Brevets : des scientifiques en appel

30 Juillet 2021
1 298 lectures
Notez l'article : 
4
 
0

Ils-elles sont connus-es et souvent de grands noms de la lutte contre le sida et la recherche médicale ou en sciences sociales (Françoise Barré-Sinoussi, Richard Benarous, Henri Bergeron, Gilles Brücker, Dominique Costagliola, François Dabis, Pierre Delobel, Christine Katlama, Michel Kazatchkine, Karine Lacombe, Odile Launay, Jean-Daniel Lelièvre, Carine Rolland, Christine Rouzioux, Willy Rozenbaum, Bruno Spire). Tous-tes ont récemment signé une tribune parue dans Le Monde (6 juillet) qui défend l’idée que : « Seule une réponse mondiale coordonnée pourra mettre fin à la pandémie de Covid-19 ». Dans un texte très argumenté, les signataires font le constat que, dans le monde, le « virus circule plus vite que les vaccins ». Face à cela, « l’Union européenne se refuse à soutenir la levée des brevets dans les négociations à l’OMC », une clef indispensable pour stopper l’épidémie au niveau mondial. « Alors que plus de 2,5 milliards de doses de vaccin ont déjà été administrées dans le monde, force est de constater que, pour ce qui est de l’accès à la vaccination, des inégalités criantes persistent : ainsi, au 26 juin, ce sont 49 % des habitants de l’Union européenne (UE) qui avaient reçu au moins une dose, contre 2 % de la population africaine seulement », déplorent-ils-elles. Et d’expliquer : « Les pays à ressources limitées, qui savent déjà qu’ils auront, dans les prochaines années, à payer un lourd tribut consécutivement aux effets de la crise sanitaire, assistent aujourd’hui démunis à l’arrivée d’une troisième vague sans avoir les outils pour lutter efficacement contre le virus ». On le comprend l’enjeu est d’importance, mais les pays du Nord y restent obstinément sourds, notamment quand les pays du sud demandent une levée temporaire des brevets pour assurer un vrai accès universel aux vaccins anti-Covid. « Une levée temporaire des brevets ainsi que des autres barrières juridiques relatives à la propriété intellectuelle serait (…) conforme à l’application d’un droit prévu par le cadre international et légitimerait que les pays du Sud produisent et distribuent leurs propres vaccins et traitements », soulignent les signataires. Reste que l’UE se refuse à soutenir la levée des brevets dans les négociations à l’OMC, préférant le système des licences obligatoires. « La France, quant à elle, maintient une position ambiguë, entre les déclarations de soutien à la levée des brevets d’Emmanuel Macron et l’absence d’engagement ferme dans les instances européennes et internationales. Seule une réponse mondiale coordonnée pourra mettre fin à la pandémie. La situation actuelle favorise l’émergence de variants, possiblement plus contagieux, plus mortels, voire résistants aux vaccins, retardant toujours plus une sortie de crise.  Au-delà du débat sur les bienfaits et les limites du régime de la propriété intellectuelle, nous, chercheurs, professionnels de santé et du secteur associatif, nous réunissons pour défendre un droit universel à la santé », expliquent les signataires.