90 % des médecins ont prescrit des actes médicaux injustifiés

8 Décembre 2017
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La Fédération hospitalière de France (FHF), qui a fait de la pertinence des actes une de ses priorités et avait ouvert le débat en 2010, a publié deux enquêtes sur la disparité des pratiques entre régions, et sur la perception des usagers et des professionnels de santé. Les résultats sont sans appel : ils indiquent que le nombre d'interventions chirurgicales et d'actes médicaux inutiles en France serait exorbitant. Un tiers des Français, un tiers des médecins et un quart des directeurs d'hôpitaux estiment que certains actes ne sont pas "pleinement justifiés". Neuf médecins sur dix reconnaissent "qu'il leur arrive personnellement de prescrire certains actes qui après coup leur semblent injustifiés", dont 28 % "régulièrement". Les trois quarts des Français jugent que les actes médicaux (échographies, radios, IRM, opérations, traitements) non justifiés sont un problème important sur notre territoire. Pour la FHF, il est "urgent de passer à l’action et les acteurs de santé comme les français sont prêts à changer leurs pratiques". Selon ces études : 77% des Français pensent que lutter contre ces actes médicaux injustifiés constitueraient un moyen efficace de faire faire des économies à notre système de santé ; 63 % d’entre eux pensent que les actes médicaux non justifiés ou inutiles sont en augmentation ; 34% des médecins pensent que plus de 20 % des actes et examens médicaux ne sont pas justifiés (ils n’étaient que 20 % en 2012 à le penser). Cette prise de conscience partagée par tous les acteurs permettra d’accompagner les pratiques vers plus de pertinence des actes, veut croire la FHF, qui note que les Français sont prêts à faire des efforts majeurs dans ce domaine. Ainsi, 81 % des français sont pour l’obligation d’un second avis avant la réalisation d’actes chirurgicaux lourds et autant se prononcent pour la mise en place d’un service téléphonique de régulation des urgences ; 85 % des Français pensent que communiquer sur les écarts de pratiques des médecins pourrait améliorer les prises en charge médicales, et autant (87 %) souhaitent que les hôpitaux rendent publics leurs résultats en matière de qualité et de pertinence des soins. Par ailleurs, 86 % pensent que les mesures visant à responsabiliser les patient-e-s et les professionnel-le-s de santé pourraient avoir un impact positif pour diminuer le coût des soins en France. Enfin et surtout, les Français se prononcent la fin de la tarification à l’acte : 64 % à 72 % pensent qu’une autre rémunération des professionnel-le-s de santé et des hôpitaux serait "juste", "efficace", "positive pour les Français", "moins coûteuse" et surtout qu’elle serait "possible"  (72 %).

Enquête réalisée selon la méthode des quotas auprès de 983 Français, 442 médecins, 134 directeurs d'hôpitaux entre le 14 septembre et 16 novembre 2017. Les médecins sont à 70 % libéraux, 30 % hospitaliers, 70 % généralistes et 30 % d'autres spécialités (au prorata de leur fréquence dans la population).