Afrique : la Covid y va !

18 Juin 2022
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Égoïsme. L’Afrique représente plus de 30 % de la population. Pourtant officiellement, le continent n’a officiellement recensé que 4 % des cas de Covid-19 à l’échelle mondiale ; ce qui peut sembler bas, a fortiori dans un contexte où le continent n’a que très marginalement accès la vaccination. Dans un récent communiqué, l’ANRS ǀ MIE explique que ce chiffre bas est clairement sous-évalué. En effet, il se « confirme que le nombre de cas [est] nettement supérieur à celui jusqu’alors enregistré », explique l’agence. En avril 2022, une étude de l’Organisation mondiale de la santé (OMS)  suggérait que le nombre réel d’infections au Sars-CoV-2 pourrait être jusqu’à 97 fois plus élevé que le nombre de cas notifiés. Deux projets internationaux : Ariacov et Covepigui coordonnés par le Centre de recherche et de formation en infectiologie de Guinée (Cerfig) et par le Centre de recherche sur les maladies émergentes et ré-émergentes au Cameroun, en partenariat avec l’unité de recherche française TransVIHMI, démontrent une « très forte diffusion du Sars-CoV-2 en Afrique en fonction des différentes vagues épidémiques ». Ces résultats ont été publiés dans les revues Emerging Infectious Diseases et Open Forum Infectious Diseases. Les enquêtes menées au Cameroun et en Guinée, entre décembre 2020 et juin 2021, ont montré des résultats similaires avec une diffusion du virus atteignant 18,6 % à Yaoundé (Cameroun) et 17,3 % à Conakry (Guinée) après la première vague, et 51,3 % à Yaoundé et 42,4 % à Conakry après la seconde vague. « Cette diffusion très importante du virus en population générale qui contraste avec le nombre de cas déclarés pourrait entre autres s’expliquer par la fréquence de cas asymptomatiques au sein de populations globalement jeunes », explique le communiqué de l’agence qui indique que : « Selon certaines projections, il se pourrait que plus de 60 à 70 % de la population étudiée ait pu être infectée par les différents variants du Sars-CoV-2 ». « Ces études fournissent des premières données sur le niveau de diffusion du Sars-CoV-2 au sein de la population guinéenne. Les résultats montrent également qu’en Afrique, la circulation du virus a été plus massive que ce que prévoyaient les statistiques issues de la surveillance. Ils doivent permettre aux autorités de réviser les stratégies de vaccination contre la Covid-19 dans un but d’efficacité et de rationalisation des moyens », affirme le chercheur Abdoulaye Touré, co-investigateur des études Covepigui et Ariacov en Guinée.