Cédric Herrou relaxé

16 Mai 2020
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« On a réussi à voir, enfin, ce qu'était la fraternité » : après trois procès et une saisine du Conseil constitutionnel, Cédric Herrou, symbole de l'aide aux migrants-es, a été relaxé mercredi 13 mai par la cour d'appel de Lyon, indique l'AFP. « Je ne vois pas comment ils pouvaient me condamner. C'est l'État qui avait fait des actions totalement illégales », a expliqué à l'AFP l'agriculteur militant de la vallée de la Roya, à la frontière franco-italienne. Le Conseil constitutionnel avait ouvert la voie aux juges lyonnais en affirmant « la liberté d'aider autrui dans un but humanitaire », dans une décision historique du 6 juillet 2018 qui avait conduit la Cour de cassation à annuler une condamnation de Cédric Herrou et ordonner qu'il soit rejugé. « C'est le triomphe de la raison et du droit », s'est félicitée Me Sabrina Goldman, son avocate, à l'annonce de la décision. Cédric Herrou était poursuivi pour « aide à l'entrée, à la circulation et au séjour irrégulier d'étrangers en France » - quelque 200 personnes migrantes, principalement érythréennes et soudanaises, convoyées en 2016 d'Italie jusque chez lui. Depuis des mois, avec d'autres, il alertait les autorités sur des centaines de personnes bloquées dans la vallée de la Roya par le rétablissement des contrôles frontaliers, et empêchées ainsi de déposer une demande d'asile à Nice. Un collectif d'habitants-es et d'associations décidait alors d'ouvrir un lieu accueil dans une colonie de vacances désaffectée de la SNCF. Après trois jours d'occupation de ce « squat des Lucioles », Cédric Herrou était arrêté en octobre 2016 avec trois autres personnes et placé en garde à vue. Condamné à une amende en première instance à Nice début 2017, puis à quatre mois de prison avec sursis en appel à Aix-en-Provence, l'agriculteur avait saisi les Sages du Conseil constitutionnel, via deux questions prioritaires de constitutionnalité, sur le « délit de solidarité » dont il s'estimait victime. « Une aide désintéressée aux migrants, qu'elle soit individuelle ou militante et organisée, ne doit pas être poursuivie », tranchait alors le Conseil constitutionnel, affirmant « la liberté d'aider autrui, dans un but humanitaire, sans considération de la régularité de son séjour sur le territoire national ». La défense a accueilli l'arrêt de la cour d'appel avec « un vrai soulagement », en regrettant qu'il ait fallu plus de trois ans de procédure pour obtenir gain de cause.