Durant toutes ces années, j’ai fait de la solitude le lieu de la pensée, de la cohérence, au rythme du temps qui s’égrène, loin des contraintes, des jugements et des impératifs. Un poste d’observation. Je suis convaincu que le VIH va m’apporter des choses essentielles, des éléments manquants, qu’il va combler des failles. Je l’ai su dès la première journée. Je m’ouvre au monde, doucement ; j’essaie de me réconcilier avec lui, de lui donner encore sa chance. Quitte à être déçu et à retourner me terrer. J’ai pourtant toujours cru aux rencontres. Très jeune, Les Amants du Pont-Neuf. Cette phrase décisive. « Il faut croire aux rencontres ». J’en ai fait d’exceptionnelles. Je reçois quantité de messages sur le site de rencontres. Certains sexuels mais la plupart, ce sont des messages de soutien, de compréhension, provenant de séronégatifs qui m’invitent parfois à boire un verre. Le narquois évoquera la pitié et je lui répondrai que la pitié est un sentiment noble, christique, corporel. Je dialogue avec des séropos et je ne suis plus enfermé en moi-même. Ils sont directs, francs, sans détour, peu nuancés. Ils me plaisent. Il y a aussi des fous, des mythomanes, des inventeurs d’histoire. L’un prétend avoir été médecin, spécialisé dans le VIH ; qu’il invitait tous ses patients à dîner chez lui et que, bien entendu, tous venaient ; qu’il teste chaque nouvelle molécule sur ses patients les plus forts ; qu’il est marquis ; qu’il a deux châteaux ; qu’il invite quarante personnes chez lui. Romanesque. Délirant. Un jeune de vingt ans veut que « je lui remplisse le cul ». Une tristesse immédiate me saisit. Une terreur. Un professeur d’histoire me fait un cours sur la conscience de la mort dans des formulations incompréhensibles et se dit légitime car bien que séronégatif, il a vécu avec quatre séropos (en même temps ?). Une vieille connaissance qui ne m’a pas reconnu m’invite au bord de sa piscine. Je suis tenté mais je renonce. Je reprends contact avec la diversité des êtres. Je reçois un nouveau mail de Roméro qui me conseille un livre que j’ai lu. Je ne suis donc pas seul. C’est étrange. C’est un sentiment étrange. D’une grande douceur. Qui me surprend. J’utilise le virus comme vecteur humain. Il est le pont du film et, au loin, on perçoit les premières notes d’une musique.
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Commentaires
vectrice d'illusions rassurantes
... """ Je suis convaincu que le VIH va m’apporter des choses essentielles, des éléments manquants, qu’il va combler des failles. """
oui , il faut un bon cancer, vih ou autre saloperie, être cloué sur un fauteuil, pour commencer à se dire que finalement.....la vie n'vaut rien, mais rien n'vaut la vie .......hallucinant, non ???
Pfff
Peut-être que tu as toujours été d'une perfection totale avant le vih, que ta vie a toujours été au top, que tu es l'excellence absolue et que donc tu n'as rien à apprendre de la maladie. Moi je pense au contraire que l'irruption d'un virus ou d'une maladie nous apprend beaucoup, que ça nous fait réfléchir, que ça induit des changements. Ton commentaire est une simplification de mes propos.
Vecteur
Vecteur ?
Si tu sembles t'ouvrir à nouveau aux autres depuis le VIH, ce fut l'exact contraire en ce qui me concerne : d'un naturel plutôt réservé, le VIH à cristallisé mes angoisses et ma peur de l'autre, ou plus exactement ma peur du jugement de l'Autre. Problème d'ego.
Dans un 1er temps, le VIH a probablement été prétexte à me renfermer davantage sur moi même, avec mes idées préconçues (trop) souvent, mes désillusions, et également avec la bien piètre image que j'avais de moi. Manque de confiance. Problème d'égo.
Mais il a été aussi à l'origine de ma remise en question, comme le cancer, qui lui a davantage été le vecteur de la chute avant la reprise en mains.
Effectivement il faut qu'il se produise parfois dans une vie des événements à priori peu rejouissants pour qu'il en ressorte du positif.
Renaissance ? Seconde chance ? Découverte ? Ou apprentissage ?
.
On voit beaucoup de remise en question dans ton message, on voit que "tu te penses", que tu penses ta vie. C'est touchant. Moi-même tu sais, je ne sais pas, c'est le début : j'essaie de ne pas me renfermer mais combien de temps ça durera... ?? Pas longtemps peut-être ou alors au contraire je vais faire des rencontres fortes... mais ce changement m'intéresse.
Pfff ?
c'est étrange, je pensais être d'une perfection tout aussi totale, voire d'une excellence tout autant absolue que ton VIRUS, et par la même capable de t'apporter moi aussi des choses essentielles, un autre regard sur toi même ?!.
Désolé, à l'avenir j'essaierais de panser l'égo d' Arthur Rimbaud
désolé
J'ai cru que ton commentaire était sarcastique, que tu te moquais de ce que j'écrivais, à cause du "hallucinant non ??"... j'ai mal compris ton message, je te présente mes excuses.
Restes en observation.
Le VIH est l'ouverture à la conscience.Notre mortalité.La beauté de mon amour, ta mort.
Je sacrifie mes amours.Ma beauté invite à l'amour.Ma S+ les font fuir.
Mes amours me font des reproches.Tu ne nous a pas tout dit?Que m'avez-vous dit?Rien.
Ta mortalité , tu la connais.L'accepter ?Je l'accepte.Personne n'est responsable.
Ma dernière déconvenue me la confirme.Je reste observateur.Dois-je ne plus croire en l'amour parce que quelques personnes ont trahis l'amour?Que l'amitié est fake?Joke?
Perçois -tu mes notes de musique?Je suis ton écho (égo ).
Je vous sent distant.Toi et les autres.Pas de paranoïa chez moi.
I'm a fool?
J'aime la folie.J'ai parfois envie de vous tuer.I'm not responsable.
Restes observateur, Rimbaud.Je suis libéré du monde.
I'm a fool.
Je vous ramène à votre réalité.
Je suis serein.Je repousse le saut.
Ma source lumineuse n'attire que MOI.
I'm nothing.I'm illusion.
non, non
non, non tu avais bien compris le "hallucinant, non ???" ou plutôt "c'est dingue, non ???"
et ce n'est pas pour me moquer mais bien pour t'ouvrir sur la réalité
quand tu écris "je suis convaincu que le vih va m'apporter ...etc " c'est une illusion
la simple idée du vih insupporte le mental qui se doit d'induire des pensées rassurantes et convainquantes, c'est vital pour lui, et c'est son job, je crois.
de là à croire que le vih est une chance ou une bénédiction, c'est de l'inconscience
PS : c'est à moi de te présenter mes excuses, car je devrais savoir m'abstenir d'intervenir
bah
Je n'ai jamais dit que c'était une bénédiction, ni une chance... je dis que tout a une utilité, même la pire des saloperies. S'il induit par réaction une pensée rassurante, tant mieux... que ça fasse parti du processus n'enlève rien au côté rassurant de cette pensée. Les gens qui ont vécu le plus de drames dans leur vie sont souvent les plus riches, les plus réfléchis, les plus solides, enfin moi je remarque ça...
mais
c'est formidable d'intervenir, ça me fait réfléchir et remettre en question, c'est tb.
Sealiah
Il y a beaucoup de contradictions, de ruptures, de sauts, de silences dans tes commentaires, t'es un mallarméen toi ;)
Premier texte
Légèrement teinté d'optimisme concernant ton virus ; Je me dis ça y est, Rimbaud commence un processus d'acceptation et de réparation. Et Paf ! On vient casser ta baraque.
Je ne suis personne.
Je reviens vers TOI.Tu n'es pas Arthur Rimbaud.
Cmoi
Je suis riche.
Ma richesse est ma douleur.
Je pars pour Aden.Désolé Arthur.J'ai besoin d'espace.J'étouffe.
Je ne supporte plus vos mots.Ils m'insupportent.
J'ai consessionné .MOI qui ne suis sans concession.
Je me suicide virtuellement.Je me suicide.
Relisez Arthur Rimbaud.Pas lui mais LUI.
No bises de MOI.
Féerie pour une autre fois
Comme d'habitude je suis hors sujet, quoi que
Mais si ce n'est pas encore fait
Dans un tout autre style
Ne pas oublier de lire où relire CELINE
...
non
T'es pas hors sujet du tout ! Oui oui à Céline et son Voyage, j'y pense beaucoup en ce moment (hélas). ;)