Burundi et homophobie

20 Mars 2023
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Les autorités du Burundi ont arrêté, fin février, vingt-quatre personnes pour « pratiques homosexuelles », a indiqué l’AFP citant une  source judiciaire et un militant burundais des droits humains. Les arrestations ont eu lieu le 23 février à Gitega, la capitale, où des membres de l’association Muco Burundi, une ONG mobilisée dans la lutte contre le sida, tenaient un séminaire. Les personnes arrêtées sont accusées de « pratiques homosexuelles et d'incitation aux pratiques homosexuelles envers des adolescents garçons et filles à qui ils donnent de l'argent », a expliqué ce militant, dénonçant « des accusations absurdes et sans fondement ». Venant Manirambona, gouverneur de la province de Gitega, a confirmé ces arrestations à l'AFP mais a refusé de fournir des détails, faisant valoir que l'enquête judiciaire était en cours. Une source judiciaire a précisé à l'AFP que des voisins avaient alerté les services de sécurité après avoir vu des adolescents-es des deux sexes au siège de l’association. La police a expliqué qu’elle a découvert sur les lieux des préservatifs et des documents sur les droits des homosexuels ; ce qui est logique pour une association de lutte contre le sida. Ces éléments serviraient de base à la police pour suspecter des « pratiques homosexuelles » présumées ou de l’incitation (elle aussi présumée) à en avoir. Le Code pénal, promulgué en 2009 par l’ancien président Pierre Nkurunziza, réprime « les relations sexuelles avec une personne de même sexe. Elles sont passibles de trois mois à deux ans de prison. L’actuel président, Évariste Ndayishimiye, a fustigé dans un discours mercredi 1er mars« les homosexuels, même ceux qui vivent en dehors du pays », explique l’AFP. Et le président homophobe d’expliquer : « Je demande à tous les Burundais de maudire ceux qui s'adonnent à l'homosexualité car Dieu ne peut pas le supporter. Ils doivent être bannis, traités en parias dans notre pays car ils nous apportent la malédiction ». Ce n’est pas la première fois que le travail d’une ONG de lutte contre le sida est violemment attaqué sous cet angle d’un supposé prosélytisme en faveur de l’homosexualité, que ce soit dans ce pays ou d’autres pays de la région. Selon les données 2021, 7 800 jeunes (de moins de 14 ans) vivaient avec le VIH dans le pays. Les jeunes femmes et femmes (à partir de 15 ans) et les jeunes hommes (à partir de 15 ans) représentaient respectivement : 44 000 personnes et 28 000 personnes. La prévalence chez les jeunes hommes est de 0,4 % et celle chez les jeunes femmes est de 0,5 %.

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En Ouganda, le parlement vote une loi anti-homosexualité prévoyant de lourdes peinesToute personne se livrant à des actes homosexuels ou se revendiquant comme LGBT+ pourra être condamnée, en vertu d'une nouvelle loi qui doit encore être signée par le président ougandaisImage d'illustration: manifestation à Entebbe, en Ouganda, en 2014. — © Rebecca Vassie / keystone-sda.ch Le Temps avec l’AFP - Publié mercredi 22 mars 2023 à 05:13 - Modifié mercredi 22 mars 2023 à 07:18

Le parlement ougandais a voté, mardi, une loi prévoyant de lourdes peines pour les personnes entretenant des relations homosexuelles, lors d’une séance agitée. «Le oui l’emporte», a annoncé la présidente du parlement Annet Anita Among après le vote final, soulignant que «la loi a été adoptée en un temps record».

Les députés ont considérablement amendé le texte initial qui prévoyait des peines allant jusqu’à dix ans de prison pour toute personne se livrant à des actes homosexuels ou se revendiquant comme LGBT +, dans un pays où l’homosexualité est déjà illégale.

L’étendue des nouvelles peines prévues par la loi n’était pas connue dans l’immédiat. «Cette chambre n’hésitera pas à restreindre quelque droit que ce soit dans la mesure où elle reconnaît, protège et sauvegarde la souveraineté de ce pays et sa morale», a déclaré Annet Anita Among.

Une vague d’homophobie

La loi doit être soumise au président Yoweri Museveni, qui pourra soit la promulguer soit y opposer son veto. Ce vote en Ouganda intervient dans un contexte de virulente vague d’homophobie en Afrique de l’Est, où l’homosexualité est illégale et souvent considérée comme un crime.

Les théories conspirationnistes sur le sujet foisonnent sur les réseaux sociaux, accusant d’obscures forces internationales de faire la promotion de l’homosexualité en Ouganda. La semaine dernière, le président Museveni, au pouvoir depuis 1986, avait qualifié les homosexuels de «déviants». Peu après, le 17 mars, la police ougandaise avait annoncé l’arrestation de six hommes pour «pratique homosexuelle».

L’Ouganda dispose d’une stricte législation anti-homosexualité – un héritage des lois coloniales britanniques – mais depuis son indépendance du Royaume-Uni en 1962 il n’y a eu aucune poursuite pour des actes homosexuels consentis.

En 2014, la justice ougandaise avait bloqué un projet de loi approuvé par les députés et signé par le président Museveni punissant les relations homosexuelles de la prison à vie. Ce texte avait suscité un tollé au-delà des frontières ougandaises, certains pays riches ayant suspendu leur aide après sa présentation au parlement.