Changer de genre dès 16 ans

22 Février 2023
682 lectures
Notez l'article : 
0
 

Avancée. Après des mois de débats au sein de la gauche au pouvoir, les députés-es espagnols-es ont voté jeudi 16 février une loi permettant de changer librement de genre dès 16 ans. Cheval de bataille du parti de gauche Podemos, allié des socialistes au sein du gouvernement, cette loi permet aux personnes qui le souhaitent de faire changer leur genre sur leurs papiers d'identité via une simple déclaration administrative dès l'âge de 16 ans.  Il ne sera donc plus nécessaire de fournir des rapports médicaux attestant d'une « dysphorie de genre », c'est-à-dire d’une inadéquation entre le sexe biologique et le genre auquel s'identifie une personne ; plus nécessaire non plus de fournir des preuves d'un traitement hormonal suivi pendant deux ans, comme c'était le cas jusqu'ici pour les personnes majeures. Le texte — voté par 191 députés-es, 60 qui se sont prononcé-es contre et 91 qui se sont abstenus-es — étend également ce droit aux personnes de 14 à 16 ans, avec l'accord de leurs tuteurs-rices légaux-les, ainsi qu'aux adolescents-es de 12 à 14 ans, mais dans ce cas avec l’accord d’une décision de justice. L'Espagne rejoint ainsi les quelques pays autorisant l'autodétermination du genre, à l'image du Danemark, le premier pays à avoir accordé ce droit en Europe, en 2014. « Aujourd'hui, nous avons fait un pas de géant » en reconnaissant la « libre détermination de l'identité de genre », a lancé la ministre (Podemos) à l'Égalité, Irene Montero. Elle a expliqué défendre une loi qui « dépathologise » les personnes trans et qui interdit, par ailleurs, les thérapies de conversion visant à imposer l'hétérosexualité. Le vote de cette loi en Espagne survient au moment où plusieurs pays, dont certains étaient jusque-là en pointe sur le sujet, font machine arrière ou se montrent circonspects, note l’AFP.  En Suède, les autorités ont ainsi décidé, voilà un an, de mettre fin à l'hormonothérapie pour les mineurs-es, sauf dans de très rares cas, invoquant la nécessité de faire preuve de « prudence ». Les autorités viennent, par ailleurs, de restreindre drastiquement le recours à l'ablation des seins chez les adolescentes.  En Finlande, une décision similaire a été prise dès 2020 sur l'hormonothérapie, tandis qu'en France, l'Académie de médecine a appelé à « une grande prudence médicale » dans le traitement des jeunes patients-es et a fait part de sa « plus grande réserve » sur les traitements hormonaux. Le Royaume-Uni a bloqué, le mois dernier, une loi écossaise sur les droits des personnes trans, similaire à la loi espagnole, votée fin décembre par le parlement d'Édimbourg.  En Espagne, la loi a suscité une farouche opposition de la droite espagnole, très conservatrice. Débats aussi au sein de la gauche et du mouvement féministe, à un moment où l'Espagne se prépare à des élections législatives en fin d'année. Le texte a été ardemment défendu par Podemos et par la plus grande organisation LGBT d'Espagne, FELGBTI+, qui espère, selon sa présidente Uge Sangil, que cette loi « encouragera d'autres pays à suivre (…) l’exemple espagnol ».