à votre santé, messieurs dames !

Publié par laurent44 le 18.11.2011
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lu ce matin.

Voilà une affaire qui met une nouvelle fois en lumière les pratiques douteuses en cours dans l’industrie pharmaceutique. Un laboratoire allemand, Riemser, va déposer plainte au tribunal de grande instance à Paris aujourd’hui pour « faux et usage de faux, tromperie et falsification », contre un laboratoire français, Genopharm, filiale du groupe Alkopharma.

Les Allemands accusent Genopharm d’avoir sciemment commercialisé des lots d’un puissant anticancéreux qu’ils fabriquent, le Thiotepa, après sa date de péremption. D’après les éléments recueillis par Riemser, le produit se trouvait encore sur le marché début 2011 alors que sa date d’utilisation arrivait à expiration en mars 2009. Au bout de dix-huit mois, le produit perd beaucoup de son efficacité, ce qui risque de fausser gravement les traitements.
 

Accusé d’avoir remis de faux certificats à l’Afssaps
 

Saisie par les Allemands en mars, l’Afssaps, l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé, a procédé à un rappel de deux lots suspects le 12 octobre dernier. L’affaire aurait pu s’arrêter là si Riemser n’avait pas découvert d’autres faits plus graves. Le groupe allemand accuse Genopharm d’avoir confectionné un faux certificat de date de péremption courant jusqu’à août 2011, remis à l’Afssaps lors de son enquête auprès du laboratoire français. Pour Riemser, désormais, il n’est plus question de s’en remettre aux seules autorités sanitaires françaises mais de transmettre le dossier à la justice.

L’affaire est d’autant plus sensible que le Thiotepa est utilisé principalement aujourd’hui dans la recherche et le traitement des cancers de l’enfant, notamment ceux du sang, et aussi le traitement des tumeurs solides (lire encadré).

Quelles conséquences pourrait avoir la commercialisation des 30000 lots de Thiotepa après la date de péremption? Pour l’instant, c’est difficile à dire. Même les spécialistes sont réservés. L’Afssaps assure qu’aucun cas de pharmacovigilance (c’est-à-dire ayant entraîné des problèmes chez des patients) n’a été détecté. Mais n’y a-t-il pas eu un défaut dans la chaîne de contrôle en France? Saisie du même dossier, la Suisse, où le groupe Alkopharma possède des sociétés, a en effet déjà ouvert une enquête judiciaire et procédé à des perquisitions. Contacté, le PDG du groupe, Alain Bouaziz, n’a pas donné suite à notre demande d’entretien.

Derrière le problème sanitaire et l’accusation de faux, ce dossier illustre aussi la nouvelle tendance aujourd’hui dans l’industrie pharmaceutique, où de petites sociétés se placent sur des marchés de niche abandonnés par les grands groupes.

Source Le parisien