Cameroun : arrestations LGBTphobes

19 Avril 2021
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Les forces de sécurité camerounaises ont arbitrairement arrêté, battu ou menacé au moins 24 personnes soupçonnées d'homosexualité ou pour « non-conformité de genre », depuis février 2021, indique un communiqué de l’ONG Human Rights Watch (HRW) cité par l’AFP. « Ces récentes arrestations et abus suscitent de graves inquiétudes quant à la recrudescence des persécutions anti-LGBT au Cameroun », a expliqué Neela Ghoshal, directrice adjointe de la division LGBT à HRW. « La loi qui criminalise les comportements homosexuels fait courir aux personnes LGBT un risque accru d’être maltraitées, torturées et agressées sans aucune conséquence pour les auteurs de ces actes », a-t-elle souligné. Le 24 février à Bafoussam, dans la région de l’Ouest, des policiers ont fait une descente dans les bureaux de Colibri, une organisation qui fournit des services de prévention et de traitement du VIH et ont arrêté 13 personnes, dont sept membres du personnel de l'association, selon l'ONG de défense des droits humains. Ces 13 personnes ont été inculpées d’homosexualité, puis ont été libérées par la police les 26 et 27 février. « La police nous a dit que nous étions le diable, que nous n’étions pas humains, pas normaux. Ils ont frappé une femme transgenre au visage, l’ont giflée deux fois devant moi », a déclaré une femme transgenre de 22 ans interpellée par la police. La police a également forcé une des 13 personnes arrêtées, une femme transgenre de 26 ans, à se soumettre à un test de dépistage du VIH et à un examen anal, selon HRW. « Le médecin était gêné, mais a dit qu’il devait faire l’examen parce que le procureur en avait besoin. J’ai dû me pencher en avant. Le médecin portait des gants et a inséré son doigt. C’était la chose la plus humiliante que j’aie jamais vécue », a-t-elle déclaré à HRW. Au Cameroun, les pratiques homosexuelles sont interdites, la loi prévoyant des peines allant de 6 mois à 5 ans de prison et une amende pouvant aller jusqu'à 200 000 francs CFA (300 euros) à l'encontre de toute personne qui entretient des rapports sexuels avec une personne du même sexe. De façon cyclique, ces actes homophobes de la part des forces de l’ordre réapparaissent. Le HRW constate qu’elles sont en hausse actuellement. Sollicitées par l'AFP, les autorités camerounaises n’ont pas réagi. Comme souvent, ce sont les associations de lutte contre le sida et celles de défense des droits humains et tout particulièrement des minorités qui font l’objet de pressions et qui voient leurs militants-es et usagers-ères arrêtés-es. La justice camerounaise a fait pratiquer des examens anaux forcés (ce qui est considéré comme un acte de torture par les instances internationales), ce n’est pas une première, hélas, dans le pays comme l’expliquait déjà le HRW dans un article en 2016.