Barré-Sinoussi inquiète de la crise

30 Mars 2021
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« Sur l’année écoulée, les dépistages ont chuté jusqu’à 50 % dans certains pays », alerte Françoise Barré-Sinoussi, présidente de l’association Sidaction. Interrogée dans le Journal du dimanche (JDD), la prix Nobel de médecine a pointé un impact « malheureusement important » de la crise sanitaire liée à la Covid-19 sur la lutte contre le VIH, en raison, par exemple, d'« une chute » des dépistages. « L’impact a malheureusement été important. Sur l’année écoulée, l’utilisation de la prophylaxie pré-exposition (PrEP) a fortement reculé, en lien avec l’épidémie de Covid », a déclaré la virologue à l’hebdomadaire. La chercheuse a cité des projections de l’Onusida, qui « font craindre des chiffres affolants : jusqu’à 300 000 cas d’infection de plus et jusqu’à 150 000 décès supplémentaires d’ici à 2022 » dans le monde. « Certains estiment que l’on pourrait perdre dix ans d’efforts dans la lutte contre le sida », a alerté la scientifique. Comme d’autres experts-es, elle regrette que les leçons apprises pendant les quatre décennies de lutte contre le VIH n’aient « pas suffisamment été prises en considération » dans la réponse à la Covid-19. « Face à une épidémie virale, il faut créer un environnement favorable aux changements de comportement », or « on n’a pas assez travaillé avec le milieu associatif, qui a la capacité de passer des informations au grand public de façon à ce qu’elles soient acceptées », a-t-elle expliqué. « En d’autres termes, il y a eu d’énormes défauts de communication et des contradictions, y compris entre soignants », a ajouté la virologue. La chercheuse espère que les progrès scientifiques réalisés face à la Covid-19 vont « nous permettre d’apprendre des choses sur le VIH ». « On n’avait jamais essayé jusqu’à présent de vaccin à ARN messager contre le VIH. Moderna, entre autres, est en train d’en développer un : je ne sais pas si ça va marcher, mais on apprend les uns des autres », a-t-elle poursuivi.