AAH et déconjugalisation : Macron veut bouger

21 Avril 2022
1 925 lectures
Notez l'article : 
1
 
0

Emmanuel Macron a promis vendredi 15 avril de « bouger » sur l'individualisation de l'allocation adulte handicapés — c'est-à-dire son calcul sans tenir compte des revenus du ou de la conjoint-e —, une évolution que son gouvernement et sa majorité ont rejetée plusieurs fois l'an dernier, comme le rappelle l’AFP. « On doit bouger sur ce point » sur ce sujet, a-t-il déclaré sur Franceinfo, en répondant à une jeune femme en situation de handicap qui expliquait qu'elle allait perdre son allocation en se mariant et donc son indépendance financière. Un argument que les ONG, dont AIDES, mettent en avant depuis 2021 et que le gouvernement n’a jamais voulu prendre en compte. Actuellement en France « quelles que soient les prestations, ce qui est assez juste c'est qu'on regarde la situation familiale et la capacité de contribuer du couple. Ce qui est vrai, c'est que cela crée une situation aberrante pour les personnes en situation de handicap. Donc on va le bouger », a donc expliqué le président-candidat sans autre détail.  Il faut « avoir un revenu qui n'est pas conditionné et qui permette d'accompagner », sans « couperet » car « c'est absurde », a-t-il ajouté. En octobre 2021, la majorité avait rejeté l'individualisation de l'allocation adultes handicapés des personnes en couple, au terme d'un débat mouvementé, alors que de LR à LFI, l'opposition réclamait à l'unisson cette « déconjugalisation » de l'allocation, c'est-à-dire de la calculer sans tenir compte des revenus du ou de la conjoint-e. LREM jugeait cette mesure inéquitable car bénéficiant sans distinction aux modestes comme aux fortunés-es. « Nous assumons le fait de donner plus à ceux qui en ont vraiment besoin », avait alors fait valoir Sophie Cluzel, la secrétaire d'État chargée des Personnes handicapées.  Le collectif Handicaps, qui regroupe 51 associations, a salué (15 avril) l'annonce du candidat Macron, tout en préférant rester prudent dans l'attente de précisions sur les modalités concrètes de cette évolution.  « Deux ans d'opposition du gouvernement, contre l'ensemble des partis politiques », puis « une ouverture à 10 jours du 2e tour » : « on aimerait y croire. Mais une réponse plus claire de @EmmanuelMacron (...) aurait été intéressante », a commenté, sur Twitter, le collectif. « La bonne nouvelle, c'est que le président semble ne plus être bloqué sur cette question », a expliqué à l'AFP Stéphane Lenoir, coordinateur du collectif. « Mais nous restons prudents, car son annonce est très vague », a-t-il ajouté. Ce sujet avait suscité une séance houleuse dans l'hémicycle, fin juin 2021, après le rejet d'une proposition du député LR Aurélien Pradié. Créée en 1975, l'AAH est destinée à compenser l'incapacité de travailler. D'un montant maximal de 904 euros mensuels, elle est versée sur critères médicaux et sociaux. Elle compte aujourd'hui plus de 1,2 million de bénéficiaires, dont 270 000 en couple, pour une dépense annuelle d'environ 11 milliards d'euros.  L'an dernier, vingt-deux organisations et associations, dont APF France Handicap ou AIDES, avaient appelé Emmanuel Macron à « une réforme historique », pour « considérer cette allocation avant tout comme un revenu individuel d'existence ». La déconjugalisation de l'AAH représenterait environ 600 millions d'euros, selon une parlementaire de l’actuelle majorité.

Commentaires

Portrait de Superpoussin

Si je suis à priori pour cette "déconjugalisation" je n'en demeure pas moins critique envers celles et ceux qui semblent raconter n'importe quoi sur la question.

 

Je lis dans l'article "Elle compte aujourd'hui plus de 1,2 million de bénéficiaires, dont 270 000 en couple, pour une dépense annuelle d'environ 11 milliards d'euros. " (soit environ 9166€/an), puis "La déconjugalisation de l'AAH représenterait environ 600 millions d'euros, selon une parlementaire de l’actuelle majorité."

Or 9166 multipliés par 270 000 font 2,475 milliards et non pas 600 millions...

D'où vient ce décalage, d'autant plus important qu'on peut supposer que si une telle mesure était prise davantage de personnes bénéficiant de l'AAH qui aujourd'hui ont peur de la perdre se mettraient alors en couple.

Portrait de Superpoussin

Erratum (ne peux plus modifier mon message précédent): ma remarque  "d'autant plus important qu'on peut supposer que si une telle mesure était prise davantage de personnes bénéficiant de l'AAH qui aujourd'hui ont peur de la perdre se mettraient alors en couple." n'est pas ici pertinente car ces mêmes personnes continueraient juste de toucher ce qu'elles perçoivent déjà, cela leur permettrait juste de pouvoir vivre pleinement une vie de couple "normale".