentalement.
Ce qui pour moi n'était que futilité et perte de temps prend de l'importance et devient mon cheval de bataille. Je ne supporte plus l'injustice et je m’enfièvre pour des causes sans en mesurer les répercutions. Je deviens moins égoïste et me tourne d'avantage vers l'humain, je compatis, m'intéresse et apporte mon aide dès que je le peux. Paradoxalement je deviens également colérique, comme binaire. Je suis de très bonne humeur sans raison et devient fou de rage pour des stupidités. Beaucoup de mes amis peuvent témoigner de ces troubles psychologiques. En tout cas pour ceux qui m'ont connu avant que je ne prenne ce traitement. Les trente premier jours avant les premiers résultats ont été pour moi une épreuve qui m’a coûté une bonne partie de ma joie de vivre.

15 Novembre 2011, le temps de la première analyse sanguine est arrivé. Et bien j'aurais du l'écouter le bougre de docteur illuminé! Il avait raison! En un mois, sa petite pilule rose a permis de rendre le virus imperceptible dans mon sang et mes cellules presque toutes reconstruites. Pour la première fois depuis six mois, je comprends que je ne vais pas mourir et je m'effondre en larmes à l'écoute de ce que je redoutais comme une sentence. J'ai le sentiment indicible que la vie m'offrait une seconde chance.
Quand on parle d'un virus indétectable, cela signifie que le meilleur microscope au monde ne parvient pas à repérer une quantité assez importante de virus pour que celui ci soit quantifiable. Ce seuil d’indétectabilité est très important en termes de contamination. De manière abstraite, nous sommes supposés être au même stade que les séronégatifs, on devient beaucoup moins contagieux. Pas mal de gens pensent donc qu’ils peuvent rependre une activité sexuelle débridée et non protégée. Je comprends dans l'idée, je n'ai jamais pu jouir avec un préservatif, je ne ressens absolument rien et ne je parviens même pas à rester en érection. Les risque de co-infection et de sur infection existent toujours, sans compter la multitudes d'autres maladies ou infection sexuellement transmissibles. De plus, une personne séropositive reste vulnérable à toute autres souches de virus du VIH et elle peut être infectée en étant déjà contaminé.Nous devons nous protéger au même titre que les séronégatifs. Une fois contaminé, certaines choses changent mais les sensations du préservatif demeurent toujours désagréables. Que faire pour protéger nos partenaires ? Ne plus faire l'amour ? Naturellement impossible !
Je dois donc vivre en prenant du plaisir sans me protéger avec des personnes qui elles ne souhaitent pas forcement être contaminées. Comment rester juste et humain ? Je pars du postulat que si la personne en face ne se protège pas, elle est consciente des risques qu'elle prend et me sachant non contaminant, je prends sur moi. Seulement ceci n'est qu'ne partie de la vérité, ma conscience morale me dit que ce n'est pas une chose à faire, chaque fois que j’introduis mon pénis sans latex dans le corps d'un autre. Même si mon partenaire prend le risque, je ne peux le trahir sciemment. Je vais longtemps cacher ma séropositivité car je me savais indétectable, donc pas contagieux. Jusqu’au jour où je n’ai plus été capable de regarder ces beaux garçons dans les yeux. Si le VIH persiste et signe, c'est souvent à cause de gens qui se fichent complètement de la santé d'autrui et contamine à outrance. Il existe même des personnes vindicatives, pleines de vengeance dans l'âme, qui prennent un malin plaisir à transmettre leurs virus.

Ce que je vois aujourd'hui m'inquiète profondément. Les jeunes ont une sexualité tellement précoce et débridée qu’ils me demandent de baiser sans préservatif, même en sachant pour mon infection. Et quand bien même je décide d'en porter un, ils me demandent de leur donner mon sperme dans leur bouche, ce qui rend l'utilisation du préservatif totalement dénuée de sens ! Les jeunes pensent que le SIDA n'a plus cours dans notre siècle et que les traitements suffiront en cas de problème,mais je souhaiterais vraiment que ces phrases trouvent échos et qu'ils prennent conscience de la dureté des trithérapies, même encore de nos jours. 
Si tout le monde pouvait faire le dépistage, alors nous pourrions anéantir le SIDA. C’est aussi simple que cela, mais nous n’en sommes pas encore là ! Le dépistage amène au traitement, qui lui-même prévient la contamination d'autrui, c’est la raison pour laquelle les campagnes sont surtout préventives. J’insiste sur ce fait car c’est vraiment l’une de mes motivations principales dans la vie. Je me bats pour que nous puissions tous faire l’amour comme tous le monde, sans préservatif. Que personne ne soit banni parce qu’il porte un virus qu’il n’a pas demandé. 
Les séronégatifs ont cette tendance naturelle à stigmatiser et rejeter les personnes contaminées par des propos parfois fielleux. Les séropositifs blessés dans leur chair seraient plus en clin à une franchise naturelle s’ils n’avaient pas à craindre d’être perçu comme un être abject et dégoûtant. Au lieu de cela, dans l’espoir de pouvoir faire l’amour, elles mentent et assurent ainsi la pérennité du VIH. Nul ne ment plus qu’un homme blessé disait Nietzsche.

Dans le cas ou nous sommes célibataires, ces contraintes font parti intégrantes de notre nouvelle vie de séropositif. Mais que faire alors de l'amour qui peut naître entre deux personnes sero-discordantes ? Les couples aiment s'adonner au plaisir sexuel non protégé. Si ces derniers pratiquent le sexe de cette manière, c'est bien que celui ci atteint le paroxysme de son plaisir avec un contact charnel non anéanti par le frottement du latex. Je comprends donc ces couples dans leur volonté de faire l'amour sans se protéger. Seulement, avec cette idée vient s'en greffer une autre, celle de la confiance et de la fidélité que l'on instaure tacitement au sein d'un couple libre. En effet, une personne séronégative prend un risque limité dans le cas ou son partenaire est sous traitement, donc non contagieux. Mais qu’advient-il de ce risque si le couple ne prône pas la fidélité comme clé de voûte d'une confiance certaine pour ce qui concerne la transmission du VIH. La fidélité, ce principe qui a bien perdu de sa superbe mérite à lui seul tout un livre que je m'efforcerai de commencer le jour ou j'aurais assimilé cette utopie contemporaine. Beaucoup de couples gays ont décidés de renoncer à ce principe fondamental et archaïque, ils se disent amoureux et stables alors qu'ils trompent à la vue et au su de tous leurs biens aimés. Un être que l'on aime, c'est justement un être que l'on protège sans jamais le trahir selon moi, mais on ne peut comprendre ce que vivent ces couples tant que l'on ne l'a pas vécu. Comme pour se rassurer, ils vous diront toujours qu'ils sont heureux et que la trahison n'a pas cours dans ce type de relation. Sciemment, ils arrivent à se confier leurs aventures adultères respectives, ils ne se trahissent donc pas. Ce dont de la nature, la règle fondamentale de l'amour dont nous a pourvu l'univers, bafoués au profit d'un confort sexuel et matériel. Persuadé que le sexe ne durera pas, ils anticipent les futurs trahisons sans vraiment essayer de garder le même partenaire toute leurs vie. D’autre part, je ne peux m'empêcher de penser que c'est bien un certain confort matériel que recherchent ces personnes là, et le coût de la vie très important légitime leur volonté d’assurer leur protection. Les couples libres, comme ils se définissent sont souvent très bien installés dans de superbes appartements. L'incongruité de certaines situations dans lesquelles ils se posent me laisse plutôt comme un parfum de liberté factice. Elle n'a d'ailleurs à mes yeux pas plus de valeur qu’une colocation de deux gays en contrat à durée indéterminé. Seuls les individus concernés peuvent estimer la stupidité de mes propos. Partons donc du postulat que ces couples sont heureux comme ils aiment à le dire, et laissons les faire l'amour comme bon leur semble.

Avant, je me posais la question de savoir pourquoi les gays étaient stigmatisés autant concernant la transmission du VIH. Mais en fait, le questionnement est légitime. Comment puis-je être certain de n'avoir jamais contaminé une de ces personnes en couple libre ? Et si cette dernière avait contaminé son partenaire en lui faisant l'amour le même soir ? Toutes ces questions trouveront réponses le jour ou je réaliserai qu'en fait c'est une pratique courante. Des personnes ont déjà contaminés leurs partenaires en ayant un rapport extra conjugal. Comment est-ce possible? Les joies du libertinage, à apprécier à sa juste valeur ! Je ne prêche pas la bonne parole quand je parle de fidélité, je ne suis pas idéaliste. Mais ces pratiques peuvent conduire à bien des dérives. Le sentiment de culpabilité est immense quand on apprend sa séropositivité. Mais on a au moins la faculté de pouvoir prendre sur nous et endosser les lourdes conséquences qu'il inflige. Dans le cas ou je transmettrais, délibérément ou non le virus à autrui, qui puisé l'être aimé, je ne pense pas que je serais capable de supporter un tel effroi. La rédemption et la moralité me paraissent inaliénables dans ce cas de figure.
Cette circonstance dramatique est ce qui régie l'essentiel de mes relations avec les hommes depuis ma contamination. A la minute même où j'aperçois un garçon qui me plairait en tant que petit ami, c'est cette idée qui m'envahit. Je ne drague d'ailleurs plus à cause de cela uniquement. Pensant que c'est inutile de vouloir bâtir une histoire d'amour que je pourrais détruire en contaminant mon partenaire. Lorsque je rencontre une personne aujourd'hui, dans la mesure où j'envisage quelque chose de sérieux avec elle, je suis incapable de la laisser me toucher. Je m'assure que celle ci soit satisfaite sexuellement sans qu'elle n'ait à être en contact avec des parties de mon corps qui pourrait la contaminer. Penser à ce genre de chose pendant un échange d'amour, de sexe et de contact charnel est d'une tristesse déconcertante.

Commentaires

Portrait de jean75017

je t'encourage a faire un bouquin car tu t'exprime super bien et surtout toi sa pue le vécu !!

pas théorique comme plein de bouquins de nos cher docteur!

j'espère que tu t 'adaptera a tes traitement si dieu le veu.

ce fut un plaisir de te lire en tout cas

Portrait de franckc

J'en ai ecrit un, envoyé aux 15 plus grosses maisons d'édition....réponses toutes négatives....il doit y avoir 15 000 fautes d'ortographe ;)

Seuls les maisons à compte d'auteur m'ont tous répondu favorablement, mais c'est de l'arnaque ces trucs là...

Mais je te remercie pour le compliment et la fait d'avoir lu jusqu'au bout ;) Si ca peut en aider certains....

Pour te rassurer j'ai changé pour STRIBILD, une révolution....pour le moemnt ;)

solidairement,

franck

Portrait de detlevera

Je viens de découvrir ton témoignage.

Quel recul ! 

Tu dois être en bonne voie pour parvenir à retrouver une forme de quiétude, un jour probablement.

Concernant le sommeil, as tu déjà pensé à consulter dans un centre dédié ?

Je l'ai fait pour ma part, et à force de tâtonnements et essais divers, qu'il s'agisse de produits (légaux), d'analyse, de thérapies (de groupe ou non), d'hypnôse et même d'EMDR, il semble que je (enfin, le médecin spécialiste) viens enfin de trouver la molécule (oui bon ok c'est de la chimie) qui me permettre une amélioration notable... même si ce n'est pas la panacée.