Les voyages invitent au sommeil

Publié par Ferdy le 18.04.2012
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Pourquoi le parcours en TGV m'a toujours paru être un somnifère.
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Mornes plaines, pylônes électriques à haute tension, grillages, barrières, un pont, des prés, un champ de colza, un petit hameau, des vaches claires disséminées sur l'herbe verte, un lac, des bâtiments agricoles, une route départementale, en arrière-plan une brume épaisse qui réduit l'horizon à presque rien, quelques bois, un clocher d'église, des hangars, un château d'eau en forme de cône, des labours, une fermette, trois grues, une maison peinte en jaune, un grand sapin isolé, la terre lourde et grasse, des peupliers, une zone industrielle, une autoroute, le ciel gris, la pluie qui tombe plus fort et qui glisse sur la vitre, un tunnel, un autre, un bel ouvrage du génie civil, une aire de péage, des signaux lumineux, un avion sur une piste d'atterrissage, retour au pâturage, une plantation de pylônes électriques en pleine croissance, le territoire semble avoir été envahi par de gigantesques araignées qui auraient tissé leurs toiles bien au-dessus du relief, un lotissement pavillonnaire au milieu de nulle part, une vallée engourdie, le brouillard s'est épaissi, le panorama se résume aux talus, tout s'est effacé ou dilué dans la brume, même répétition de champs cultivés et de bois à l'abandon, quelques silos, au bout d'un tunnel il a cessé de pleuvoir, le ciel s'éclaircit prudemment, soudain un peu de vignoble et des arbres fruitiers, les églises se hissent sur de prudents coteaux et les villages pittoresques apparaissent (…).

C'est peut-être pourquoi le parcours en TGV m'a toujours paru être un somnifère, une pénible succession de paysages convenus, seulement destinés au repos des voyageurs, car qui aurait l'idée de vivre dans ces espaces si rapidement parcourus ? On n'y voit jamais âme qui vive, les troupeaux ont l'air d'y avoir été déposés pour distraire le regard entre un club-sandwich et un café.

Tout cela respire le convenu pittoresque, une France profonde qui respire l'ennui. C'est un déroulé sans intérêt, même le plus petit château agrémenté de son parc fait pitié, on n'en voudrait pour rien au monde, ce n'est qu'une histoire accélérée dont on parcourt le fil sans envie, sans déplaisir non plus, tout heureux de nous rendre à notre destination promise à des bonheurs que ce voyage ignore.