Baisse du dépistage VIH

27 Septembre 2021
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Le 20 septembre, l’ANRS | Maladies infectieuses émergentes a rendu public un rapport d’information réalisé par le groupe « Indicateurs » de l’action coordonnée 47 (AC47) et adressé, fin août, au ministère des Solidarités et de la Santé. Ce rapport fait le point sur l’impact de la pandémie de Covid-19 sur l’épidémie de VIH en France. Premier point rassurant, la Covid-19 a eu « peu de conséquence » pour les personnes vivant avec le VIH déjà suivies. « En France, nous avons constaté que la crise sanitaire n’a quasiment pas eu d’impact mesurable avec les indicateurs disponibles sur la prise en charge des personnes vivant avec le VIH (PVVIH) déjà suivies », rapporte Dominique Costagliola, directrice de recherche à l’Inserm et présidente de l’AC47 (elle est également administratrice de AIDES). En 2020 et 2021, les délivrances de traitements antirétroviraux ont même légèrement augmenté. Les téléconsultations et les prescriptions par e-mails semblent avoir compensé les fermetures des services de consultations. « La Covid-19 n’a pas eu de répercussion sur l’efficacité du traitement comme moyen de prévention », indique le rapport.En revanche, le dépistage du VIH est en baisse significative. Par rapport aux dépistages sanguins attendus entre mars 2020 et avril 2021, un déficit de 16 % est rapporté. Par ailleurs, les ventes d’autotests ont diminué de 22 % en 2020 et les nouvelles initiations de traitement ont baissé de près de 20 % de mars 2020 à avril 2021. « La crise sanitaire a eu un impact négatif global sur le dépistage du VIH, que ce soit dans les populations à risque ou dans la population générale. Nous craignons d’assister à une augmentation de personnes prises en charge tardivement », déplore Dominique Costagliola. En ce qui concerne la Prep, les chercheurs-ses ont constaté un déficit par rapport aux chiffres attendus de 17 % pour la période de mars 2020 à avril 2021. « On sait aujourd’hui que la Prep est bien tolérée et efficace pour prévenir les nouvelles infections par le VIH. Avant la crise, on envisageait son déploiement auprès de nouveaux profils de personnes. Aujourd’hui, on se retrouve un pas en arrière », constate Dominique Costagliola. L’objectif de mettre fin à l’épidémie de VIH d’ici 2030 est-il en train de s’éloigner ? La chercheuse ne veut pas céder au pessimisme : « Cela va dépendre des prochaines recommandations sur la prise en charge du VIH », explique Dominique Costagliola, en faisant référence au rapport d’experts-es dont l’actualisation est en cours sous la direction du Professeur Delobel et attendue pour la fin de l’année. « Si la Prep est recommandée plus largement, des campagnes permettront d’aller de l’avant et de rattraper le retard », explique la chercheuse. Et de conclure : « Il faut aussi redoubler nos efforts de dépistage avec, par exemple, la généralisation d’initiatives comme Au labo sans ordo » (1).

(1) : Lancée le 1er juillet 2019 en phase test à Paris et dans les Alpes-Maritimes, cette offre consiste à élargir et faciliter le dépistage du VIH en proposant la possibilité de faire un test sans ordonnance, sans rendez-vous et sans frais dans tous les laboratoires d’analyses médicales de ces deux départements).