Afrique du Sud : anonymat et discrétion

6 Avril 2018
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Comment lutter contre les stigmatisations et discriminations qui visent les personnes vivant avec le VIH ? L'Afrique du Sud, le pays du monde le plus touché par l'épidémie, a décidé de relever le défi en faisant le pari de l'autodépistage et de celui des distributeurs automatiques de médicaments, explique l’AFP (27 mars). Malgré les progrès de la prévention, la généralisation des tests de dépistage et la baisse du prix des trithérapies, le VIH continue à faire des ravages dans le pays le plus industrialisé du continent africain, qui compte sept millions de personnes vivant avec le VIH (soit 18,9 % de la population adulte). En Afrique du Sud, l'une des causes du maintien de l'épidémie à un haut niveau est que certaines catégories de personnes très exposées au risque d’infection répugnent toujours à se présenter dans des centres de santé publics pour un dépistage. Pour contourner cette difficulté, l’organisation non gouvernementale Unitaid propose, par exemple, des autotests de dépistage du VIH aux portes d'un supermarché à Hillbrow, un quartier pauvre au centre de Johannesburg. La proposition est assez simple : des volontaires du quartier proposent aux passants de remplir une simple fiche en échange d'un autotest gratuit qu'ils pourront utiliser eux-mêmes, sur place ou à leur domicile. Le résultat du test est disponible en vingt minutes. S'il est positif, un test de confirmation est immédiatement proposé. Lancée au Malawi, en Zambie puis au Zimbabwe à partir de 2015, l'initiative est désormais élargie à l'Afrique du Sud, rappelle l’AFP. Après le quartier de Hillbrow, les tests seront disponibles à partir de mai dans des stations de minibus de la ville, qui transportent chaque jour des centaines de milliers de passagers. Unitaid envisage d'en distribuer 4,8 millions d'exemplaires. Plus au nord, l'association à but non lucratif Right Pharmacies vient de lancer une autre nouveauté destinée à protéger les victimes du VIH des préjugés. Les personnes vivant avec le VIH du township d'Alexandra peuvent désormais y retirer leur traitement en toute discrétion dans un distributeur automatique semblable à ceux des banques, le tout premier de ce type en service sur le continent africain. Grâce à une carte, un code et la confirmation — légalement obligatoire — d'un pharmacien via une liaison vidéo, les personnes peuvent venir retirer leur trithérapie en moins de cinq minutes, sans croiser le moindre regard. Avec le distributeur automatique, tout le monde peut venir facilement chercher ses médicaments, "à condition de ne pas oublier son code personnel". Pour assurer l'anonymat des personnes utilisatrices, les quatre machines de la pharmacie, fabriquées en Allemagne et vendues un peu moins de 140 000 euros l'unité, sont isolées par une cabine. Depuis septembre, quelque 200 personnes utilisent chaque jour les distributeurs pour renouveler leur traitement contre le sida, le diabète, l'asthme ou l'hypertension. Trois autres sites devraient bientôt en être équipés à Johannesburg.