ARV par intramusculaire : résultats prometteurs

25 Juillet 2017
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Les nouvelles modalités de prises des traitements antirétroviraux font actuellement l’objet de nombreuses recherches, comme la possibilité de les administrer par patch, implant ou injection à libération prolongée. L’enjeu : améliorer l’observance et soulager les personnes d’une prise quotidienne et orale d'un ou plusieurs comprimés. C’est à l’occasion d’une session consacrée aux posters sélectionnés par les co-présidents de la 9e Conférence sur les sciences du VIH à Paris qu’ont été présentés par Joseph Eron de l’Université de Caroline du Nord les résultats très attendus à 96 semaines de l’essai Latte-2. Cet essai de phase 2b visait à comparer auprès de 309 personnes l’efficacité sur le contrôle de la charge virale d’une administration d’un traitement antirétroviral à base de cabotégravir (un anti-intégrase) et rilpivirine (Edurant) par injection intramusculaire toutes les quatre ou huit semaines, par rapport à une prise orale sous forme de comprimés de ce même traitement. Egalement publiés aujourd’hui dans la célèbre revue médicale "The Lancet", les résultats de cet essai montrent qu’il n’y a pas de différence d’efficacité, que ce soit en prise orale ou par injection. Les réactions au niveau du site d’injections (douleurs, bleus) étaient négligeables et aucun effet indésirable sérieux lié au traitement n’a été constaté. Si ces nouvelles modalités d’administrations semblent prometteuses et sont très appréciées par les participants des essais concernés, elles ne sont pas sans poser un certain nombre de questions, en particulier à l’initiation qui demande de passer préalablement par une prise orale pendant quelques semaines pour vérifier la tolérance et sur l’arrêt en cas d’effets indésirables qui surviendraient par la suite, sans possibilité alors d’arrêter la diffusion du produit dans l’organisme qui aura déjà été injecté. On peut se demander aussi ce qui se passerait si une personne venait à manquer son rendez-vous, retardant alors sa nouvelle injection d’antirétroviraux. On sait, en effet, qu’à concentration insuffisante du traitement dans l'organisme, le virus peut alors muter et devenir résistant aux molécules du traitement antirétroviral. Le développement des traitements à libération prolongée nécessitera probablement la mise en place d’un accompagnement spécifique des personnes en éducation thérapeutique et la possibilité d’avoir une solution de secours en cas de rendez-vous manqué, comme le fait de disposer de comprimés permettant de repasser temporairement à une prise orale. A l’heure de l’espacement des rendez-vous du suivi VIH, si cette modalité de prise toutes les quatre à huit semaines venait à se développer, il faudra probablement revoir au contraire à la hausse leur nombre, au moins en consultation infirmière pour réaliser les injections. Il faudra encore quelques années, la fin des essais cliniques et des étapes indispensables d’autorisation de mise sur le marché, avant une commercialisation effective des traitements à libération prolongée.