Tendre comme le souvenir (Apollinaire)

Publié par Rimbaud le 26.08.2017
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Je suis d’une nullité sans faille en amitié. Je mets la barre trop haute. Je suis dans le fusionnel qui mène inéluctablement à la déception. Le drame de ma vie, c’est de ne rien faire à moitié. Je n’aime ni la tiédeur, ni le mou, ni le compromis, ni le convenu, ni l’attendu, ni la complaisance, ni l’amabilité. Je ne suis pourtant pas asocial. Je loue les fêtes, le bon vin, les échanges, les rires, la connivence, le partage. Mais rien à faire : la lassitude arrive tôt ou tard. Une sorte de fatigue généralisée de l’autre. J’ai souvent loué l’humanisme alors que j’en suis totalement éloigné. J’ai pourtant fait de belles choses dans ce sens, jusqu’à aller bosser bénévolement au Liban aux portes de la Syrie, des films, des livres, des productions tournées vers les autres. Mais non, rien à faire. Je me désespère de moi-même. Et pour couronner le tout, je suis paresseux, je me force rarement. Je n’ai fait parti d’un groupe qu’une seule fois au lycée et ça s’est terminé par un harakiri.

-          Pourquoi tu racontes ça ?

-          Parce que là, je me sens dans la solitude du VIH. J’aimerais tellement avoir un ami avec qui partager ça. Une sorte de confident bien réel. Un mec à qui téléphoner, avec qui boire des coups… Lui dire mes questionnements, mes doutes, démêler le faux du vrai…

-          C’est une petite annonce que tu passes ?

-          Même pas. Je ne crois pas aux rencontres forcées. Je ne crois qu’au hasard.

-          Tu pourrais aller au local de AIDES.

-          Franchement, pour se retrouver quatre pingouins assis sur des chaises à faire de la psychologie de comptoir, non merci.

-          C’est méprisant ce que tu dis là et tu n’en sais rien.

-          Je sais mais je ne suis à l’aise que dans un face à face. Et j’en ai marre des structures préétablies à intégrer. Il faut se présenter, dire qui on est… on est à nouveau au sein d’un protocole finalement. Ce n’est qu’une prise en charge supplémentaire. Je ne suis passif qu’au lit. Dans la vie, je suis hyperactif.

-          On dirait que la poésie a totalement disparu de ton écriture.

-          Pourquoi ? Parce qu’il n’y a pas d’image ? Parce que j’adopte l’écriture blanche ?

-          Ce n’est pas dans tes habitudes.

-          Pourtant, ce que j’évoque, c’est le poids d’une solitude. Son épaisseur ouatée.

-          Tu l’aimes ta solitude. Tu la protèges. Tu as même choisi de t’enterrer dans un trou paumé.

-          Ta lucidité me fatigue. Je veux ressembler aux autres.

-          Tu leur ressembles. C’est ton narcissisme qui s’exprime en ce moment.

-          Quand je marche dans la rue, je ne comprends pas le monde qui m’entoure. Je ne comprends pas les gens qui regardent TF1, qui se passionnent pour le foot, qui s’extasient sur un téléphone portable, qui achètent du surgelé, qui ont un langage stéréotypé, qui ne sont pas eux-mêmes, qui ne pensent pas, qui agissent comme s’ils n’allaient pas mourir.

-          Tu n’aimes personne.

-          J’aime passionnément certaines personnes. Peu, c’est vrai.

-          Tu fais un complexe de supériorité.

-          Non. Je regarde le monde avec tendresse mais le monde a oublié ce qu’est la tendresse.

Commentaires

Portrait de h-en-attente_13

Pas mieux à dire sur mon propre ressenti...

Cordialement.

Portrait de Sealiah

Je suis blueseux aujourd'hui.Ne me demande par pourquoi,je le sais.

Pour me réconforter j'écoute et visionne la vie de mon idole de mes 7 ans.Mon ami Claude.Je sais c'est stupide mais je suis stupide.

Depuis 06:00 du mat je me complais dans cette torture.Je chante à tue tête.Les larmes me viennent, je pleure , je ris.La torture est toujours présente.

Ma torture c'est la fin définitive de ma plus grande et longue histoire d'amour.Par retour de courrier recommandé, l'espoir n'est plus permis.

J'ai aimé éperdument.Rarement.Ma mère,Wally et Laurent.Mes idoles aussi.Mes idoles sont parties, ma mère aussi et Wally.Reste encore Laurent.

Je me sens orphelin.Je m'ai encore.Combien de temps vais-je encore me supporter?

Tu exprimes , cher ami Rimbaud,cette solitude palpable que je ressens depuis ma plus tendre enfance.J'ai su repousser le grand saut.Un amour immodéré pour la poësie, les livres, la connaissance, la musique, mon homme, mes amitiés.Je ne sais plus quoi trouver comme excuses pour ne pas sauter.

Portrait de Rimbaud

Parce qu'il y a encore des fleurs à sentir, des hommes à baiser, des hommes à aimer, des hommes à écouter, des paysages à découvrir, des textes à créer, des combats à mener. Ce n'est pas une question d'âge, ni une question de relation terminée. L'amour, lui, dure toujours. Y compris pour Laurent qui t'aimera toujours. Il n'a pas le choix. C'est la nature même de l'amour. C'est consolant. Sors et va danser ! 

Portrait de Sealiah

Aujourd'hui sera une journée de merde.Je vais me sâouler et fumer grave.Peut-être écrire?

Portrait de Rimbaud

Relis plutôt Nietzsche et inspire-toi de Zaratouzstra ! 

Portrait de Dakota33

ah ah ah, décidement, une fois de plus tu m'enlèves les mots de la bouche, où les lettres du clavier et je me reconnais beaucoup dans ce dialogue ;-)

Portrait de Sealiah

La tribu des Awà.Bientôt un souvenir ou des mots dans vos livres.Elles sont où ces fleurs à sentir, ces hommes à découvrir et aimer?Quels combats?

Je n'ai pas de combat a mener pour vivre.Vos combats actuels ne sont que survie.J'ai souvenance d'un combat mené pour la protection de l'habitat naturel d'un insecte qui a fait reculer les buldozer.Pari gagné contre l'envahisseur irrespectueux.

L'amour parlons-en.Je ne sais pas ce que c'est mais je sais ce qu'elle n'est pas.

Si m'a tristesse était profonde hier c'est que le constat de ce "recommandé" l'est encore plus.Mon amour a été meurtri.J'oublierai la cause mais vivrai avec la blessure.

Je vais voir Gilbert Montagné qui passe au "pruneau show" à Agen.Ce n'est pas mon style de musique mais l'homme me plait.

Portrait de Sealiah

Je suis agoraphohe, asocial et je ne vous aime pas.Je suis aussi maso.J'aime me confronter à mes peurs.

Je ne peux pas te restituer l'ambiance musicale avec Gilbert.Pardonnes mes larmes.

J'ai en me faisant violence rencontré: lucas, Hugo, Cécile,Kamel, Loran,Amelie,Paul,Ludivine,Geneuviève, Amandine et un Lohic.

Mon agoraphobie est "relative".