Aliments ultra-transformés : danger !

20 Juin 2019
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C’est déjà connu, mais deux nouvelles études scientifiques viennent, une fois de plus, alerter sur le phénomène. L'abus de plats industriels ultra-transformés augmente le risque cardiovasculaire et de décès. Ces nouvelles études, même si elles ne permettent pas de démontrer un lien direct de cause à effet, renforcent les arguments de travaux précédents liant les plats hautement transformés à un risque accru d'obésité, d'hypertension artérielle, voire de cancers. Ces études européennes ont été menées auprès de plus de 120 000 personnes. Des aliments sont considérés comme ultra-transformés quand ils ont subi des procédés industriels de transformation (huile hydrogénée, amidon modifié, etc.) et contiennent de nombreux ingrédients, notamment des additifs. Un plat préparé, sans additifs, congelé ou pas, n'en fait pas partie. Mais la plupart des plats prêts à réchauffer, les sodas sucrés ou contenant des édulcorants, les « steaks » végétaux reconstitués avec additifs, les saucisses industrielles, les soupes en poudre et les snacks en général en font partie. Ils sont généralement plus riches en sel, graisses saturées, sucre et pauvres en vitamines et en fibres, selon les chercheurs-ses. S'y ajoutent des agents toxiques provenant des emballages et des contenants en plastique. Ce type d'aliments représente plus de la moitié des apports énergétiques dans de nombreux pays occidentaux, selon l'Inserm. Les deux études, respectivement conduites sur plus de cent mille adultes français et près de vingt mille diplômés d'universités espagnoles, sont parues dans le British Medical Journal (BMJ), précise l’AFP. La nouvelle étude française de l'Inserm dirigée par la Dr Mathilde Touvier porte sur plus de 100 000 participants-es, en majorité des femmes, participant à l'étude NutriNet-Santé (suivis-es entre 2009 et 2018, sur six ans maximum). Elle a évalué la consommation de 3 300 aliments et boissons, classés selon leur degré de transformation industrielle. La consommation d'aliments ultra-transformés s'est révélée être associée à un risque plus élevé de maladies cardiovasculaires (1 409 cas sur les 105 159 participants-es), et en particulier de maladies coronariennes (665 cas) et de maladies cérébro-vasculaires (829 cas). Une augmentation de dix points de pourcentage d'aliments ultra-transformés dans la nourriture - en passant par exemple de 15 % à 25 % - est associée à une augmentation de 12 % du risque de maladies cardiovasculaires (13 % pour les maladies coronariennes et 11 % pour les AVC et leur forme transitoire).  « L'étude ne permet pas, à elle seule, de conclure à un lien de cause à effet, mais l'association entre aliments ultra-transformés et risque de maladies cardiovasculaires est statistiquement significative en tenant compte des autres caractéristiques des participants (consommation de tabac ou d’alcool, niveau d'activité physique, statut socio économique, âge, sexe, poids etc.) », a expliqué le docteure Touvier à l'AFP. « Par exemple, à statut tabagique, niveau d'activité physique et poids équivalents, les personnes qui avaient une proportion d'aliments ultra-transformés dans leur alimentation plus élevée avaient plus de risque de développer une maladie cardiovasculaire », ajoute-t-elle. On doit la seconde étude à Maira Bes-Rastrollo (Université de Navarre, Pampelune, Espagne). Elle et ses collègues ont évalué les associations possibles entre l'ingestion d'aliments ultra-traités et le risque de décès quelle qu'en soit la cause. Elle porte sur 19 899 diplômés-es universitaires espagnols-es (dont 12 113 femmes) âgés-es en moyenne de 38 ans. Là aussi, les aliments ont été regroupés selon le degré de transformation et les décès ont été dénombrés sur une moyenne de dix ans.  Selon cette étude, une consommation plus élevée d'aliments ultra-transformés (plus de quatre portions par jour) est associée à un risque accru de mortalité toutes causes confondues de 62 % comparativement à une consommation moindre (moins de deux portions par jour).  Chaque portion journalière supplémentaire d'aliments ultra-transformés, augmentait le risque de mortalité de 18 %.