un pas de plus enfin ....

Publié par jl06 le 22.11.2017
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Transgenres: «Le risque quand on fait sa transition, c’est que les proches s’en aillent»

A l’occasion d’une soirée sur la transidentité sur France 2, « 20 Minutes » a donné la parole à Léo, qui est en train de changer de genre et sa compagne Clem qui le soutient…

Oihana Gabriel - Publié le 22/11/17 à 08h05 — Mis à jour le 22/11/17 à 08h05

Léo et Clem, une jeune couple, a vécu la transition de Léo sans heurt.

Léo et Clem, une jeune couple, a vécu la transition de Léo sans heurt. — Léo

  • Ce mercredi soir, France 2 propose une soirée débat autour de la transidentité avec notamment un téléfilm sur un couple dans la tourmente pendant la transition du mari.
  • L'occasion de dresser le portrait d'un autre couple qui a vécu également une transition, mais avec délicatesse et soutien. 
  • En effet, quand Léo a rencontré Clem, il avait un prénom féminin, mais sa compagne l'a accompagné pendant sa transition toujours en cours.

Quand Marielle découvre son mari Paul en robe, perruque et boucles d’oreille, elle s’effondre. France 2 ouvre, ce mercredi, sa soirée spéciale dédiée à la transidentité en partenariat avec 20 Minutes avec un téléfilm dans lequel un couple marié depuis vingt ans va affronter cette « Epreuve de l’amour ».

Une nouvelle illustration de cette période parfois compliquée quand un couple se retrouve face au changement de genre. Mais dans la réalité, cette transition n’est pas toujours baignée de larmes.

Retrouvez le glossaire de la transidentité

Double coming out

Léo s’estime chanceux. Quand il a rencontré sa compagne actuelle, Clem, il avait un prénom féminin. C’était il y a trois ans et demi. Et c’est en équipe qu’ils ont vécu la transition de Léo. « Quand j’ai fait mon coming out trans, ça faisait quatre mois qu’on était ensemble. Ce n’était pas simple pour mes parents : d’abord je leur explique que je suis avec une fille et quelques mois plus tard, qu’en fait, je ne suis pas une fille », ironise le jeune homme de 21 ans.

Clem et Léo vivent à distance pendant deux ans… avant de s’installer ensemble à Paris il y a un an. « Avec elle, ça a été simple, elle a tout de suite adopté les bons prénoms et pronoms », se remémore Léo. Pour eux, la transition s’est faite délicatement. Si bien que Léo n’en a pas de souvenir précis. « J’avais parlé des problèmes de genre avant », croit savoir Léo. « Non la première fois, c’était trois mois après qu’on s’est mis ensemble », sourit sa compagne.

Une transition sans heurt

Léo s’est coupé les cheveux, mais n’a pas changé l’intégralité de sa garde-robe… « Je n’étais pas la personne la plus féminine du monde, il n’y pas eu un gros changement du jour au lendemain, précise-t-il. Et puis nous étions dans une situation atypique, puisque nous avions une relation amoureuse à distance. Le quotidien se faisait par téléphone et internet. Et surtout, je suis resté la même personne, mes hobbies, mes passions, nos sujets de conversation aussi. »

Même son de cloche du côté de Clem, qui a vécu cette période de transition aux premières loges. « Au début de notre relation, il m’a expliqué qu’il pensait être bigenre, raconte-t-elle. Je lui ai demandé comment il voulait que je l’appelle. Quelques mois après, il m’a dit qu’il était uniquement un homme. » Une décision respectée par Clem. « Mais j’ai mis trois mois pour arrêter de dire "elle" dans ma tête », avoue la jeune-fille.

Qui promet que leur quotidien n’a en rien été chamboulé. « Qu’on soit une fille ou un garçon, ce qui nous est arrivé dans la journée, ça reste la même chose. Sauf qu’avant il me disait, je suis allé à Carrefour et qu’aujourd’hui il ajoute "et la vendeuse m’a appelé Monsieur, c’est chouette" ». Le seul vrai changement est d’ordre pileux : « depuis début 2017, il prend des hormones et commence à avoir de la barbe, dont il est très fier d’ailleurs », s’amuse Clem.

Un soutien précieux

Pour Clem, accompagner le choix de Léo est une évidence. « Je pense qu’il aurait fait avec ou sans moi cette transition, mais ça aurait été plus dur, solitaire et triste sans personne pour le soutenir. »

Une aide précieuse pour Léo. « Le risque quand on fait sa transition, c’est que les proches s’en aillent. C’est déjà pas facile quand on est entouré, mais alors seul je n’ose imaginer… Cela fait du bien d’avoir quelqu’un pour m’accompagner chez l’endocrino ou le psy ! » Et Léo a l’impression que son couple solide peut rassurer ses parents : ni cette relation amoureuse, ni sa transition ne sont des passades !

« Ils ont mis trois ans à m’appeler Léo »

Car si Clem n’a posé aucun problème, faire accepter à sa famille un changement de genre n’a pas été simple. « Ils ont mis trois ans à m’appeler Léo, résume-t-il. En juin dernier, on a fait un repas de famille pour les 18 ans de mon frère. Ma grand-mère maternelle est arrivée en me disant j’ai une surprise pour toi, à partir de maintenant je vais t’appeler Léo tout le temps. Depuis, ils font tous des efforts et se corrigent d’eux-mêmes. Globalement, je fais partie des chanceux, personne dans ma famille ne m’a rejeté. Et des ados qui se retrouvent à la rue après leur coming-out, on en connaît… »

Le jeune couple espère lutter contre les clichés. La transidentité, inacceptable pour les personnes âgées ? « Les personnes qui m’ont le plus aidé, ce sont mes grands-parents », confie Léo. Comment on explique à un enfant le changement d’identité ? « Avec les frères et sœurs plus jeunes de Clem, tout s’est très bien passé aussi, rétorque-t-il. Pour un enfant de huit ans, c’est simple, c’est juste que je préfère être un garçon. »

Et Clem de conclure sur un message d’espoir. « J’aimerais dire à tous les trans qui ont peur de finir seuls, moi j’ai été avec Léo avant qu’il fasse sa transition. Je l’ai présenté à mes parents. Et ma famille nous accepte, nous aide. Il y a toujours des gens biens pour vous soutenir. »

« Soirée continue fiction suivi d’un grand débat en direct "Transgenres : la fin d’un tabou ?" à partir de 20h55 le 22 novembre

Commentaires

Portrait de Kitsune

oui, c'est un pas de plus et il est réellement le bienvenu. La programmation sur une chaîne publique à l'heure de grande écoute témoigne de l'avancée qui s'opère peu à peu actuellement dans la société française.

J'ai dans mon parcours cotoyé peu de transgenres hommes et femmes, mais je leur reconnais à toutes et tous un courage que je saurais avoir.

Il faut en effet être d'une très grande force (quand bien même il n'y a pas de choix autre et absolu qu'enfin ressembler physiquement à qui l'on est intrinsèquement) pour s'inscrire dans le temps, trouver les fonds nécessaires à la transformation, accepter les aléas (même minimes) des interventions chirurgicales, s'astreindre aux prises médicamenteuses, batailler avec les institutions, essuyer les rebuffades, affronter les barrages de tout type, enchaîner un quotidien toujours plus pesant durant les mois où s'exerce la transformation, affronter le regard qui se pose sur vous, accepter perdre la partie de son entourage qui ne saura admettre ou comprendre, aller chercher et demander l'aide des personnes ad-hoc, trouver à terme de nouveaux amis et une ou un partenaire de vie si besoin est.

Ce qui m'a toujours le plus questionné sans que je m'en ouvre aux intéressé-e-s, c'est savoir comment était vécu sur le plan psychologique ce bouleversement majeur, avec ce moment clé où, la transformation achevée, vous êtes en possession d'une carte d'identité qui n'est pas votre identité, témoin d'un passé qui n'est juridiquement plus le vôtre ? Je me suis aussi toujours demandé comment est vécue cette rupture dans la continuité historique, tant dans l'instant qu'au regard du passé qui est sien : même si la perspective d'être enfin soi prime, il n'en reste pas moins que le passé qui est sien l'est et ne l'est plus à la fois. Vous voilà enfin une seule et même personne mais votre histoire est marquée par cette rupture difficile sinon impossible à circonvenir : il s'agit d'être un après avoir été deux, quand bien même l'on a toujours fait qu'un. Que fait-on de ce deux, même si de tout temps accepté pour être partie de soi (il serait sympathique que si parmi les lecteurs de Seronet se trouvent des trangenres ou des personnes à même d'apporter leur vécu en tant que témoins, celles-eux-ci prennent le clavier) ?

Portrait de jl06

mon approche avec des transgenres (Masculin), et assez compliqué puisque l,ont y parler et fait que du (cul)

je me suis jamais poser la question de leur souffrance je l,avoue (honte à moi j,assume) mais avec le recul effectivement leur vie doit être d,une complexité ....

attention : je fait bien la difference entre les gogotrens , et ceux qui veulent plus  , une vie de famille, dans la normalité ,

pas le même parcours bien sur !

cela dit leur droit doit être le même que nous autres les( soit-disant normaux ) et encore ....peut être plus pour longtemps !

comme tu le dit Kitsune un grand progrés va être fait se soir ....

Portrait de Kitsune

- Mea culpa pour commencer : moi qui suis attaché aux choix sémantiques, j’ai employé le terme « transformation » en lieu et place de « transition », autrement plus en adéquation avec le processus (le terme englobe en effet parfaitement les aspects historico-physio-psychologiques, la transformation traînant avec elle cette connotation de quasi bête de foire);

- le progès a débuté cet après-midi sur France2 dans l'émission "Ça commence aujourd'hui" qui accueillait des transgenres hommes et femmes : ce fut parlant et s'il faut retenir une chose de ce qui a été développé c'est : l'Amour, quel qu'il soit, fait fi de la représentation sociale ou sexuelle (j'aimerais pour ma part qu'il triomphe de tout !);

- il y aurait entre 10 000 et 15 000 transgenres en France;

- la France s'est dotée dans la loi du 18 novembre 2016 d'un dispositif juridique qui simplifie le changement d'état-civil mais semble bien difficile à mettre en oeuvre;

https://fr.wikipedia.org/wiki/Aspects_juridiques_de_la_transidentité

- le gouffre qui s’ouvre au transgenre une fois la transition achevée doit être à la fois grisant et terrifiant : grisant car il s'agit de liberté à l'état pur, il y a enfin la plénitude souhaitée, un calme intérieur lié au fait d'être en accord avec soi-même prend le pas sur les stress divers du parcours transitionnel, il s'agit d'une naissance-re-naissance, et terrifiant, car le regard porte à l'infini dans un espace redéfini : se pose alors la question qui ne se posait pas avant pour ces êtres en souffrance : le bonheur va-t-il durer ?

Portrait de hellow

Kitsune wrote:

Il faut en effet être d'une très grande force (quand bien même il n'y a pas de choix autre et absolu qu'enfin ressembler physiquement à qui l'on est intrinsèquement) 

...ça m'fait penser à nos objecteurs de conscience qui, déjà, savent qui ils ne seront pas.