La fleur de mon secret

Mots clés  : annonce séropositivité

Bonjour,

Je vous viens ce soir car je me pose beaucoup de questions.

Mon couple qui existe depuis le 15 janvier 2006 bat de l'aile très sérieusement.

J'epsère sincèrement que mon compagnon va réaliser que la crise de la cinquantaine, ce n'est pas à moi à la peyer et que je n'ai rien fait que pour mériter tout ça d'autant que moi je l'aime toujours...

Bref, si je devais être à nouveau sur "le marché", je serai inévitablement confronté à diverses choses à dire, à expliquer...

Les personnes qui fréquent le milieu gay le savent, c'est parfois très limite; La normalité est encrée dans la société mais dans le milieu gay, ce n'est plus être normal, c'est être un bijoux au service de la population si je puis dire... La métaphore est brute mais elle donne le ton.

Je suis séropositif depuis 2010 et sous traitement depuis la même année; Annonce en octobre et mise sous traitement en décembre.

Lorsque j'ai dû l'annoncer à mon compagnon, c'était très dur mais je le connaissais et je savias les mots à utiliser pour que ça ne le tromatise pas trop...

Du moins, j'espère ne pas l'avoir tromatisé.

Là, si je devais être sur "le marché", je ne sais pas du tout comment je l'annoncerai.

En effet, il y aurait déjà une "grosse barrière", c'est mon handicap.

En effet, je suis aveugle depuis mes 15 ans.

Du coup, ça risque de déjà bloque à ce stade là.

A l'époque, en 2006, quand je sortais comme un fou, que j'étais jeune, plus ou moins beau, frais,...

L'on me demandait des choses du genre "SI tu es aveugle, tu fais comment pour sucer?" ou "Aveugle? Ah! Tu fais comment pour trouver la bite?" ou encore "Ah tu vois pas du tout mais alors tu fais comment pour vivre?".

Autant de questions qui m'avaient choquées à tors ou à raison...

Ils seront en plus aujourd'hui confrontés au fait que je suis passé de 80-85kg à 100kg (mais je fais des efforts que pour reperdre) et ils seront en + confrontés à la séropositivité.

Du coup, ça donnerait...

"Bonjour" "Bonjour, TU me vois?" "Non mais t'inquiètes, je vis" "Ah tout va bien alors mais tu fais comment pour me reconnaitre" (exemple) "Ah ça, on verra mais souvent je fonctionne à la voix" ... "Par contre, t'es pas le plus mignon des mecs mais t'as l'air gentil" "Bon, merci mais... Il y a autre chose... TOus les jours, je dois prendre des médicaments et si je les oublient bien je peux être dangereux pour mon partenaire; TU vois ce que je veux dire?" "Ah, ouille! OUps, je dois aller aux WC.... Je reviens..."

Mais en fait plus personne...

Comment faire?

A votre avis?

Avez-vous déjà vécu ça ?

Je me sens juste sal, moche, gros, comme dirait mon compagnon ou mon ex ((on saura jamais!) un boulet,...

Des idées pour que le brouillard devienne un peu moins épais?

Merci,

Bonne soirée,

 

Commentaires

Portrait de hellow

 

Salut Joey,

Beaucoup de questions dont tu n'as pas besoin des réponses car tu ne peux pas être sur le "marché" puisque tu l'aimes toujours.

Si tu l'aimes toujours et que lui non ; appliques-toi à être son ami et même son meilleur ami, ne sois pas son boulet et à la question "comment tu vas ?" tu répondras "moi je vais bien quand toi tu vas bien !"

Et puis, je vais te poster une vidéo d'un gars qui a perdu des kilos sans trop d'efforts car tu ne peux pas aimer en te sentant juste sal, moche, gros etc....

Courage Joey

Portrait de hellow

Portrait de Philippe Hème

Bonjour Joey,

Ta question, on se l'est tous posé des milliers de fois, sans trouver de recette miracle. Comment je vais lui dire que je suis séropositif ?

On a certainement tous essayé plein de possibilités : ne pas le lui dire (on verra bien plus tard), le lui dire tout de suite (au moins comme ça c'est fait), attendre que des sentiments soient là avant de l'annoncer (il ne me réduira peut-être pas à ça), le dire sans le dire (s'il est intelligent, il comprendra) ...

On s'est rendu à l'évidence : la plupart du temps, cela génère du rejet, même si "la manière de dire" compte beaucoup.

La manière de dire, justement, c'est bien la seule chose sur laquelle on peut avoir un peu de maîtrise. Parce que, sinon, la réaction de l'autre, on ne peut pas la maîtriser. Rendons nous à ce constat : si l'autre réagit mal, me rejette, c'est d'abord son problème. Je n'en suis pas responsable. S'il se comporte mal, c'est à lui de se remettre en question.

Sauf que, des gens qui se comportent mal, comme nous tous, tu en as déjà croisé pas mal. Il ne leur faut pas grand chose : un handicap, un surpoids ... Tu as déjà trouvé une certaine sagesse dans ces circonstances : tu les écoutes moins (et ça te blesse moins) ; tu les informes (ils sont surtout d'une ignorance crasse).

Pour la séropositivité, c'est un peu la même chose. La plupart du temps, c'est de l'ignorance qui s'exprime, bien nourrie par la peur (ou plutôt l'angoisse, c'est à dire la peur de ce qu'on ne connait pas). Il faut dire que les campagnes de sensibilisation ont bien marqué les esprits sur ce point : on a fait du séropositif le monstre dont il faut se méfier à tout prix.

"You éducate them" : c'est une réplique du dernier épisode de la web-série The Grass is Always Grindr (que je te recommande !) qui m'a marqué. La solution, la seule vraie solution, c'est d'informer ton interlocuteur. Lui expliquer la réalité de la vie avec le VIH aujourd'hui :

- On n'est pas malade quand on est séropositif

- Sous traitement efficace, on vit très bien et en bonne santé, avec la même espérance de vie que tout le monde

- Et surtout : on ne peut plus transmettre le virus. Avec leur traitement, les séropositifs protègent les séronégatifs (on n'est pas trop sympa ?).

Si une fois informé, ton interlocuteur restent sur sa peur et son rejet, tu ne peux rien pour lui ! Et c'est peut-être pas plus mal de t'en éloigner. Car tu mérites de rencontrer des gens intelligents, pas des cons finis.

Je fais toujours la même réponse, que je te livre aussi, quand on me demande : "Comment et quand le dire ?". A chacun de l'adapter à sa personnalité.

D'abord, c'est toi qui décide le moment. Souvent, c'est selon ce que tu ressens avec la personne, le feeling quoi. Pas de moment obligé : le seul bon moment, c'est celui que tu choisis toi. On a le droit de ne pas raconter ça tout de suite (et en cela, on ne fait rien mal !).

Ensuite, les mots sont importants. Ce n'est pas utile de dire d'emblée : "je suis séropositif", parce que cela n'évoque, chez la plupart des gens, que des idées fausses (en gros : on est immédiatement renvoyé à ce qu'ils ont vu dans Philadelphia ... Au secours !).

Je crois que le meilleur moyen d'en parler, c'est de choisir une phrase positive (ah ah !). Ma préférée, c'est : "Tu sais, j'ai un super-pouvoir : je ne peux plus transmettre le VIH !". Quand tu réfléchis bien, c'est encore le meilleur moyen de ne laisser aucune place à cette peur de l'attraper que chaque personne doit éprouver quand on lui dit : je suis séropositif.

Je conseille aussi d'en parler dans un moment agréable et sans grosse entrée en matière, genre : "J'ai un truc à te dire". A un moment où tu es bien. En souriant aussi, parce qu'on peut très bien sourire et être détendu pour parler de la vie avec le VIH.

Je termine sur ce point. Bien entendu, tu peux légitimement craindre ce moment. La personne en face peut mal réagir. La plupart des gens, soyons honnêtes, vont mal réagir. Mais il y aura aussi (peut-être plus que tu ne le crois) des personnes qui réagiront bien. Certaines vont même peut-être te surprendre (on s'attend tellement à des mauvaises réactions, qu'on oublie d'imaginer les bonnes). Surtout, ne passe pas à côté de ces bonnes réactions ! Accorde aussi à la personne qui est en face de toi de bien se comporter. Celle-là, précisément, en vaudra la peine.

Je ne dis rien sur tes autres inquiétudes, que je comprends aussi cependant.

Le grand défi pour toi, désormais, c'est de retrouver l'estime de soi qui semble t'avoir un peu quitté. Aveugle, gros, ou séropo (j'emploie ces mots volontairement) : tout cela ne suffit pas à te définir ! Ta valeur n'est pas réduite à des états. Tu dois relever la tête, prendre soin de toi, être un peu gentil avec toi-même et commencer une nouvelle étape de ta vie, la tête et le coeur hauts !

Bonne route.

Philippe

Portrait de joeybxl1988

Bonjour,

Merci pour vos réponses.

Je ne suis en effet pas sur le "marché" car je l'aime toujours; Quasi autant qu'au premier jour.

Nous vivons toujours ensemble car trouver un appart pour moi, c'est super compliqué...

Chaque fois qu'il n'est pas là, il me manque...

Ca fait plus d'un mois que je pleure sans arrêter...

Et je commence à croire certains propos qu'il m'a tenu comme "boulet" par exemple...

Pour ce qui est de mon handicap, je l'ai vécu, les gens ont peur, du moins c'est ce qu'ils disent quand j'insiste un peu que ça soit des gens à rencontrer (à l'époque, 2006)) ou même dans des relatiosn sociales classiques à savoir collègues d'auditoire...

Par ailleurs, je le vis encore plus à travers des recherches immobilières;

Ayant voulu voir si c'était faisable, j'ai déjà fait quelques visites depuis la mi-juillet et jusqu'à lors, on me dit toujours que ça ne va pas être possible ou dés lors que la personne connait mon handicap, je n'ai plus de réponse ... Sur une trentaine de mails envoyés et sur une petite dizaine de visites faites, aucun résultat positif.

Alors si avoir un appart c'est dur en raison de mon handicap, je n'ose pas imaginer d'avoir un mec ...

Puis arrive donc le souci de la séropositivité.

Oui, la façon de le dire est importante, oui il faut pouvoir savoir quand le dire ...

Mais faudrait déjà passer la barrière du handicap puis de là, on arrive sur la séropositivité.

Moi, franchement, je me mets à la place de la personne, je peux comprendre ...

Déjà qu'elle doit assimiler mon handicap ... Si elle doit en plus comprendre le VIH ...

On n'est vraiment pas sortit de l'auberge ...

Que ça soit mon handicap ou ma séropositivité, je vis tout ça assez mal ... Je rêvais de conduire une voiture, je rêvais de voir mon futur mec ,... Je rêvais ... de voir ,... Et pour le VIH, je n'ai pas cherché à l'avoir mais ça c'est encore un autre sujet le mode de contamination ...

Non, je ne m'estime plus car rien qu'à me toucher, un ventre, du gras, un mec qui pleure sans arrêt depuis un mois ... ; Ca, ça ne vaut pas grand chose .......

Dans ma vie, des épreuves, j'en ai connues ...

2001: Mise en placement par le juge de la jeunesse, violences

2003: Perte de ma vue

2008: Mort d'un très proche

2009: Mort d'un autre très proche

2010: Séropositivité

2011: Mort d'une très proche

2013: Mort de la personne avec la qui j'étais le plus fusionnel, mon cousin ...

2014: Mort de ma meilleure amie

2017: Fin de collaboration à l'agence immobilière avec mon compagnon car selon lui je devenais trop envahissant

2019 : 23 juin 2019: Mon compagnon m'annonce qu'il me trompe et me quitte car il le dit sans vergogne, il a besoin de nouveaux horizons ...

Je me suis déjà assez battu dans cette vie ... Mais là, c'est le combat, l'épreuve de trop ...

Survivre, j'ai su le faire car j'étais plus qu'heureux avec mon compagnon mais depuis le 23 juin, ce n'est juste plus possible ...

Je ne sais pas pourquoi je me livre comme ça mais voilà ...

Et désolé du dérangement .

 

Portrait de hellow

 

Salut Joey,

Et si c'était l'épreuve d'amour ....si tu l'aimes vraiment tu as juste à être heureux de le savoir heureux et donc arrête de pleurer puisque tu l'aimes et fais en sorte que chaque fois qu'il n'est pas là, ce soit toi qui lui manque...

En attendant réapprends à t'aimer (fais un régime si il le faut) et surtout réapprends à rire, c'est le seul moyen de contrer ta peur et donc tes pleurs.

Courage Joey

Portrait de joeybxl1988

Donc, selon toi, si jamais on devait considérer qu'il est heureux bien je devrai m'en satisfaire et faire comme si de rien était au nom de l'amour...

Bon, je vais devoir méditer là-dessus.

Admettons qu'il soit heureux, tant mieux pour lui mais sans rentrer dans les détails car ça serait trop long et compliqué, de mon côté, je n'arrive pas à voir heureux ... ...

Mais merci ...

Portrait de joeybxl1988

Par contre, j'ai toujours respecté toutes mes promesses mais là, il y en a deux que j'ai fort peur de ne pas respecter ... :( :( :(

Portrait de hellow

 

Selon moi, si tu l'aimes, tu ne dois pas faire comme si de rien était, mais tu dois vraiment être heureux de le savoir heureux.

Et puis vous êtes encore ensemble, non !?

Portrait de Mehdi0913

Salut Joey, 

Bien qu'étant pas séropo, j'ai lu ton témoignage et je vais essayer de t'apporter une lumière.... En ce qui me concerne, j'ai été un boulet de puis ma naissance :

Naissance issue d'un viol
Enfant et adolescent maltraité
Violé à l'âge de 9 ans
Mal soigné quand j'étais jeune par un docteur qui n'a jamais compris ce que j'avais, donc il m'a donné un traitement qui allait pas
Passé ma jeunesse en foyers, alors que j'avais des parents
Décès de ma copine et de mon enfant en 1995
Décès de mon ex en 2007
Décès de mon meilleur ami en 2016

Et j'en passe...

Aujourd'hui ça va mieux parce que j'ai voulu avancé et je me suis donné les moyens de le faire par je m'occupe, je crée, je suis un artiste et je travail dans le social, et pourtant c'est pas facile de remonté la pente avec tout ça derrière et moi aussi je passais pour un handicapé aux yeux des gens, sans compter le racisme que j'ai subit aussi...

Et je me suis dit, tiens malgré tout ça il faut rester positif et je l'ai fait ce qui a été ma force...

En ce qui te concerne, si tu veux tu peux annoncer ta séposivité en faisant de l'humour et parler de toi avec humour car ça plait au gens.

En qui concerne ton mec, je comprends que tu l'aimes car peut-être tu ne trouveras jamais une personne comme lui, mais il faut lui souhaiter du bohneur, ça sera pas pareil que toi mais si il est heureux c'est son choix et tu dois le respecter... et sûrement qu'il t'aime toujours...

Sinon construit des choses utile malgré ton handicap, rencontre des gens, et tu verras tu te sentiras mieux....