Appel pour l’Europride en Serbie

11 Septembre 2022
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Dans une lettre commune, 145 eurodéputés-es, dont six vice-présidents-es du Parlement européen, ont demandé, début septembre, au président serbe Aleksandar Vucic de revenir sur sa décision d’annuler l’Europride prévue en septembre à Belgrade et de mobiliser des forces suffisantes pour en garantir la sécurité. Le président serbe Aleksandar Vucic a annoncé, fin août, l’annulation de cette manifestation paneuropéenne, invoquant la montée des tensions au Kosovo voisin, rappelle l’AFP. Son gouvernement avait précisé que les conditions n’étaient pas réunies pour un « déroulement en toute sécurité » et que « certains groupes extrémistes pourraient profiter et abuser de cet événement ». Les organisateurs-rices de l’Europride — une semaine de festivités et conférences prévue du 12 au 18 septembre à Belgrade avec une Marche des fiertés l’avant-dernier jour — ont aussitôt contesté cette décision, dénonçant une « violation de la Constitution » et assurant que l’événement aurait bien lieu. « Nous sommes conscients qu’il existe des menaces pour la sécurité des manifestants, mais nous maintenons que l’interdiction pure et simple n’est pas la bonne solution », ont réagi les eurodéputés-es dans leur lettre, signée par les présidents des groupes politiques Renew (libéraux), S&D (sociaux-démocrates), Verts et Gauche radicale. « La situation des contre-manifestations anti-LGBTIQ, souvent violentes, n’est malheureusement pas nouvelle (...). Si besoin, davantage de policiers devraient être déployés », ont-ils-elles insisté, estimant que c’est une obligation de la Serbie au regard des règles du Conseil de l’Europe (organisation de défense des droits humains réunissant 46 États). La Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH) a déjà condamné dans le passé une décision polonaise visant à interdire une Pride, mais aussi « le fait de ne pas protéger les manifestants pacifiques lors de manifestations telles que les Marches des fiertés », rappelle la lettre. Dans une tribune publiée dans Libé le 5 septembre, un collectif d’associations, dont AIDES, l’Inter LGBT et SOS Homophobie, appelle la France et l’Union Européenne à réagir suite à l’annulation de l’Europride de Belgrade en Serbie. « Nous ne devons pas être dupes des déclarations du président serbe, qui invoque des problèmes liés à l’énergie, à l’alimentation ainsi que des tensions au Kosovo. En effet, bien que des défis majeurs attendent la Serbie en ces temps difficiles, la réalité est là : l’annulation de l’Europride est la conséquence d’une présidence serbe autoritaire aux pratiques liberticides, fragilisant les droits fondamentaux et la liberté d’expression », déplore le collectif. Pour les ONG françaises, « cette annulation, anticonstitutionnelle, est une attaque LGBTQIphobe, franche et directe, envers les minorités queers ». Une attaque qui s’inscrit dans la tradition d’une société serbe qui reste dans l’ensemble plutôt conservatrice et réactionnaire. « Dans ce pays qui ne reconnaît légalement ni les couples homosexuels, ni l’homoparentalité, 40 % de la population estime que l’homosexualité est une maladie (Institut national démocratique, Washington, 2015) », souligne le collectif. Et les signataires de la tribune de conclure : « Nous, associations, collectifs et ONG signataires, apportons notre soutien inconditionnel aux organisations de l’Europride de Belgrade et de l’EPOA. Il est du devoir du président de la République française, de la ministre de l’Europe et des Affaires étrangères et de l’ambassadeur de France [en Serbie] de réagir et intervenir afin de préserver l’intégrité et la visibilité des droits LGBTQI+ en Europe et dans le monde ».