Amitié et VIH en Une de Poz

1 Juin 2023
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Les acteurs Darius Harper et André Jordan, tous deux âgés de 36 ans, se sont rencontrés pour la première fois alors qu'ils étaient étudiants à l'American Musical and Drama Academy de New York, où ils ont entrepris, il y a près de 20 ans, de devenir acteurs de théâtre. Ils se sont soutenus mutuellement tout au long de leur carrière et ont construit une belle amitié. Aujourd'hui, ils se soutiennent l'un l'autre dans leur vie avec le VIH et posent en Une du magazine américain Poz de juin 2023. En 2015, Jordan et Harper réalisaient leurs rêves en tant qu'acteurs de théâtre. Harper jouait dans la tournée nationale de la comédie musicale Kinky Boots, et Jordan était en tournée avec la comédie musicale Joseph and the Amazing Technicolor Dreamcoat. Ils se produisaient et voyageaient dans tous les États-Unis. Mais cette année-là, leur vie à tous les deux a changé de manière inattendue quand ils ont été diagnostiqués séropositifs au VIH à quelques mois d’écart. « C'était triste », confie André. « J'ai ressenti cette terrible stigmatisation, l'impression que j'avais fait quelque chose de mal et que je méritais cela pour avoir simplement vécu ma vie et fait ce que tout le monde faisait ». André pensait qu'il allait mourir. Bien qu'il ait grandi dans une génération qui connaissait le VIH/sida, il n'avait pas réalisé que les traitements avaient progressé au point que les personnes vivant avec le virus pouvaient mener une vie longue et saine. « Je ne m'étais même pas donné la peine de faire des recherches sur ce que vivent les personnes séropositives. Je me disais que ce n'était pas quelque chose qui pouvait m'arriver ». De son côté, Darius a appris la nouvelle par téléphone : « J'étais dans la voiture et mes amis me regardaient dans le rétroviseur. Ils m'ont dit : « Qu'est-ce qui ne va pas chez toi ? On dirait que quelqu'un vient de mourir ». Ce moment était donc très palpable ». Darius admet que les débuts n’ont pas été faciles : « Les premières semaines, les premiers mois et la première année d'un diagnostic de VIH sont très intenses. Il y a beaucoup de changements dans les habitudes de vie. Une fois que vous avez trouvé le bon traitement, vous devez bien le suivre ». Dans leur entretien avec le magazine Poz, les deux acteurs évoquent leurs difficultés à conserver leur couverture d'assurance maladie, ce qui a eu une incidence sur leur prise de traitement. En tant que membres de l'Actors' Equity Association, ils doivent travailler 12 semaines pour bénéficier d'une couverture d'assurance pour six mois et travailler davantage pour être éligibles pour l'année. « Au début de mon diagnostic, j'ai souvent dû me passer de médicaments pour des raisons d'assurance », explique Darius. « L'assurance était périmée ou je n'avais pas assez de semaines travaillées dans mon année de travail pour en bénéficier. Passer à Medicaid a probablement été la meilleure chose que j'ai pu faire en tant que personne séropositive ». Medicaid est un programme créé aux États-Unis qui a pour but de fournir une assurance maladie aux individus et aux familles à faibles ressources. Même constat pour André : « Je n'ai pas pu obtenir mes médicaments. Il y a eu une interruption de deux mois et parfois un peu plus. Mais je parviens toujours à me réinscrire à l'assurance et à reprendre mes médicaments ». Une situation indigne pour un pays aussi riche que les États-Unis. Aujourd’hui, les deux amis parlent ouvertement de leur vie avec le VIH : « Je suis arrivé à un stade où toutes ces blessures ont été guéries. J'ai ressenti le besoin de partager mon histoire parce que c'est ce que je suis en tant que créateur, en tant qu'artiste. Je m'efforce toujours d'être un défenseur et un allié pour les personnes qui me ressemblent et qui viennent de là où je viens. Cela inclut désormais la communauté VIH », explique Darius. De son côté, André veut que les personnes vivant avec le VIH sachent qu'elles ne sont pas seules. Il y a d'autres personnes qui ont encore le courage d'en parler. Darius et André ont, tous deux, été ces personnes à un moment donné. Aujourd'hui, ils sont là l'un pour l'autre et pour toute une communauté avec laquelle ils peuvent partager leurs expériences.