Âge avancé : la DDD enquête

14 Octobre 2021
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La Défenseure des droits (DDD), Claire Hédon, a présenté, début octobre, un état des lieux actualisé des discriminations fondées sur le grand âge et des difficultés rencontrées par les personnes âgées dans plusieurs domaines de la vie quotidienne. Les résultats sont issus d’une étude qui repose sur une enquête téléphonique conduite auprès de 2 506 personnes âgées de 65 ans ou plus vivant à domicile et une enquête par entretiens menée auprès de quinze aidants-es de personnes âgées en situation de perte d’autonomie, entre septembre et fin novembre 2020. Sur le plan des droits, près d’un quart des personnes âgées de plus 65 ans déclarent être confrontées à des difficultés dans la réalisation de leurs démarches administratives. Assez logiquement, ces difficultés sont davantage rapportées par les personnes en situation de dépendance, de précarité financière ou en situation d’illectronisme (le fait de ne pas posséder les compétences numériques de base : envoyer des courriers électroniques, consulter ses comptes en ligne, utiliser des logiciels, etc. ou de ne pas se servir d’Internet du fait d’incapacité ou d’une impossibilité matérielle). Ce dernier résultat souligne « l’impact de la dématérialisation sur l’accès aux services publics par cette catégorie de population, dont 30 % indiquent ne pas disposer d’un accès à Internet à leur domicile », détaille l’étude des services de la DDD. Dans cette étude, les personnes âgées évoquent la déshumanisation des relations avec les services publics et la perte du lien social. Comme le souligne l’un-e des aidants-es ayant participé à l’enquête, la difficulté à dialoguer directement avec une personne et à obtenir des informations sur leur situation renforce leur sentiment d’exclusion. « Ces difficultés peuvent être à l’origine d’un renoncement aux droits : face à des problèmes administratifs 15 % des personnes âgées déclarent avoir abandonné leurs démarches », rappelle la DDD. En matière de discriminations, là-encore, le bilan est édifiant. Ainsi, 30 % des personnes âgées de 65 ans ou plus déclarent avoir été témoin de discriminations liées à l’âge avancé au cours de leur vie et 17 % indiquent en avoir été victime au cours des cinq dernières années. Moins de 12 % des personnes ayant déclaré une discrimination liée à l’âge indiquent avoir engagé une procédure contentieuse, explique le communiqué des services de la DDD. Les situations de discrimination rapportées concernent le plus souvent les transports publics, les relations avec les services publics ou encore l’accès aux biens et aux services privés (banques, assurances, etc.). Les discriminations liées à l’âge sont rarement exclusives, les critères de santé, d’origine et de précarité sont également fréquemment rapportés. Il s’agit donc souvent d’un cumul. « Par manque d’information, de sensibilisation ou encore d’accompagnement, les discriminations dont font l’objet les plus de 65 ans peinent à être pleinement reconnues », reconnaît la DDD. Et d’expliquer : « Elles sont, à ce titre, trop souvent banalisées par les personnes âgées elles-mêmes qui n’en perçoivent pas toujours le caractère illégitime ». Les résultats de cette étude « interrogent la place des personnes âgées dans nos sociétés » et invitent à « remettre la question des discriminations liées à l’âge avancé au cœur des débats et politiques publiques ». « Ils appellent notre attention sur la nécessité d’opérer un changement de regard sur le grand âge afin que nos ainés-es, dans leur diversité, demeurent pleinement des sujets de droit ».