Les maux pour le dire

Publié par Ferdy le 09.03.2011
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Découvrir la séropositivité, en 2011, fait toujours l'effet d'une bombe, à retardement bien sûr, mais que l'on sait devoir porter en soi toute sa vie.

Pourtant, entre le jour où ce verdict tombe et la veille, rien n'a véritablement changé et cependant, nous le savons, rien ne sera jamais plus comme avant.

L'annonce est ainsi vécue comme un changement radical, alors même que, dans la majorité des cas, il ne s'est encore rien produit. Mais chacun se croira obligé de prendre aussitôt de multiples décisions, parmi lesquelles celle, récurrente entre toutes, car elle nous poursuivra longtemps encore : qui mettre dans la confidence ?

Ce sujet a été maintes et maintes fois abordé, débattu, argumenté, démenti, confirmé, contredit ici-même dans les forums, et récemment par Fallout : pourquoi, quand, comment et à qui confier ce secret ?

Il y a presque autant d'avis que d'intervenants. On aura raison de penser que cela concernera en priorité, bien évidemment, les principaux concernés, à savoir le ou la, ou les partenaires. Mais il n'existe pas, à ma connaissance de réponse universelle, dès lors qu'il s'agit au préalable de s'approprier une infection de mauvaise réputation.

Le regard compassionnel peut être aussi cruel que le rejet. Il ne faut rien en attendre. Celui-ci minimisera le risque en affirmant, à tort ou à raison, que cette pathologie est aujourd'hui assimilée à une maladie chronique. Il vous laissera errer, avec vos doutes, dans cette solitude essentielle qui a toujours été la vôtre. Un autre se croira obligé de sortir son mouchoir, pour vous transmettre sa sensiblerie déplacée. Au final, la réception sera d'autant plus décevante qu'elle s'accompagnait d'une attente fébrile et douloureuse.

On en demande beaucoup aux séropos, mais n'exigeons pas des autres de parcourir, pour nous, un travail d'acceptation ou de compréhension que nous n'aurions pas encore entrepris. Cela requiert du temps, de l'information, de la confiance et un soupçon d'ironie à l'égard de la tragédie humaine.

Cette parole, si difficile encore selon le contexte, ne devrait pas être associée à un aveu, mais à une adhésion.

Poser la problématique de la confidence, si légitime dans les premiers temps, participerait si elle devait ne jamais trouver d'issue claire, à entretenir le voile opaque de l'a priori négatif qui perdure.

Nous noterons au passage la disparition des campagnes nationales de sensibilisation et d'information liées au VIH. Il faut aussi reconnaître que les précédentes relevaient d'une telle médiocrité que cette absence sera passée, elle aussi, totalement inaperçue.

Enfin, je crois qu'il sera toujours plus valorisant d'être apprécié pour ce que l'on est, plutôt que pour ce que l'on aurait eu à cacher.

Commentaires

Portrait de serosud

Difficile de révéler ce terrible secret..... le sida ferait-il toujours aussi peur ?

Non puisqu'il est considéré comme maladie chronique.

Ou alors ferait-il honte ?