Mission accomplie

Publié par Ferdy le 09.05.2012
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Selon un sondage personnel, cet été les Français partiront en vacances de préférence à la montagne ou à la mer. Parce que la campagne, qui a squatté durant de longs mois leurs tranches habituelles de loisirs, inspire encore une certaine défiance même parmi les nouveaux campeurs.
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Enfin ! Il est arrivé notre nouveau dirigeant d'entreprise. Puisque je dois être franc, j'écris cette chronique samedi 5 mai, de façon à être tout à fait tranquille dimanche 6, pour accomplir mon devoir (je n'ai pas précisé lequel), et suivre la soirée électorale sur plusieurs chaînes d'info jusqu'à épuisement.

Il faut toujours tenter de tirer bénéfice d'un handicap. En l'absence de tout ragot crédible circulant à la veille du scrutin, je m'abstiendrai de toute réjouissance partisane anticipée. Vous n'aurez droit ni à la satisfaction lubrique du bookmaker, ni au dépit inconsolable de l'amant éconduit.

Quelque soit le résultat du scrutin, et c'est ce qu'il y a de formidable avec une campagne électorale, c'est qu'elle est recyclable à l'infini. Quand vous croyez qu'elle se trouve comme toute chose réglée déjà loin derrière vous, elle vous rattrape et va vous hanter encore durant des semaines, de longs mois, des années.

***

Jacques Attali a conservé ce souvenir de la première matinée passée par François Mitterrand au palais de l'Elysée. A peine était-il entré dans son bureau que le Président, toujours aussi prompt à respecter le protocole, souhaite remercier le roi d'Espagne qui l'a explicitement soutenu lors de sa campagne. Attali décroche un téléphone, le secrétariat particulier de la présidence : "Le roi d'Espagne, bien-sûr monsieur, sur quel poste dois-je vous passer la communication ?"

Cette anecdote en dit long sur la fascination qu'exerce le pouvoir. Mitterrand élu roi de France allait désormais s'adresser aux monarques sur un pied d'égalité, en vertu des pouvoirs que le suffrage universel lui avait conférés. Mais au-delà de l'anecdote narcissique, il y a dans cette brève séquence extraite de la vie intime du palais un fond symbolique saisissant. Comment ces deux personnalités aussi éminentes, réunies dans le Salon Doré, ont-elles pu ne serait-ce qu'un seul instant se laisser impressionner par la réalité de la situation au prétexte d'un détail au demeurant si futile ?

***

Je me promets donc une soirée exaltante devant l'écran plat. Des cortèges de voitures qui filent à vive allure, des gyrophares bleus dans la nuit froide. En studio, des camemberts sophistiqués. Des pourcentages corrigés. Des correspondants en province qui essaient de rester plantés dans leur lucarne. Des plateaux qui se remplissent et se vident des mêmes acteurs. Des cris de joie, des coups de trompette, des embrassades, des guirlandes lumineuses (là, je confonds peut-être avec le bal des pompiers). Et nous repartons pour la vingt-septième fois en douze minutes vers le QG du vaincu, où il n'y aura bientôt plus que les machinistes, les agents de nettoyage et le dernier pigiste de BFMTV qui n'a plus de retour-son.

Sans vouloir abaisser le niveau toujours exigeant de cette chronique, je ne peux m'empêcher cependant de m'interroger sur ce que DSK aurait pu avoir conçu comme nouvelle extravagance pour célébrer sa victoire. Un vaste chapiteau planté au milieu du bois de Boulogne, avec le DJ Dodo la Saumure ?

Samedi 5 mai 2012 (18:15)

Commentaires

Portrait de frabro

Et il en est de même des campagnes, qui se suivent et malheureusement souvent se ressemblent...

Donc nous sommes repartis pour un mois de débats et ça ne s'arrêtera que le 17 juin au soir. Et là bonne nouvelle : nous serons tranquilles jusqu'en 2014, l'année 2013 étant une années sans. (élections)

Quoiqu'il en soit, beaucoup de français n'iront cette année ni à la mer, ni à la montagne, ni même à la campagne. Pas par choix mais par manque de moyens. Ils n'auront ni l'ivresse des hauteurs ni le vertige des profondeurs, sauf s'ils se penchent sur les gouffres et les abîmes que nous promettent les Cassandre.

Le Roi est battu, vive le Roi élu. Souhaitons que celui-ci, qui a tant prôné sa normalité, ne soit pas atteint par le syndrome de la toute puissance qui, en atteignant ses prédécesseurs, à fait tant de mal à notre beau pays.