Chemsex : un médecin alerte

3 Avril 2021
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Le sujet du chemsex (usage de drogues en contexte sexuel) est très présent dans les médias généralistes depuis quelques semaines. Il y a eu la sortie de Chems, roman de Johann Zarca qui a fait l’objet de beaucoup de promotion. Quelques jours plus tard, Thibaut Jedrzejewski, médecin généraliste au 190, centre de santé sexuelle LGBT, publiait une longue tribune dans Slate intitulée « L'urgence du chemsex chez les hommes gays en temps de Covid » dans laquelle l’expert en addictions et santé gay alertait sur la nécessité de s’emparer de la question chemsex. « Nous avons besoin de plus de prises de parole et d'actions plus concrètes, ce sont des vies entières qui sont à reconstruire, ce sont des morts par overdose qui risquent de se multiplier. Et nous ne faisons pas assez ». Dans la continuité de cette tribune, Thibaut Jedrzejewski a accepté de répondre aux questions de la journaliste Caroline Gillet dans son émission Foule Continentale sur France Inter. Sous forme d’entretien intime, la journaliste rencontre le jeune médecin de 33 ans sur son lieu de vie, puis l’accompagne sur son lieu de travail au 190. Thibaut Jedrzejewski, d’ordinaire assez pudique sur sa vie privée dans ses interviews, accepte de parler un peu de lui. Une enfance heureuse, une adolescence avec la découverte de son homosexualité et l’expérience de l’homophobie au collège. Et puis son engagement dans la santé communautaire LGBT. Il y a quelques années, Thibaut Jedrzejewski a fait une thèse sur la santé des hommes gay et des femmes lesbiennes. Cette question a vraiment commencé à l'intéresser à l'université. Elle est finalement devenue sa spécialisation de médecin. Dans son entretien avec Caroline Gillet, le médecin explique en quoi la solitude gay, l’homophobie de la société, une mauvaise estime de soi et la pression sociale alimentent ce qu’il appelle une « épidémie de chemsex » dans la communauté gay. « C’est terrible à dire, mais je pense que les personnes qui initient les autres ou qui proposent, elles se sentent bien et elles veulent que les autres se sentent bien aussi. Tout le monde n’est pas égal face au chemsex et à l’addiction », déclare Thibaut Jedrzejewski. Et d’ajouter : « Parfois, mes patients me disent que ce dont ils ont le plus besoin c’est que quelqu’un les prenne dans les bras. J’ai pensé régulièrement qu’en médecine on pourrait créer un soin basé sur le câlin, une « calino thérapie ». Un peu de douceur dans ce monde si brutal.