La liberté ou la mort ?

Condamner un supposé coupable à une peine d'emprisonnement relève des compétences de la Justice et il n'est pas question ici de les remettre en question. Ce sont les conditions d'application de la peine qui suscitent, en France, une légitime interrogation à défaut d'un véritable débat.

Début 2011 : environ 64.150 personnes sont incarcérées, des prisons souvent vétustes pour ne pas dire insalubres ou sordides, avec un taux de surpopulation de 114 % et un record européen du nombre de suicides... L'aimable promesse du ministre de la Justice, Michel Mercier, de porter à 70.000 le nombre de places d'ici 2018 (contre 56.500 actuellement), grâce à la construction de 36 nouvelles prisons ne va rien résoudre pour autant. "Les peines prononcées s'alourdissent et le temps passé en prison s'accroît. Or, ce ne sont pas les les condamnations pour meurtres qui s'aggravent, (…) mais celles des délits jugés en correctionnelle", précise Pierre-Victor Tournier (statisticien au CNRS.)
Si le coût de ce vaste chantier, qui se veut aussi discret que patient, est estimé à 5.844 millions d'euros, le bilan humain se trouve quant à lui ignoré.

Contrairement à ce que la loi du 18 janvier 1994 est supposée garantir, le secret médical se trouve quotidiennement bafoué : la distribution des médicaments est parfois effectuée par des surveillants pénitentiaires et non par des personnels de soins. Dans des cellules surpeuplées, les toxicos ou les porteurs du VIH/VHC apprécieront cette publicité tonitruante.

L'autre bonne idée du ministre s'appelle "creuser une piste". Pour un sénateur, président d'un Conseil Général, l'immaturité politique semble acquise. Michel Mercier semble confondre un film d'évasion amusant avec cette citation profonde qui lui est attribuée : "creuser l'idée d'une agence nationale du travail en prison". Espérons qu'elle soit au moins aussi efficace que le Pôle-Emploi. La main-d’œuvre à moindre coût en a marre de peser des clous et de plier des prospectus publicitaires, ou de creuser des tunnels...