Cannabis et usagers-ères

13 Janvier 2023
2 052 lectures
Notez l'article : 
0
 

Santé publique France et l’OFDT (Observatoire français des drogues et des tendances addictives) ont récemment publié les résultats de leur dernière enquête qui interroge les usages de substances psychoactives illicites des adultes en France. L’édition 2021 de l’enquête a été administrée auprès de 23 661 adultes âgés-es de 18 à 64 ans résidant en France métropolitaine et dans les Outre-mer. Elle présente, entre autres, les dernières estimations disponibles des niveaux d’usage de cannabis en France et les tendances les plus récentes. Ces résultats montrent que, malgré la baisse observée chez les plus jeunes adultes, les niveaux d’usage de cannabis dans l’année sont restés globalement stables entre 2017 et 2021. Si les usages de cannabis restent majoritairement le fait des jeunes générations, on observe un vieillissement des personnes usagères. En 2021, la moitié de la population adulte âgée de 18 à 64 ans déclare avoir déjà consommé du cannabis au cours de sa vie. Il s’agit du produit illicite le plus diffusé dans la population, avec 18 millions de personnes qui en ont déjà consommé au cours de leur vie. Néanmoins, après deux périodes d’augmentation marquée des niveaux d’usage (1992-2000 et 2010-2014), la part des usagers-ères actuels-les (au moins un usage au cours des 12 derniers mois) s’est stabilisée. Ainsi, en 2021, 10,6 % des adultes ont consommé du cannabis dans l’année, un niveau comparable à 2017, tandis que l’usage au cours des 30 derniers jours baisse très légèrement sur la dernière période, passant de 6,4 % à 5,9 %. Les usages plus fréquents, qu’il s’agisse des usages réguliers (dix occasions d’usage ou plus au cours du mois) ou quotidiens observent également une baisse : ils concernent respectivement 3,0 % et 1,7 % des adultes, contre 3,6 % et 2,2 % en 2017. Si la consommation de cannabis reste globalement plus importante parmi les moins de 35 ans, l’âge moyen des usagers-ères actuels-les de cannabis ne cesse d’augmenter : il est ainsi passé de 25,1 ans à 32,8 ans entre 1992 et 2021. Cette tendance est la conséquence de deux phénomènes cumulés, expliquent les travaux. D’une part, le vieillissement des générations d'adultes qui déclaraient consommer à la fin des années 1990 – et dont une partie a continué de consommer – qui ont actuellement entre 40 et 50 ans. Et, d’autre part, l’arrivée dans les âges de consommation de la génération née dans les années 2000 qui se révèle moins consommatrice que les précédentes. Que constate-t-on sur la répartition par région des usages ? Dans le sud de la France métropolitaine, des usages largement au-dessus de la moyenne nationale. Dans les Outre-mer, des usages moins importants, mais plus intensifs. En métropole, le Centre-Val de Loire, les Hauts-de-France et l’Île-de-France présentent une moindre diffusion du cannabis. À l’inverse, c’est en Occitanie que la diffusion se révèle la plus importante, avec un niveau d’expérimentation supérieur de 8 points à la moyenne hexagonale, suivie de la Bretagne, de la Nouvelle-Aquitaine, puis des régions Auvergne-Rhône-Alpes et Provence-Alpes-Côte d'Azur. Dans les Outre-mer, on observe une moindre expérimentation du cannabis, avec des différences très marquées avec la moyenne hexagonale, qui vont de moins 9 points à La Réunion à moins 25 points en Guyane, où le niveau d’expérimentation s’avère deux fois plus faible qu’en métropole. En revanche, dans les Antilles comme en Guyane, 30 % des expérimentateurs ont consommé du cannabis dans l’année, contre un peu plus de 20 % en métropole. De même, environ 40 % des consommateurs-rices dans l’année ont fumé régulièrement du cannabis, contre 25 % en métropole.