Anti-IVG : une manif et un candidat

26 Janvier 2019
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Le 20 janvier dernier, plusieurs milliers de personnes (moins de 8 0000, selon la préfecture de police) ont participé, à Paris, à la treizième édition de la marche nationale contre l’avortement, baptisée « Marche pour la vie ». Sur des pancartes, on pouvait lire des messages du type « Vivre est un droit », « IVG : dire la vérité, c'est dissuader », « Protéger le faible, ça c'est fort », indique l’AFP. Le cortège est parti de la Porte Dauphine et a revêtu, cette année, une couleur politique particulière. En effet, ces organisateurs ont souhaité en faire « l'acte premier de la mobilisation citoyenne contre la révision de la loi bioéthique ». Derrière, cette mobilisation, il y a bien sûr la volonté de revenir sur l’IVG (mais les conditions politiques ne sont pas réunies pour que cela se fasse), mais surtout celle d’empêcher l’ouverture de la PMA aux couples de femmes et aux femmes célibataires. Officiellement, cette « marche pour la vie » n'est « pas confessionnelle », autrement dit catholique, mais l’ambassade du Vatican à Paris (nonciature apostolique) a transmis, selon les organisateurs, un message d'encouragement du pape François… mais sinon, ce n’est pas confessionnel. Pressenti pour diriger la liste des Républicains aux européennes, François-Xavier Bellamy, philosophe, adjoint au maire de Versailles, a récemment admis dans les colonnes du Journal du Dimanche (20 janvier) avoir participé par le passé à des « marches pour la vie ». « Oui, j'y ai participé deux ou trois fois. Cette question de l'IVG est une conviction personnelle que j'assume. Mais je comprends qu'elle ne soit pas partagée, et vous ne trouverez de ma part aucune parole offensante ni aucun jugement », a-t-il indiqué. Evidemment, le choix d’une telle personnalité pour (éventuellement) conduire la liste LR pour les élections européennes de  2019 a fait réagir la classe politique. Cette position a manifestement frappé la secrétaire d'État en charge de l'égalité entre les femmes et les hommes, Marlène Schiappa. « Alors même que la France vient de lancer une campagne européenne pour la ratification de la convention d'Istanbul (luttant contre les violences faites aux femmes, ndlr), voilà qui les Républicains veulent envoyer au Parlement européen : un anti-IVG », a lancé la ministre. « Jeune et brillant... et hostile à l'IVG. S'il est choisi pour être l'incarnation de la droite aux européennes, c'est aussi à un choix de société et de civilisation que les Français auront à répondre », a renchéri Aurore Bergé, porte-parole du groupe LREM à l'Assemblée nationale. Ce n’est une surprise pour personne, l'essayiste et professeur de philosophie, candidat malheureux aux législatives en 2017, se présente comme un « catholique conservateur ». Il est notamment l’un des créateurs du mouvement des veilleurs opposé à l’ouverture du mariage aux couples de même sexe. « Si une personnalité comme François-Xavier Bellamy se confirme à la tête des listes aux européennes, je ne vois pas ce qui empêcherait qu'il puisse y avoir des alliances (avec le Rassemblement national, ndlr) », soulignait, en novembre 2018, Marion Maréchal.