Calcul du PIB : l'Insee refuse d'intégrer le trafic de drogue

27 Juin 2014
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L'Insee prendra en compte le trafic de drogue dans ses statistiques sur la richesse nationale, mais elle ne l'intégrera pas dans le calcul du produit intérieur brut (PIB), comme le demandent de nouvelles règles européennes contestées, explique l’AFP. "Nous intègrerons [le trafic de drogue, ndlr] pour les besoins de la politique européenne, notamment pour l'établissement du Revenu national brut en septembre prochain", a déclaré lors d’un point presse Eric Dubois, directeur des études et synthèses économiques à l'Institut national de la statistique et des études économiques. Le revenu national brut (RNB) est destiné principalement à déterminer la contribution de la France au budget de l'Union Européenne. L'Insee ne comptabilisera toutefois pas la drogue dans le PIB (Produit intérieur brut), mesure comptable qui fait référence dans le débat public. Eurostat, institut européen de la statistique, avait demandé l'an dernier aux Etats-membres d'intégrer les activités illégales créatrices de richesses (trafic de drogue, prostitution) dans les statistiques nationales, estimant qu'il s'agissait de transactions commerciales menées d'un commun accord. Les Etats ont jusqu'en septembre pour se conformer à cette demande. Au sujet de la prostitution, l'Insee ne reverra pas son mode de calcul. "Tout ce qui est de la prostitution discrète, c'est-à-dire de la prostitution qui se cache derrière d'autres activités, on considère qu'on le prend déjà en compte" de même que la fraude fiscale et le travail au noir, qui représentent "autour de 4 points de PIB", selon Eric Dubois. "Il y a aussi une prostitution de rue qui est plutôt le fait de réseaux de mafieux et relève plutôt de la traite de personnes en situation irrégulière, etc. Pour le coup le critère de consentement mutuel n'est probablement pas vérifié", ce qui conduit l'Insee à ne pas l'intégrer dans ses mesures. Comme le rappelle l’AFP, l'Italie a annoncé (22 mai) qu'elle intégrerait dans le PIB, l'argent de la drogue, de la prostitution, de la contrebande de tabac et d'alcool. En 2012, la Banque d'Italie avait évalué la valeur de ce qu'elle appelait "l'économie criminelle" à 10,9 % du PIB. Le Royaume-Uni a lui estimé que les revenus générés par le trafic de drogue et la prostitution pourraient augmenter le PIB nominal de 12,3 milliards d'euros, un peu moins de 1 %. Ces exigences européennes font débat jusqu'au niveau gouvernemental.