Afrique : les ruptures d'ARV sapent la lutte contre le sida

11 Décembre 2015
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Les ruptures de stocks d'antirétroviraux provoquées par un système défaillant de distribution des médicaments "sapent les efforts de lutte contre le sida" en Afrique du Sud, en République démocratique du Congo (RDC) et au Mozambique, a dénoncé le 30 novembre l’association MSF (Médecin sans frontières). "Les antirétroviraux ne parviennent pas systématiquement aux patients en Afrique Subsaharienne, alors que la plupart du temps les stocks sont déjà présents dans les pays", affirme Médecins sans frontières (MSF) qui appelle "à des améliorations urgentes dans la chaîne de distribution". Les médicaments "ne parviennent pas dans les cliniques secondaires à cause de procédures trop lourdes, de problèmes logistiques et de manque de ressources", explique l'organisation dans un communiqué, publié à l'occasion de la Conférence internationale sur le sida et les infections sexuellement transmissibles en Afrique qui se tient à Harare (Zimbabwe). Selon une enquête conduite en 2013 et 2014 en Afrique du Sud, pays qui compte le plus de personnes vivant avec le VIH dans le monde (6,4 millions de séropositifs), 20 à 25 % des centres de santé locaux ne pouvaient pas délivrer un ou plusieurs médicaments contre le VIH ou la tuberculose, cette dernière maladie étant une cause majeure de mortalité chez les personnes séropositives. Dans 80 % des cas, les médicaments étaient disponibles dans le pays, mais ne l'étaient pas dans certaines cliniques, selon MSF qui publie un rapport intitulé "Etagères vides, revenez demain : Les ruptures de stocks d'antirétroviraux sapent les efforts de lutte contre le sida". A Kinshasa (RDC), 77 % des centres de santé locaux sondés et 41 % des 17 cliniques interrogées au Mozambique ont enregistré des ruptures de stocks d'au moins un des antirétroviraux sur une période de trois mois, selon MSF. Résultat, "des patients rentrent à la maison les mains vides ou avec des traitements pas adaptés", ajoute l’association. MSF rappelle "la nécessité de suivre sans interruption le traitement antirétroviral". "Comment peut-on attendre des patients qu'ils suivent leur traitement si les médicaments ne sont pas disponibles quand et où ils en ont besoin ?", s'interroge le docteur Gilles Van Cutsem, coordinateur médical de MSF pour l'Afrique australe. Au Malawi en revanche, "les antirétroviraux parviennent régulièrement à destination, prouvant que c'est de l'ordre du possible même dans un contexte de faibles ressources", selon MSF.