Souffler le chaud et le froid

Publié par Ferdy le 23.02.2011
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Depuis qu'à tout bien considérer, la mort me paraît être une échéance aussi imprévisible qu'inéluctable, sans m'accrocher coûte que coûte à cette portion d'existence que j'appelle ma vie, je tente de la ménager.

Ce qui me déplaît farouchement, dans cette pathologie que nous sommes nombreux ici à partager, c'est son caractère encore expérimental, vaguement amateur, un peu brouillon.

Même nos traitements, pour autant qu'ils ne détruisent pas, dans leur action bénéfique assez confuse, certains secteurs jusqu'alors épargnés de notre organisme, j'ai le plus souvent l'impression désagréable d'en être le cobaye consentant, lequel aura perdu de nombreuses aptitudes, tant physiques que psychiques, ainsi que de nombreux potentiels sociaux qui s'offraient spontanément autrefois à un développement harmonieux, en échange d'un gain de productivité assez aléatoire.

Devenu une sorte de tirelire providentielle pour laboratoires pharmaceutiques en quête de bénéfices, je ne peux que constater cette mutation assez sournoise d'un corps qui se déleste progressivement de ses graisses essentielles comme de sa libido pour sa survie.

Fil, dans un forum ouvre la voie à une polémique inégalement servie. Le lobbying pharmaceutique, soutenu en France par ses quelque 18.300 visiteurs médicaux, organise et finance en partie son développement international, sous couvert d'un intéressant colloque qui aura lieu à partir du 27/02 à Boston (Massachussets).
Ne doutons pas que de très prometteuses annonces viendront ponctuer les dîners de gala.

En attendant, de nombreux contributeurs témoignent d'un certain état d'exaspération et de suspicion à l'égard de ces laboratoires qui réalisent des profits pharaoniques sur le dos des malades et de la sécurité sociale. Ces empires industriels, tour à tour désignés comme des prédateurs cyniques ou de vulgaires exploitants de la détresse humaine, ne parviennent pas à convaincre de l'innocuité de leurs dons associatifs.

Enfin, si l'AAH plafonne autour de 711 € /mois, Archibald souligne ce problème dans un forum très concret, lequel aura ému de nombreux séronautes.

Cependant, ne perdons pas de vue qu'un salarié sur quatre, dans ce pays, perçoit moins de 750 euros /mois (soit 6 millions de salariés – sondage exclusif CSA/Marianne, 16/02/11.)

Se trouver ainsi soit en sursis, soit, pour le meilleur comme pour le pire en état d'alerte, devrait nous obliger à garder, ainsi que se plaisait à le répéter Marguerite Yourcenar :  les yeux ouverts.

Commentaires

Portrait de frabro

Le mélange du chaud et du froid, lorqu'ils sont convenablement amalgamés, produit du tiède, notion qui ne semble pas compatible avec l'exacerbation des sentiments et des opinions exprimés par les séronautes. Normal, le tiède ne fait en général pas le buzz. Or, l'expression sur le web est de courte durée et ne prends son sens que si elle est lue par un maximum d'internautes dans un minimum de temps, avant de disparaitre dans les oubliettes du site et les trous noirs de nos mémoires.

J'entends la proposition de Marguerite : gardons donc les yeux ouverts. Mais ouverts sur quoi, sur qui ? J'ai parfois le sentiment que nous ne les gardons ouverts que sur nos nombrils, certes forts intéressants à nos yeux, mais qui ne seront jamais  le nombril du monde même au cas improbable où nous les regrouperions en une masse uniforme de nombrils tournés dans la même direction. A cet égard, rappeler que ceux d'entre nous qui vivent de l'AAH ne sont qu'une goutte d'eau dans l'océan des pauvres de ce pays est une démonstration implacable de notre faiblesse en nombre, certe compensée parfois par une forte propension à gueuler plus fort que les autres.

Reste qu'en gastronomie, le chaud/froid est une bonne façon de distiller les saveurs en surprenant celui qui les déguste. Tout est donc relatif...

 François

Turbulent perplexe Perplexe 

Portrait de romainparis

sur le dos de l'humanité, et si auparavant ils acceptaient d'en redistribuer un prix partiel et mesurement digne, aujourd'hui ils la pressent comme un citron et se débarasse du zest. Et ils voudraient nous faire croire à la bienveillance de leurs dons associatifs ? Non, ils ne s'agit pas de dons, ils s'agit d'un investissement marketing avec espoir d'un retour sur investissement. La bonne conscience s'achète-t-elle ? Oui, malheureusement oui. Ce n'est pas nouveau comme concept, l'Eglise catholique par exemple, a su mettre en place le marketing de la confession à bon prix... tout comme certains constructeurs automobiles nous vendent des 4*4 écologiques !! L'analogie entre les deux semble disproportionnée mais en y regardant de plus près, ils nous promettent toujours le paradis... mais jamais gratuitement !

Nous nous avancons de plus en plus dangereusement vers un futur monde à la "soleil vert*", doit-on choisir son camp ou doit-on empêcher son avénement ? Pourrions-nous dire que nous ne savions pas ?

Si le constat n'est pas une solution, il n'en est pas moins la première étape vers celle-ci.

*Référence au film Soleil vert, de Richard Fleischer, tourné en 1973.

Portrait de serosud

Ô Phil, de tout temps tourbillonne ici bas comme un souffle de vih, tout aussi brûlant que glacial, et qui semble impossible à tempérer.

Les traitements et le virus semblent jouer la montre, tout en enfumant nos esprits.

Cruelle dualité entre la vie avec le vih et la mort.

Garder les yeux ouverts, oui !...mais vers où ? 

Bises.. 

Portrait de jako44

Quand on suit l'actualité on ne peut s'empêcher de penser a l'excellent film de Richard Fleischer....La réalité va-t-elle rejoindre la fiction??