Belgique : Le prix indécent des médicaments

6 Octobre 2016
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Médecins du Monde (MDM) Belgique a lancé le 23 septembre dernier une campagne pour dénoncer le prix révoltant des médicaments et alerter sur le risque qu’il fait porter sur le système de santé dans le pays. Comme cela a été fait en France, MDM a mis en avant des exemples des conséquences des prix sur l'accès aux soins. "Patricia n’a pas accès au traitement de 43 434 euros qui la guérirait de l’hépatite C car elle n’est "pas assez gravement malade". Ludovic atteint de cancer a payé plus de 50 000 euros en médicaments. Pour pouvoir se soigner, il a failli perdre sa maison. Anne-Sophie attend sa greffe de rein depuis 13 ans Combien de temps aura-t-elle accès au médicament de 400 000 euros par an nécessaire à sa survie ?" Les exemples en Belgique, de patients n’ayant pas accès à des traitements qui pourraient les guérir, se multiplient, explique l'association. Comme en France et dans d'autres pays d'Europe, la mise sur le marché du sofosbuvir (Sovaldi), le premier des antiviraux à action directe efficace contre l’hépatite virale C, a agi comme un révélateur des dysfonctionnements en matière de production et de fixation du prix des médicaments. Le traitement de douze semaines est en effet vendu 43 434 euros par patient. Il ne coûte que 100 euros à produire, selon une étude scientifique de 2015. "Les traitements contre le cancer sont aussi devenus un marché particulièrement juteux pour les firmes pharmaceutiques. Le Glivec, un traitement contre la leucémie, est aujourd’hui vendu 45 000 euros par an et par patient pour un coût de production estimé à seulement 200 euros. Le Keytruda, un traitement contre le mélanome, est annoncé à un prix de 100 000 euros par an et par patient", dénonce MDM. "Généralement, les autorités qui fixent le prix d’un médicament acceptent de s’aligner sur les exigences des firmes pharmaceutiques. Les firmes pharmaceutiques cherchent à optimiser leur profit et évaluent la propension des Etats à payer les médicaments", pointe l'organisation non gouvernementale. "Notre sécurité sociale et donc notre santé sont en danger", affirme Xavier de Béthune, directeur médical de Médecins du Monde Belgique. "Ces prix exorbitants ne sont plus tenables. La mainmise de l’industrie pharmaceutique sur le système des brevets doit cesser. Les autorités laissent les laboratoires dicter leurs prix et abandonnent leur mission, celle de protéger la santé des populations", explique l'ONG. Comme c'est le cas en France depuis deux ans, de nombreuses voix s’élèvent en Belgique pour dénoncer cette situation, dont celle de Test-achats. Cette organisation de défense des consommateurs avait lancé une campagne fin juin appuyée par une pétition en collaboration avec la LUSS et le Collège Intermutualiste National (CIN-NIC) pour dénoncer notamment l’absence totale de transparence sur les coûts de recherche et développement de l’industrie pharmaceutique. Cette campagne de MDM comporte des affiches et une pétition adressée à la Ministre de la Santé, Maggie De Block, pour faire baisser le prix des médicaments. Avec cette campagne, Médecins du Monde et ses partenaires demandent que l’Etat protège l’intérêt des Belges, préserve notre système de santé solidaire et intervienne pour faire baisser le prix des médicaments ; la transparence des coûts de recherche & développement, de production et de marketing ; un modèle alternatif au brevet pour financer l’innovation thérapeutique.

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Brevet amendé pour un médicament contre l'hépatite au coût controversé 


L'ONG Médecins du Monde a remporté mercredi une victoire partielle face au laboratoire américain Gilead qui a vu modifié son brevet pour le médicament sofosbuvir, une décision qui pourrait permettre une renégociation du prix extrêmement élevé de ce traitement efficace contre l'hépatite C 

"Le brevet d'origine du sofosbuvir n'a pas été maintenu, mais ses composants restent" brevetés, a indiqué l'Office européen des brevets basé à Munich dans un bref communiqué, après avoir donné partiellement raison à l'ONG qui demandait la révocation pure et simple du brevet. 

Médecins du Monde estimait dans son recours qu'en déposant le brevet "avant même la démonstration de l'efficacité accrue du sofosbuvir", vendu en France sous le nom de Sovaldi, le laboratoire s'était de facto "réservé un domaine de recherche et a privatisé une molécule sur laquelle d'autres chercheurs auraient pu travailler". 

Pour l'ONG, l'enjeu est le prix du traitement, alors que les laboratoires justifient par le coût de la recherche des tarifs parfois très élevés. 

En France, une cure de 12 semaines de sofosbuvir revient à 41.000 euros alors que la même molécule est vendue 200 euros en Inde. 

Du coup, selon Médecins du Monde, les gouvernements européens doivent profiter de la décision de l'Office européen des brevets (OEB) pour forcer Gilead à "renégocier les prix à la baisse". 

"C'est une décision qui pour nous est intéressante même si le brevet n'a pas été révoqué comme nous l'attendions", a dit à l'AFP Olivier Maguet, responsable de la mission prix des médicaments de Médecins du Monde. 

"Cela crée une situation juridique faible pour ce médicament et donc cela autorise les gouvernements à reprendre un petit peu la main dans la négociation avec les industriels pour qu'on ne se retrouve pas (dans une situation) comme en Allemagne où ce médicament est facturé pas loin de 50.000 euros à la sécurité sociale", poursuit-il. 

De son côté, Gilead s'est dit "satisfait que (son) brevet n’ait pas été révoqué", sans mentionner le changement voulu par l'OEB ou les conséquences possibles de cette décision de l'organisme qui délivre et protège les brevets industriels dans 40 pays européens. 

"Cette décision, dont le porte-parole de l’OEB annonce qu’elle modifie le brevet du médicament Sovaldi, est une étape importante", a réagi dans un communiqué la ministre française de la Santé, Marisol Touraine. 

La ministre rappelle également avoir annoncé au printemps dernier "que le prix du Sovaldi serait renégocié à la baisse avec le laboratoire Gilead. Cette renégociation est en cours, elle est plus que jamais d’actualité", a ajouté Mme Touraine. 

Gilead a largement rentabilisé son investissement de départ, l'achat en 2011 de la société Pharmasset, détentrice du brevet du sofosbuvir. Son cours en Bourse a triplé entre 2013 et 2015. 

Les milliards que coûtent les traitements innovants comme le sofosbuvir pèsent de plus en plus sur les systèmes de sécurité sociale européens qui les remboursent, alors que les patients ne peuvent pas en assumer le coût. 

http://www.boursorama.com/actualites/brevet-amende-pour-un-medicament-co...

Un brevet bancal :

http://www.medecinsdumonde.org/actualites/hepatite-c/2016/10/05/un-breve...