Berlin vote une loi anti-discriminations

17 Juin 2020
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La municipalité de Berlin a adopté une loi anti-discriminations, inédite en Allemagne qui suscite depuis vendredi 5 juin les critiques de syndicats de policiers. Cette loi, défendue par le sénateur écologiste chargé de la justice, Dirk Behrendt, a été adoptée le 4 juin dernier par le Sénat de la capitale allemande, à majorité de gauche. Les élus-es conservateurs de la CDU et ceux-celles d’extrême droite ont voté contre. Selon ce texte, les victimes de discriminations - raciales, religieuses, sexuelles, ou encore liées au handicap - pourront désormais demander des dommages et intérêts, explique l’AFP. La loi prévoit un large éventail de cas de figure, de la personne aveugle refusée dans un lieu public avec son chien parce qu'il est interdit aux animaux, aux « blagues misogynes »que pourraient lancer des fonctionnaires en présence d'un tiers, en passant par d'éventuels contrôle de police au faciès. Berlin pourrait ainsi devenir « précurseur » en Allemagne en matière de lutte contre les discriminations, s'est félicité Dirk Behrendt, saluant l'aboutissement de « plus de dix années » de débats. Droite, libéraux et extrême droite ont, en revanche, fustigé une loi qui « poignarde les fonctionnaires dans le dos », selon les termes du chef de file de la CDU dans la capitale, Burkard Dregger. Une disposition irrite particulièrement les opposants-es au nouveau dispositif : en cas d'accusation de discrimination, les policiers devront désormais prouver qu'ils ne se sont pas rendus coupables de tels agissements ; soit un renve »rsement de la charge de la preuve. Jusqu'à présent, c'était à la victime présumée de démontrer qu'elle avait été discriminée, ce qui est, comme on le sait, souvent très difficile voire impossible à faire. Les syndicats de policiers-ières sont particulièrement virulents, accusant la nouvelle loi de jeter la suspicion sur l'ensemble des fonctionnaires de police et donc d'inverser la charge de la preuve en exigeant d'un suspect éventuel de prouver qu'il n'est pas coupable. Ces mesures inquiètent aussi dans d'autres régions allemandes, qui redoutent qu'elles fassent tâche d'huile. « L'Allemagne n'est pas les États-Unis. Nous n'avons pas de problème de racisme dans la police ici », a réagi Thomas Blenke, délégué à l'Intérieur au sein de la CDU de Bade-Wurtemberg. Les porte-parole de la CDU et de la formation conservatrice bavaroise CSU pour la politique intérieure au niveau fédéral ont même exigé, par mesure de rétorsion, qu'aucun policier d'autres Länder ne soit envoyé en renfort à Berlin, comme cela se pratique régulièrement entre régions allemandes.