Portrait de

Le blog de Rimbaud

Portrait de Rimbaud
Publié par Rimbaud le 02.03.2018
3 185 lectures
Je prends mes aises. Désormais, je passe un coup de fil à la pharmacie pour qu’ils me commandent mon Triumeq. Un trajet en moins, c’est toujours ça de gagné. Hier, je tombe sur mon petit commerçant ventripotent. Si, vous savez, celui dont les yeux s’illuminent à chaque fois que je franchis sa porte high tech, celui qui est aux petits soins, celui qui déploie des efforts colossaux pour me...
Portrait de Rimbaud
Publié par Rimbaud le 23.02.2018
772 lectures
Aujourd’hui, un an jour pour jour que le virus est démasqué, je ne suis plus dans la plainte, ultime formulation de la détresse qui n’apporte qu’une compassion trop légère, passagère, fuyante, sclérosante et inopérante. Qu’importe la fatigue pesante. Qu’importe le rituel pharmacologique. Qu’importe que la pile de bois à reconstruire, les copies à corriger, la gamelle du chien à remplir soient...
Portrait de Rimbaud
Publié par Rimbaud le 17.02.2018
4 240 lectures
Toi, tu as plus de trente ans de virus dans les jambes, dans l’artère et le cœur, tu as vu mourir tes amants, tes frères, tes sœurs, tes ennemis, ceux contre lesquels tu te battais parfois dans les impasses du dialogue, ceux avec lesquels tu te projetais, formais des rêves, partageais une bière ou riais à gorge déployée. Tu les as vus happés par la maladie, lutter, ne plus lutter, puis mourir. Tu...
Portrait de Rimbaud
Publié par Rimbaud le 01.02.2018
670 lectures
Ma participation au magazine REMAIDES (numéro 102, vient de sortir) : http://www.aides.org/sites/default/files/Aides/bloc_telechargement/remai... En dernière page :) Arthur Adès
Portrait de Rimbaud
Publié par Rimbaud le 18.01.2018
1 455 lectures
Il faut savoir qu’on va mourir pour ne pas être dans un rapport narcissique, démesuré et vide avec la vie. Ce n’est pas le carpe diem surexploité et apauvri. Ce n’est pas l’hédonisme oublieux et corporel. Je parle d’une justesse du regard, d’une distance qui ne soit ni retrait, ni collante ou poisseuse. La mort réalisée, presque adevenue, consentie, nous oblige à une intelligence de la vie nommée...
Portrait de Rimbaud
Publié par Rimbaud le 16.01.2018
1 440 lectures
Je maudissais le traitement et me voilà célébrant. Je fulminais contre ma vulnérabilité et je suis de nouveau dans la bataille, affrontant. Je me croyais prisonnier, barricadé, assailli mais désormais j’ai le regard qui se plante tout là-bas, au loin, là où je ne suis pas. Une simple et insignifiante réussite professionnelle a suffi à la renaissance des respirations oubliées. Le pouvoir de l’...
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Publié par Rimbaud le 12.01.2018
766 lectures
Le plus difficile est d’accepter cela, de dire cela, de le réaliser, de l’accepter, d’en faire un truc réel, palpable, intérieur, indéniable, indiscutable, un truc définitif qui ne souffre aucune discussion, aucune contestation : j’appartiens à l’histoire du SIDA. Juste après : le vide. Puis le défilé de mes années : la prof qui explique comment mettre une capote sur la bite géante ; les films ;...
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Publié par Rimbaud le 12.01.2018
843 lectures
J’ai traversé une putain d’inspection de carrière en serrant les poings, en me disant que j’en avais rien à foutre, dans un mensonge total, comme si la reconnaissance de ces mecs en costards et au langage policé ne m’atteignait pas, avec le panache de Cyrano qui se bat pour la beauté du geste, comme si, dans la conscience de crever doucement, plus rien ne pouvait m’atteindre, comme si j’étais au-...
Portrait de Rimbaud
Publié par Rimbaud le 05.01.2018
2 003 lectures
Oui, oui, bonne année. Bon, revenons aux choses essentielles. Hier, journée consacrée au virus en trois temps. Face à l’infectio, le matin, j’étais bien décidé à ne pas masquer ma vulnérabilité et à lui faire comprendre que je pige enfin pourquoi tant de séropos pensent autant à l’allègement. Après avoir fait la liste des effets secondaires (angoisses, fragilité psychologique, insomnies, maux de...
Portrait de Rimbaud
Publié par Rimbaud le 29.12.2017
494 lectures
Il faut être parcouru d’une force vitale flamboyante pour enfanter un texte, un projet, une construction, une réalisation digne de ce nom, être dans un contact charnel avec les fleuves de la pensée, les intentions du regard, les corps étrangers et les voix singulières, ne pas sous-estimer les pièges de la facilité, ne pas mépriser l’intelligence humaine, rompre les chaînes de la finitude qui...